Le millionnaire séoudien serait à la tête d'un réseau terroriste international de plusieurs milliers de membres Attentats anti-US en Afrique : la piste Ben Laden se précise

Désigné comme l’un des principaux suspects dès le lendemain du double attentat antiaméricain en Afrique de l’Est, le millionnaire Oussama ben Laden semblait concentrer hier toute l’attention des enquêteurs. Selon un Palestinien, qui aurait reconnu être l’un des principaux auteurs de l’attentat de Nairobi, ben Laden serait en effet à la tête d’un réseau international fortement armé, destiné à frapper les intérêts américains à l’étranger. Cependant, les taliban, au pouvoir en Afghanistan, où est réfugié ben Laden, ont déclaré que celui-ci n’était pas impliqué dans les attentats de Nairobi et de Dar es-Salaam qui ont fait 257 morts et plus de 5.000 blessés le 7 août. Ces dénégations ont été assorties d’un engagement à défendre ben Laden contre toute attaque éventuelle et d’un refus de l’extrader. Le millionnaire séoudien avait déjà été désigné comme le commanditaire de deux attentats en Arabie Séoudite en 1995 et 1996 qui avaient tué 24 soldats américains et deux Indiens. Déchu de sa citoyenneté séoudienne, il se trouve actuellement en Afghanistan. «Même si tous les pays du monde s’unissent, nous défendrons Oussama avec notre sang», a déclaré le chef des taliban, Mollah Muhammad Omar, basé au Pakistan. A l’en croire, Oussama ben Laden est sous constante surveillance et a reçu l’ordre strict de ne pas communiquer avec l’extérieur ou de se livrer à des activités illégales. Pourtant, le Palestinien Mohammed Saddeq Odeh qui a été interrogé au Kenya et au Pakistan — où il a été arrêté avant son extradition vers Nairobi — a donné des détails précis sur le réseau paramilitaire antiaméricain présumé du Séoudien, dit le «Washington Post» dans son édition d’hier. Ce réseau, a expliqué Odeh, est financé et dirigé par ben Laden et dispose d’un impressionnant arsenal: missiles sol-air, mortiers, fusées et chars entreposés dans tout l’Afghanistan. Selon le rapport sur l’interrogatoire d’Odeh au Pakistan, ben Laden contrôle 4.000 à 5.000 militants islamistes originaires de nombreux pays musulmans. Certains ont été envoyés à l’étranger pour participer à des actions armées, a ajouté Odeh. Outre ces informations sur le Séoudien, Odeh a révélé aux enquêteurs le lieu où, selon le quotidien kenyan «The Nation», a été fabriquée la bombe qui a explosé devant l’ambassade américaine de Nairobi: l’hôtel «Hilltop Lodge» Le FBI et le département kenyan d’investigations criminelles ont confirmé dans un communiqué avoir perquisitionné mardi dans cet hôtel. Selon «The Nation», des pièces à conviction ont été saisies et le directeur de l’hôtel arrêté à l’issue de la perquisition effectuée par 15 agents du FBI et six policiers de Nairobi. Ils ont bouclé l’hôtel et fouillé pendant deux heures et demie toutes les chambres, à commencer par les chambres 102 et 107, où la bombe a été assemblée avec 800 kg de TNT. Odeh, d’après l’article kenyan, était descendu au «Hilltop Lodge» le 4 août et y avait rejoint trois complices arrivés la veille. Le 7, ils ont achevé la préparation de la bombe à l’intérieur d’un camion «pick-up» à bord duquel ils ont ensuite traversé la ville pour se rendre à l’ambassade. Deux autres complices demeurent en liberté, a-t-on ajouté de même source. Le «Washington Post» donne toutefois une version différente. Selon, le quotidien américain, Odeh n’a pas reconnu sa responsabilité dans l’attentat de Nairobi ou dans celui, quasi-simultané, de Dar es-Salaam. Il aurait raconté aux services secrets pakistanais être un ingénieur chargé d’un soutien technique et logistique de l’attentat mais qu’il avait quitté le Kenya plusieurs heures avant l’explosion précise «le Post». (Reuters, AFP)