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Actualités - CHRONOLOGIE

La vice-présidence du gouvernement russe et la Banque Centrale confiées à d'anciens apparatchiks A peine investi, Primako amorce un virage à gauche

Evgueni Primakov, investi vendredi par la Douma au poste de premier ministre, a commencé immédiatement à former son équipe, mettant fin à une crise politique qui ébranlait le pouvoir russe depuis trois semaines. Les nouveaux hommes-clés que le nouveau premier ministre a appelés à ses côtés sont favorables à un net virage à gauche de l’économie russe: anciens dignitaires soviétiques, ils prônent une politique de soutien à l’industrie et de renforcement de l’Etat, contraire au cours libéral et monétariste suivi par le gouvernement sortant M. Primakov, un homme de consensus de 68 ans, tour à tour journaliste à la Pravda, chef des services secrets, puis ministre des Affaires étrangères depuis début 1996, a eu le mérite de rassembler sur son nom la plupart des forces politiques. Trois cent dix-sept députés ont voté en faveur de M. Primakov, 63 se sont prononcés contre et 15 se sont abstenus. Pour être investi, il devait rassembler 226 voix. Son discours d’investiture, promettant de «poursuivre les réformes» (sans préciser ce qu’il entendait par là) tout en invitant un communiste au poste de numéro deux du gouvernement, n’a pas vraiment rassuré les milieux économiques, qui redoutent une aggravation de la crise financière. «N’attendez pas de résultats rapides si vous votez pour moi», a lancé M. Primakov aux députés quelques minutes avant le vote en sa faveur. «Le pays est dans un tel état que des résultats rapides sont impossibles, nous ferons tout pour le redresser». Au poste de premier vice-premier ministre, M. Primakov a proposé Iouri Maslioukov, député communiste et ancien ministre soviétique de la Planification. M. Maslioukov est favorable à un Etat fort, à la défense des producteurs nationaux, à des renationalisations partielles, un soutien aux monopoles et à un certain protectionnisme. Pour diriger la Banque centrale, le nouveau premier ministre a soutenu la candidature de Viktor Guerachtchenko, approuvée peu après par la Douma. Cet ancien gouverneur de la Banque centrale soviétique, puis russe, s’était violemment opposé aux jeunes monétaristes dans les premières années de l’après-URSS. Dans sa première déclaration, M. Guerachtchenko a déclaré qu’on ne pourrait «se passer d’une certaine émission monétaire». L’unité de la Russie Anticipant les critiques des libéraux du monde entier, M. Primakov a lancé devant la Douma: «Personne n’a dénoncé les Etats-Unis quand, après la grande dépression, Roosevelt avait décidé une période de régulation étatique de l’économie». S’attaquant d’abord à la crise de l’Etat, M. Primakov a appelé son futur gouvernement à assurer «l’unité de la Russie». «Il existe un grave danger d’écroulement du pays», a dit M. Primakov. Ces derniers jours, de nombreuses régions, pour faire face à la crise, ont pris des mesures unilatérales sans en référer au pouvoir fédéral. Certaines ont même organisé un contrôle des prix et plusieurs ont refusé de payer les impôts dus au budget fédéral. Puis, dans une allusion aux prêts du FMI en cours, le premier ministre a assuré que son pays «pouvait et devait recevoir des crédits, en particulier des prêts à des taux d’intérêt intéressants, des prêts bon marché, qui vont dans le sens de nos intérêts». «Mais la Russie ne peut dépendre des crédits étrangers comme d’une drogue», a-t-il ajouté. L’accumulation des dettes de l’Etat, intérieure et extérieure, a conduit le 17 août à la suspension partielle des remboursements et à la dévaluation du rouble, déclenchant la crise actuelle. La candidature de M. Primakov au poste de premier ministre a été soutenue par les deux principales forces d’opposition à la Douma, le Parti communiste et l’opposition réformatrice (Iabloko). Le PC n’a toutefois pas donné carte blanche à M. Primakov. «Nous soutiendrons l’équipe Primakov-Maslioukov-Guerachtchenko pour rétablir l’Etat et l’économie qui s’écroulent», a déclaré le chef du PC Guennadi Ziouganov. «Mais nous devons éteindre l’incendie financier. Si nous ne le faisons pas en deux mois, le pays votera aussi la défiance à votre gouvernement». Les ministres de l’Intérieur Sergueï Stepachine et de la Défense Igor Sergueïev ont été reconduits à leur poste.
Evgueni Primakov, investi vendredi par la Douma au poste de premier ministre, a commencé immédiatement à former son équipe, mettant fin à une crise politique qui ébranlait le pouvoir russe depuis trois semaines. Les nouveaux hommes-clés que le nouveau premier ministre a appelés à ses côtés sont favorables à un net virage à gauche de l’économie russe: anciens dignitaires...