Le véritable enjeu de l'enseignement religieux

Faut-il vraiment s’inquiéter du caractère obligatoire ou facultatif de l’enseignement religieux dans les écoles publiques? En réalité, le débat est ailleurs. Les dignitaires religieux estiment qu’un tel enseignement permet d’inculquer des valeurs morales indispensables aux jeunes. Il faut hélas se rendre à l’évidence: jusqu’à présent, il n’a guère empêché les générations passées de s’entre-tuer sur des bases confessionnelles. Loin de nous l’idée d’en déduire que cet enseignement serait en lui-même à la base du sectarisme ambiant qui caractérise souvent les différentes communautés spirituelles. Concrètement, le problème se situe au niveau des enseignants; car nul n’ignore que la religion donne lieu à une multitude d’interprétations subjectives, souvent contradictoires et parfois erronées. Il en est de même pour la matière de l’Histoire qui d’ailleurs fait jusqu’à maintenant l’objet d’une polémique interminable au niveau de nos dirigeants. Et pour cause: à supposer qu’on ouvrage unifié voie enfin le jour, qui garantira que l’instituteur chargé de son explication parviendra à conserver son objectivité lorsque, par exemple, le manuel imputera à sa communauté la responsabilité d’une faute? Tel est aussi le problème de l’enseignement religieux qui, soyons réalistes, ne peut faire l’objet d’un contrôle permanent et sérieux. Il est donc susceptible de glisser rapidement sur le terrain dangereux du confessionnalisme politique. Au fond, la question essentielle est de savoir si cet enseignement aidera ou — au contraire — nuira à l’épanouissement de l’identité nationale dont la définition demeure déjà obscure pour un grand nombre d’adultes. A plus forte raison, sera-t-on, étonné de constater à quel point le dilemme de la priorité à la nation ou à la communauté religieuse tourmente nos jeunes. Alors, attention écoles: car c’est ici l’esprit d’un peuple qui est en jeu! José JAMHOURI