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Actualités - CHRONOLOGIE

Interrogés par l'Orient Le Jour La plupart des députés libanais n'auraient pas voté la destitution de Clinton

Que pensent nos députés de l’affaire Clinton-Lewinsky? S’ils étaient membres du Congrès américain aujourd’hui, comment jugeraient-ils le comportement de Clinton après qu’il ait avoué avoir eu une «relation déplacée» avec l’ancienne stagiaire de la Maison-Blanche? Croient-ils qu’il est normal que toute cette affaire soit médiatisée de la sorte et être ainsi dévoilée au grand public? S’ils étaient à la place du président américain, comment auraient-ils agi dès le départ? Et, finalement, croient-ils que l’affaire est close maintenant que le chef des Etats-Unis a reconnu devant le monde entier sa relation avec Monica? De nombreux députés interrogés à ce sujet par «L’Orient-Le Jour» n’ont pas voulu donner leurs avis, sans pour autant expliquer leurs réserves. Certains ne se sont tout simplement pas sentis concernés. Neuf parlementaires sur une vingtaine que nous avons contactés ont accepté de répondre à nos questions. La plupart ont dit que, s’ils étaient membres du Congrès, ils n’auraient ps voté la destitution de Clinton. Nouhad Souaid (Jbeil): «Mon expérience avec le peuple américain me montre que ce dernier accorde une très grande importance à l’image de marque. Et, comme le président Clinton est très populaire, on lui reproche d’avoir nui à cette image mais on lui pardonne sa relation extra-conjugale surtout que tout le monde admet qu’il a du charisme. N’oublions pas que sa femme l’a beaucoup soutenu. Cela lui a permis, non pas de mentir, mais de retarder le moment de dire la vérité dans le but de gagner encore plus la sympathie du peuple américain. C’était une tactique. Personnellement, je suis tolérante et j’admets que la chair est faible. Je suis sévère pour ce qui a trait au préjudice porté à l’image de marque, mais tout le monde est sujet à des bêtises même si on est président. Les orientales pardonnent certaines choses aux hommes; peut-être pas les jeunes, mais moi je pardonne. Il faut admettre que l’affaire est montée de toutes pièces, et je crois que Mlle Lewinsky est aussi victime que le président. C’est une femme des pays de l’Est qui fut parachutée à la Maison-Blanche. Mlle Lewinsky fait des calculs mais elle a été manipulée. Je n’aurais pas souhaité à ma fille une célébrité pareille. Qu’aurais-je fait si j’étais à la place de Clinton? C’est un peu difficile, je ne suis pas à sa place. Mais je pense que l’affaire doit être close maintenant». Marwan Hamadé (Chouf): «Les Etats-Unis sont à la croisée des chemins pour ce qui a trait au rapport entre l’éthique politique et la vie privée des dirigeants. Si Clinton s’en sort, les mœurs américaines se rapprocheront un peu du style européen (Mitterrand...). Si Clinton perd la présidence, les Etats-Unis vont sombrer dans un puritanisme politique encore plus accentué et... dans le règne des femmes. Comme député au Congrès, je ne voterai pas la destitution si la preuve d’un parjure n’est pas faite, et je considérerai l’affaire comme classée. Clinton va avoir fort à faire avec Hillary déjà pour que les membres du «Congress» lui tombent aussi sur le dos. Avouons que cette affaire relève plus de la machination que du roman-photo. On peut se demander pourquoi une jeune femme prétendûment amoureuse du président conserverait une robe comme pièce à conviction. Si j’étais à la place de Clinton, j’aurais reconnu la relation dès janvier dernier et, par là, coupé court aux investigations et aux indiscrétions de Kenneth Starr et de la horde des politiciens républicains passablement pro-israéliens qui mènent campagne contre le président. En principe, l’affaire doit être close, mais même si Clinton se maintient au pouvoir, son autorité est largement entamée». La crédibilité du président Michel Pharaon (Bey-routh): «Je pense que, de par le fait même que le président ait menti et que son mensonge ait été découvert, l’affaire est devenue politique car elle a mis en cause la crédibilité du président. Cette affaire a été manipulée par certains médias, mais il y a là un problème de fond qui nécessite une explication. Le procureur sur ce plan est allé jusqu’au bout, ce que j’approuve entièrement. J’approuve aussi le fait que les questions qui concernent les politiciens ne doivent pas être étouffées. D’aucuns estiment que l’affaire pourrait avoir pour conséquence un affaiblissement