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Actualités - CHRONOLOGIE

Eltsine prend son temps et le PC reprend l'initiative (photo)

Les communistes prêts à former «un gouvernement de confiance populaire» pour «sortir la Russie de la crise» Boris Eltsine réfléchissait toujours, mercredi, au nom à proposer à la Douma au poste de premier ministre, hésitant fortement à avancer une troisième fois celui de Viktor Tchernomyrdine, qui risque d’essuyer un nouveau refus, avec à la clé un grave conflit politique. Mettant à profit les hésitations du président, les communistes, eux, ont repris l’initiative, se disant prêts à former, avec leurs alliés, «un gouvernement de confiance populaire» et à «sortir la Russie de la crise» Dans une adresse au peuple, le Parti communiste, première force politique à la Douma (chambre basse), détaille en outre le programme qu’il appliquerait: nationalisation «des branches industrielles stratégiques», soutien à la production nationale, aux monopoles énergétiques, amélioration du système de protection sociale, moribond depuis la chute de l’URSS. Convaincu que le peuple ne supportera pas longtemps la situation présente, le leader du PC, Guennadi Ziouganov, a une nouvelle fois mis en garde contre le risque de débordements populaires à très court terme. «Le pays traverse une crise comme jamais depuis la Seconde Guerre mondiale», a-t-il dit. «Il peut y avoir des manifestations de masse dans les jours à venir. Nous prendrons à coup sûr la tête de ces actions», a ajouté M. Ziouganov, favorable à une «protestation organisée». Tandis que la Russie vit sans gouvernement depuis le 23 août, le Kremlin est demeuré silencieux, absorbé dans les palabres pour la désignation d’un premier ministre. Depuis lundi soir, et le deuxième rejet de la candidature de Viktor Tchernomyrdine au poste de premier ministre par la Douma, le président Eltsine réfléchit et consulte. Hier, il a reçu ensemble Viktor Tchernomyrdine et le ministre des Affaires étrangères sortant Evgueni Primakov, l’un des «premiers ministrables». M. Primakov, qui a déclaré avoir décliné les propositions des députés souhaitant le voir prendre la direction d’un nouveau gouvernement, se plierait sans doute à une injonction personnelle du chef de l’Etat. Celui-ci n’a «pour l’instant pas décidé quelle candidature» il entendait présenter, a fait savoir le Kremlin, soulignant qu’il avait encore jusqu’à lundi prochain pour le faire. «Il est clair que pour le président, c’est l’une des décisions les plus importantes de sa vie», a commenté le politologue Viatcheslav Nikonov sur la chaîne de télévision NTV. Vote «ouvert» M. Ziouganov a précisé que les forces de gauche étaient décidées à s’opposer une troisième fois à la candidature de M. Tchernomyrdine, et que les députés communistes s’étaient engagés à voter selon une procédure «ouverte», rendant public leur vote et évitant ainsi les marchandages personnels avec le pouvoir. C’est dans ce contexte marqué par une valse de noms que le général Alexandre Lebed a choisi de faire acte de candidature à... la présidence, se déclarant «prêt à prendre la responsabilité de sortir le pays de la crise» en cas d’aggravation. Dans une interview à l’agence Interfax, l’actuel gouverneur de la région de Krasnoïarsk (Sibérie occidentale) a jugé que «la paralysie du pouvoir est aujourd’hui évidente». Le général Lebed a estimé que Boris Eltsine pourrait décider de présenter une autre candidature que celle de Tchernomyrdine, ajoutant qu’en ce qui le concerne, aucune proposition ne lui avait été faite par le Kremlin. «Je m’attends à une élection (présidentielle) anticipée (...). Ce serait l’issue idéale pour tous, y compris pour le président», a déclaré aux journalistes l’ancien conseiller pour la sécurité au Kremlin. Il a ajouté que, dans cette hypothèse, il était prêt à briguer la présidence si on faisait appel à lui. La prochaine élection présidentielle est théoriquement prévue en l’an 2000. Interrogé sur son éventuelle candidature, Alexandre Lebed a répondu: «Je ne sais pas. Il faut d’abord qu’on me le demande. Il faut du sang-froid et du temps, mais aussi de l’argent, et ça je n’en ai pas». Lebed a estimé qu’il ne fallait surtout pas, à l’heure actuelle, jeter de l’huile sur le feu. «Je ne vais pas prendre la tête de la révolte. J’ai participé à nombre de combats, de batailles et de guerres, mais je suis catégoriquement opposé à privilégier la force par rapport à la négociation», a dit l’ancien général commandant les forces russes en Tchétchénie. L’échéance du 7 octobre Alexandre Lebed, qui avait mis en garde récemment contre une mutinerie des forces armées impayées et sous-équipées, a, cette fois, estimé qu’un recours à l’armée serait absurde. Quiconque tenterait de conduire des troupes sur Moscou serait un «imbécile», qui aurait encore moins de chances de succès que les putschistes pro-communistes d’août 1991 contre Boris Eltsine, a-t-il dit. Pour Lebed, deux personnes sont les mieux qualifiées pour devenir chef du gouvernement: Evgueni Primakov et l’ancien responsable de la Planification (Gosplan) sous l’ère communiste, Iouri Maslioukov. Le général a par ailleurs estimé «tout à fait réaliste» la perspective de réactions massives de la population contre le pouvoir, ajoutant que dans ce cas l’emploi de la force pour le maintien de l’ordre serait «dénué de sens». Avec l’aggravation de la situation économique et l’approche de l’hiver, certains pourraient être tentés d’utiliser à des fins violentes la grève générale illimitée prévue à partir du 7 octobre, a-t-il estimé. «Le 7 octobre, le peuple entamera une grève illimitée. Cinq minutes après son commencement, personne ne pourra plus rien contrôler», a-t-il prédit. M. Lebed avait déclaré le 3 septembre qu’il pourrait devenir un «premier ministre de crise», appelé au pouvoir par le peuple et non par le président, comme la Constitution le prévoit. Il avait également prédit dimanche soir que les Russes sortiraient manifester leur colère dans la rue si la situation du pays n’évoluait pas rapidement, ajoutant que les unités du ministère de l’Intérieur étaient actuellement en état d’alerte dans tout le pays. Plusieurs réformateurs libéraux dont l’ancien premier ministre Egor Gaïdar et l’ex-vice premier ministre Anatoli Tchoubaïs ont mis en garde contre la probabilité «plus grande que jamais» de l’établissement en Russie d’une dictature avec pour héraut le général Lebed.
Les communistes prêts à former «un gouvernement de confiance populaire» pour «sortir la Russie de la crise» Boris Eltsine réfléchissait toujours, mercredi, au nom à proposer à la Douma au poste de premier ministre, hésitant fortement à avancer une troisième fois celui de Viktor Tchernomyrdine, qui risque d’essuyer un nouveau refus, avec à la clé un grave conflit...