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Actualités - CHRONOLOGIE

Le président US a reconnu devant le grand jury avoir eu une relation déplacée avec Monica Lewinsky Le MEA culpa de Clinton Le chef de la Maison Blanche devait s'adresser ce matin aux américains pour exprimer ses profonds regrets (photos)

Au terme de sept mois d’un incroyable feuilleton sexuel, le président américain Bill Clinton a entamé hier un pénible rendez-vous avec la vérité. Lors d’une déposition de plus de cinq heures à la Maison-Blanche et retransmise par vidéo, il a reconnu devant le grand jury qu’il avait eu une «relation deplacée» avec Monica Lewinsky. Il a contredit ainsi une déclaration publique au cours de laquelle il avait démenti avoir eu une relation sexuelle «avec cette femme, Mlle Lewinsky». Quoi qu’il en soit, M. Clinton devait s’adresser aux Américains à la télévision à 22h00 locales (5 heures du matin à Beyrouth). Le président devrait profiter de son allocution télévisée pour exprimer ses «profonds regrets» et demander pardon à ses concitoyens, selon des sources de la Maison-Blanche citées par CNN. Dans une brève déclaration lue à la presse à l’issue du témoignage présidentiel, l’avocat de Bill Clinton, David Kendall, a indiqué que son client avait témoigné «sincèrement» à propos de ses relations avec Monica Lewinsky et sur le contenu de sa déposition dans l’affaire Paula Jones. «Nous espérons que le témoignage du président va enfin mettre un terme à l’enquête du procureur indépendant, qui a duré plus de quatre ans, coûté plus de 40 millions de dollars et a abouti à une enquête sur la vie privée du président», a ajouté M. Kendall. «Le président a souhaité que je lui laisse le soin d’évoquer lui-même son témoignage et il le fera ce soir au cours d’une allocution à 22h00» locales, a conclu l’avocat. Juste avant la déclaration de M. Kendall, le procureur indépendant Kenneth Starr a quitté la Maison-Blanche avec ses collaborateurs sans faire le moindre commentaire. Son porte-parole Charles Bakaly s’est refusé lui aussi à toute déclaration. «Nous ne pouvons rien dire sur ce qui s’est passé», a-t-il déclaré aux journalistes à sa sortie du tribunal fédéral de Washington. Cependant, selon des indiscrétions rapportées par les chaînes télévisées américaines, le revirement, même nuancé, du président aurait courroucé certains de ses collaborateurs les plus proches qui se seraient sentis trahis par l’attitude adoptée par M. Clinton au cours des derniers mois où il avait toujours nié les faits qui lui sont reprochés. Pire, beaucoup d’amis et de proches collaborateurs auraient déjà pris leurs distances, prévoyant une longue et douloureuse traversée du désert pour le président, même s’il réussit à éviter la destitution qui est la pire des hypothèses. Signes révélateurs, s’il en faut: le vice-président Al Gore est aux abonnés absents, prenant le frais «quelque part à Hawaï» depuis plusieurs jours. Le secrétaire d’Etat Madeleine Albright, elle, a choisi une excuse plus crédible, quittant la veille pour la Tanzanie. M. Clinton a donc été seul les dernières 48 heures pour se préparer et surtout pour s’expliquer devant son épouse Hillary et sa fille Chelsea, «un moment vraiment pénible», assurent des proches de la Maison-Blanche qui ont tenu à garder l’anonymat. Une journée pas comme les autres M. Clinton a commencé à témoigner à 12h59 locales (16h59 GMT) dans la salle des cartes de la Maison-Blanche, une minute avant l’heure annoncée pour sa déposition, a précisé le porte-parole de la Maison-Blanche, Michael McCurry. Les principales chaînes de télévision ont interrompu leur programme pour annoncer le début de ce témoignage historique, leurs présentateurs vedettes tous en direct devant la Maison-Blanche. Les 23 membres du