de la position de Clinton, ce qui serait en faveur d’Israël. Mais la question qui se pose est la suivante: Jusqu’où la manipulation peut aller pour saper le pouvoir? Si j’étais député américain, le critère de mon jugement aurait été l’intérêt du peuple. En ce qui concerne la relation, elle ne touche sûrement pas l’intérêt du peuple. Pour ce qui a trait au mensonge, Clinton n’avait pas pour intention de nuire aux intérêts du peuple. C’est bon que la justice puisse aller jusqu’au bout mais du moment que Clinton n’est pas au-dessus de la loi, je ne voterai pas la destitution». Mosbah el-Ahdab (Tripoli): «Les Américains auraient pu comprendre sa relation s’il l’avait reconnue dès le début. Ce sont les sondages qui montrent que les Américains ne sont pas opposés au fait qu’il ait eu une relation extra-conjugale mais au fait qu’il ait menti. Malgré tout, je n’aurai aucun jugement sur l’histoire personnelle, mais ce genre d’explication qu’il a donné en mentant, ça m’aurait porté à me poser des questions. Maintenant, il se peut qu’il ait menti car il s’est senti agressé. Moi, je le jugerais plutôt sur sa politique économique et sociale plutôt que sur sa vie personelle. Par conséquent je n’aurais pas voté la destitution. Il n’est pas normal que cette affaire privée soit médiatisée de la sorte. Un homme, ça a des défauts, il peut même faire des excès. Dans cette affaire, si quelqu’un est concerné, c’est Hillary, et si elle a pardonné, je ne vois pas pourquoi on ne lui pardonnerait pas à lui. Si je m’étais trouvé à la place de Clinton, je n’aurais pas nié. Finalement, ça me regarde et que chacun se mêle de ses affaires». Elie Ferzli (Békaa-Ouest): «Je trouve qu’il faut comprendre le président Clinton même lorsqu’il a menti. Aussi, le fait que Lewinsky ait gardé la robe est une preuve que l’affaire est montée. C’est un coup d’Israël, ça ce voit. En principe, comme membre du Congrès, j’aurais été tenu de soutenir Clinton. Mais si j’étais dans un lobby juif, mes intérêts auraient dicté une autre attitude de ma part. Il n’est pas normal que cette affaire soit dévoilée ainsi au grand public. Si j’étais à la place de Clinton, j’aurais agi comme lui. Désormais le conflit portera sur l’affaire du mensonge». La vérité est sacrée Chaker Abou Sleiman (Metn-Nord): «Il aurait dû avouer dès le début: la vérité est sacrée. De plus, tout le monde fait des fautes, mais «une faute avouée est à moitié pardonnée». Par suite, je lui aurais trouvé des circonstances atténuantes: un être humain est faible. Et Clinton a sûrement menti pour des raisons personnelles et pour se protéger. Certainement, je n’aurais pas voté la destitution. Aux Etats-Unis, tout est médiatisé, c’est peut-être exagéré mais c’est une garantie pour le peuple que les dirigeants soient sous les projecteurs. Cela est une bonne chose pour qu’ils fassent plus attention à leur comportement. Si j’avais été à la place du président, j’aurais évoqué la phrase de Jésus-Christ: «Celui qui parmi vous est sans péché, qu’il me jette la première pierre». Najah Wakim (Beyrouth): «Le président a eu une relation indécente avec une femme et il s’est excusé auprès du peuple américain en entier. C’est tout ce que j’ai à dire, cette histoire ne me concerne pas». Khalil el-Hraoui (Zahlé): «Je pense que le peuple américain a été contre le président au moment où il l’a poussé à mentir, au moment où il s’est mêlé de ce qui ne le regardait pas. S’il y a entente entre les membres de sa famille, personne ne doit s’en mêler. Chacun est libre de faire ce qu’il veut. Je n’aurais sûrement pas voté pour la destitution, et je n’aurais pas jugé non plus le président. Je pense qu’on assassine Clinton par les médias comme on a assassiné Kennedy par les balles. C’est une affaire montée par des services de renseignement. Si j’étais à la place de Clinton, j’aurais eu une relation avec une femme moins bavarde». Zaher el-Khatib (Chouf): «Celui qui a trahi sa femme trahit son pays. Un président de la République doit avoir une certaine transparence, et il doit y avoir une certaine cohérence entre sa vie politique et sa vie personnelle».
Que pensent nos députés de l’affaire Clinton-Lewinsky? S’ils étaient membres du Congrès américain aujourd’hui, comment jugeraient-ils le comportement de Clinton après qu’il ait avoué avoir eu une «relation déplacée» avec l’ancienne stagiaire de la Maison-Blanche? Croient-ils qu’il est normal que toute cette affaire soit médiatisée de la sorte et être ainsi...