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Actualités - OPINION

En guerre contre des moulins

Boutros Harb a donné jeudi une belle et grande leçon de civisme aux Libanais. Ce n’est pas tant le contenu de son programme que l’initiative «donquichottesque» du député qui aura plu à une population indifférente, selon lui, à l’égard de l’élection présidentielle. Peut-être M. Harb lui-même ne se fait-il aucune illusion quant à son élection à la Première magistrature de l’Etat. Alors, pourquoi s’attaquer à des moulins que seul un vent régional peut animer? Parce que Boutros Harb est un démocrate, un pédagogue qui s’intéresse sans doute plus à la formation civique des générations futures qu’aux échéances immédiates. En réalité, mis à part les facteurs régionaux et internationaux qui commandent en définitive le cours de l’élection, c’est la candidature de Rafic Hariri à la présidence du Conseil qui est à prendre au sérieux. Théoriquement, et selon la Constitution, le dernier mot revient toujours au Parlement. Les chefs de l’Etat et du gouvernement se partageant désormais le pouvoir exécutif après Taëf, l’essentiel pour les candidats à l’une ou l’autre fonction, est de jouir d’une majorité — même relative — au sein de l’Assemblée nationale. En effet, si le président de la République est élu par les députés, le Premier ministre est tributaire lui aussi de la majorité parlementaire habilitée à lui dénier ou à lui accorder la confiance. En clair, M. Hariri dispose actuellement d’un nombre non négligeable de députés qui lui permet de briguer une fois de plus la présidence du Conseil. Par conséquent, seul un candidat à la présidence de la République appuyé par le Bloc Berry serait susceptible de contrebalancer le forcing politique de Rafic Hariri. La polémique qui a opposé dernièrement ces deux hommes ne s’inscrirait-elle donc pas dans le cadre d’un marchandage concernant la présidentielle? Seul Damas a réussi à calmer le jeu en imposant une trêve aux deux présidents. Retour donc à la case départ, c’est-à-dire aux «facteurs régionaux» qui, en fin de compte, et comme toujours, détermineront le choix de nos dirigeants.
Boutros Harb a donné jeudi une belle et grande leçon de civisme aux Libanais. Ce n’est pas tant le contenu de son programme que l’initiative «donquichottesque» du député qui aura plu à une population indifférente, selon lui, à l’égard de l’élection présidentielle. Peut-être M. Harb lui-même ne se fait-il aucune illusion quant à son élection à la Première...