grand jury fédéral (chambre de mise en accusation) ont suivi le témoignage présidentiel par circuit vidéo depuis une salle située au deuxième étage du tribunal, à environ un kilomètre de la Maison-Blanche. Les Américains moroses étaient prêts à une nouvelle vérité. M. Clinton, qui les avait regardés dans les yeux en janvier, affirmant «je n’ai pas eu de relations sexuelles avec cette femme, Mlle Lewinsky», a reconnu une relation «inconvenante» avec Monica Lewinsky, une ancienne stagiaire de la Maison-Blanche qui avait 22 ans au début de leur liaison supposée en novembre 1995. Selon des collaborateurs, il aurait fait valoir qu’il ne considérait pas ses jeux sexuels supposés avec Monica Lewinsky comme des relations sexuelles à proprement parler. M. Clinton aurait récusé toujours les allégations plus graves d’obstruction de la justice et subornation de témoins, sur lesquelles enquête le procureur indépendant Kenneth Starr depuis sept mois. «Le président est confiant», avait déclaré dans la matinée M. McCurry avant son témoignage. «Je ne dirais pas qu’il attend cela avec impatience mais il sait exactement comment il va témoigner et c’est la vérité et l’entière vérité», a-t-il ajouté. M. Clinton est le premier président américain à témoigner comme suspect dans une enquête criminelle. Dimanche soir, il avait passé quelques instants à prier aux côtés de son ami le révérend Jesse Jackson. Lundi matin, il s’était à nouveau réuni avec ses avocats privés, pour revoir les ultimes détails d’une déposition historique, après laquelle son entourage politique lui a conseillé de parler au pays. M. Clinton a déposé dans la salle des cartes assisté de M. Kendall et son associée Nicole Seligman, et de l’avocat de la Maison-Blanche Charles Ruff. Le procureur indépendant Kenneth Starr a dirigé l’interrogatoire, assisté de plusieurs adjoints, avec lesquels il était arrivé peu avant 12h30 (16h30 GMT) à la Maison-Blanche. «C’est l’épreuve la plus difficile de sa vie, pas seulement avec Kenneth Starr, mais aussi avec le peuple américain et sa femme, tous en même temps», a commenté David Maraniss, un biographe de M. Clinton. Pour les Américains, sa déposition constitue cependant un soulagement au moins temporaire. Beaucoup voudraient en finir avec un scandale embarrassant, qui ne leur a épargné aucun détail sur les ébats sexuels supposés de leur président, au cœur même de la Maison-Blanche. Plusieurs commentateurs soulignent cependant que passée l’humiliation de son témoignage, M. Clinton n’est pas au bout de ses peines. Il n’a que deux choix, admettre un parjure ou commettre un parjure, a ainsi estimé en substance le conservateur Pat Buchanan. Un parjure établi serait un délit conduisant M. Starr à envoyer un rapport au Congrès, avec à charge pour les élus de décider d’éventuellement entamer une procédure de destitution. Dimanche le sénateur républicain Orrin Hatch, président de la commission des Affaires judiciaires, avait averti qu’il considérait qu’un mensonge serait «matière à destitution». Il avait estimé par contre qu’un aveu sincère permettrait probablement à M. Clinton de rester au pouvoir. Mais, avertissait dans le «New York Times» Andrew Kohut, directeur de l’institut de recherches Pew, les Américains «pourraient changer d’opinion, lorsqu’ils seront confrontés à la réalité, et non plus à une question théorique d’un institut de sondages». (AFP, Reuters, CNN)
Au terme de sept mois d’un incroyable feuilleton sexuel, le président américain Bill Clinton a entamé hier un pénible rendez-vous avec la vérité. Lors d’une déposition de plus de cinq heures à la Maison-Blanche et retransmise par vidéo, il a reconnu devant le grand jury qu’il avait eu une «relation deplacée» avec Monica Lewinsky. Il a contredit ainsi une déclaration...