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Actualités - CHRONOLOGIE

La grande lassitude de l'Amérique profonde

Prise en otage par l’obsession médiatique, saturée de détails sordides, l’Amérique profonde réagit avec une lassitude croissante aux péripéties du scandale Lewinsky. Les premiers sondages publiés hier après la diffusion du témoignage sous serment du président Bill Clinton devant le «Grand Jury» fédéral chargé d’enquêter sur sa liaison avec l’ancienne stagiaire de la Maison-Blanche montrent qu’une grande majorité d’Américains souhaite un retour à la normalité et se montre hostile à toute idée de destitution. Selon un sondage publié mardi par USA Today/CNN/Gallup, 66% des personnes interrogées à l’issue de la diffusion de la fameuse vidéo ont une opinion favorable de leur président et sont opposés à une procédure de destitution, alors qu’ils étaient 60% avant la diffusion du témoignage présidentiel. Même s’ils ont gardé un œil sur leur écran de télévision — selon le même sondage 59% des personnes interrogées ont regardé pendant une heure ou plus les images vidéo enregistrées le 17 aôut dernier —, la plupart des Américains ont vaqué lundi à leurs occupations habituelles, loin de l’obsession des médias qui avaient multiplié les émissions spéciales jusque tard dans la nuit. Mais les trois quarts de ceux qui ont vu la diffusion du témoignage de leur président ont estimé, selon le même sondage, que le pourrissement de la situation était mauvais pour le pays et qu’il fallait en finir. Dans la rue, sur leur lieu de travail, les Américains affirment presque tous en avoir assez vu et entendu sur l’affaire Lewinsky. «On n’aurait jamais dû aller aussi loin, nous en avons assez d’être bombardés toute la journée de détails sordides totalement inutiles et de devoir nous inquiéter si nos enfants regardent la télévision», résume ainsi une secrétaire travaillant à Washington. «Les Américains en ont ras le bol de cette histoire», affirme pour sa part Richard Noyes du Center for Media and Public Affairs de Washington, spécialisé dans l’étude de l’opinion publique. La vidéo de plus de quatre heures, sans rebondissement spectaculaire ni dénouement dramatique, n’a fait que confirmer, dit-il, la polarisation de l’opinion sur M. Clinton, confortant ses partisans dans leur opinion favorable et ses opposants dans leur haine du président. M. noyes note par ailleurs que les Américains sont devenus beaucoup plus cyniques qu’on ne peut le penser à propos de leurs hommes politiques. «Ils estiment que beaucoup de politiques font la même chose (que le président Clinton), la différence c’est qu’ils ne sont pas pris sur le fait», dit-il. «Ils ont forgé leur propre opinion sur la question et veulent pouvoir passer à autre chose», ajoute-t-il. «L’opinion des Américains s’est maintenant solidifiée», renchérit sur CNN Robert Thompson, professeur à l’université de Syracuse, tout en notant une «certaine fascination» exercée par les images d’un «président jamais vu dans ce contexte particulier» sur des Américains «obsédés par l’apparence des gens et non par ce qu’ils disent». L’absence d’indignation généralisée ou de sursaut salutaire contre le président Clinton ne manque pas en tout cas d’inquiéter la droite religieuse conservatrice qui déplore depuis longtemps le déclin des valeurs morales aux Etats-Unis. Réunie en convention le week-end dernier à Washington, la coalition chrétienne avait appelé le président Clinton à démissionner. (AFP)
Prise en otage par l’obsession médiatique, saturée de détails sordides, l’Amérique profonde réagit avec une lassitude croissante aux péripéties du scandale Lewinsky. Les premiers sondages publiés hier après la diffusion du témoignage sous serment du président Bill Clinton devant le «Grand Jury» fédéral chargé d’enquêter sur sa liaison avec l’ancienne stagiaire...