Accident Diana : l'enquête change de direction

L’enquête sur l’accident mortel de la princesse Diana, d’abord orientée vers des paparazzi, se dirige désormais vers la direction du Ritz et la société qui a loué la Mercedes dans laquelle avait pris place Lady Di, a-t-on appris de source proche de l’enquête. Franck Klein, le président du Ritz, Claude Roule, le directeur du palace, ainsi que Niels Siegel, responsable d’Etoile Limousine, sont en effet convoqués en septembre par le juge Hervé Stéphan, chargé de l’enquête avec sa collègue Marie-Christine Devidal. Les magistrats veulent notamment éclaircir les conditions dans lesquelles le chauffeur Henri Paul, tué avec Dodi al-Fayed et Diana dans l’accident du tunnel de l’Alma à Paris dans la nuit du 30 au 31 août 1997, a pris le volant d’une voiture qui était peut-être, de surcroît, défectueuse. L’enquête a établi qu’Henri Paul, ivre et sous antidépresseurs, roulait à très vive allure lorsque la Mercedes a heurté une Fiat Uno avant de finir sa course contre un pilier du tunnel de l’Alma. Henri Paul ne possédait pas les autorisations administratives nécessaires pour conduire ce type de véhicule. Un employé du Ritz — propriété de Mohamed al-Fayed, père de Dodi — a déclaré aux policiers que sa direction avait demandé au personnel de cacher le fait que l’alcoolisme d’Henri Paul était notoirement connu. Par ailleurs, le juge Stéphan s’intéresse à la société Etoile Limousine parce qu’un ancien employé, Olivier Lafaye, lui a déclaré en juin que la Mercedes louée semblait avoir eu des problèmes de freins avant l’accident. Une double expertise est en cours sur l’épave du véhicule pour vérifier ce point. Elle vise également à déterminer si les airbages se sont déclenchés prématurément, au moment du choc à l’entrée du tunnel de l’Alma avec la Fiat, dont le propriétaire n’a jamais été retrouvé. Cette expertise devrait être remise au juge d’ici le mois d’octobre. Ces nouvelles investigations étaient notamment demandées par Christian Curtil, avocat de Trevor Rees-Jones, garde du corps de Diana, qui a survécu à l’accident. «Fermer toutes les portes» Ces nouvelles auditions pourraient déboucher sur des mises en examen mais rien n’est acquis, estime-t-on de source proche du dossier. Le juge souhaite simplement «fermer toutes les portes» avant de boucler son enquête, a dit un avocat. A ce stade, huit photographes et un motard de presse sont poursuivis pour «homicides et blessures involontaires» et «non-assistance à personnes en danger». Beaucoup de portes sont d’ores et déjà closes un an après le début de l’enquête. La thèse de l’erreur médicale, défendue dans plusieurs enquêtes journalistiques, a été évacuée par une expertise commandée par le juge. Les experts ont dit qu’il est impossible de se prononcer car la princesse n’a pas été autopsiée. Aux yeux des enquêteurs, la thèse de l’assassinat, défendue un temps par Mohamed al-Fayed, constitue un pur fantasme puisqu’elle n’est accréditée par aucun élément du dossier. L’hypothèse d’un accident provoqué directement par un harcèlement des journalistes s’est également effondrée. L’enquête a montré que la Mercedes était déjà loin de ses poursuivants lorsqu’elle est descendue dans le tunnel de l’Alma. Le débat porte aujourd’hui sur une éventuelle responsabilité indirecte des poursuivants, thèse défendue par Mohamed al-Fayed. «Il n’existe aucune preuve pour dire que si Henri Paul a roulé trop vite, c’est à cause des photographes», estime Virginie Bardet, une des avocates de la défense. «La qualification d’homicide involontaire dans le cas de poursuites en voiture a déjà été plaidée», souligne Jean-Marc Coblence, autre avocat de la défense. «Les tribunaux l’ont écarté à chaque fois qu’il n’existe pas d’implication directe des poursuivants dans l’accident et lorsqu’il n’est pas prouvé que ces poursuivants ont enfreint le code la route», ajoute-t-il. L’existence du délit de non-assistance à personnes en danger est également contesté par la défense qui souligne que les secours avaient été prévenus rapidement par une tierce personne. Une expertise a montré que les photographes, qui ont pris peu de photos, se sont tenus à distance de la voiture. Si Romuald Rat, de l’agence Gamma, s’est penché dans la Mercedes, c’est pour prendre le pouls de la princesse et il n’a pas pris de photos, ajoutent les avocats. Le tenue d’un procès n’est donc pas certaine. Même si la brigade criminelle est sur le point de rendre au juge son rapport de synthèse, les consultations des parties sur d’éventuelles investigations supplémentaires et les réquisitions du parquet de Paris nécessiteront entre six mois et un an. (Reuters)