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Actualités - CHRONOLOGIE

Un Saïdi à l'université américaine fait rire les égyptiens

Les tribulations d’un jeune paysan de Haute-Egypte égaré dans le saint des saints de la bourgeoisie égyptienne, l’Université américaine du Caire, battent cet été tous les records au box-office des films égyptiens. En deux semaines d’exploitation à peine, le film, projeté dans 25 salles, a engrangé 1,9 million de livres égyptiennes de recettes (580.000 dollars), selon la société Misr chargée de la distribution cinématographique, un record «historique» en Egypte. Son suivant au box-office n’a réalisé que 70.000 livres (environ 20.500 dollars). Intitulé «Un Saïdi à l’Université américaine» — du nom donné aux habitants du «Saïd», la Haute-Egypte, cibles traditionnelles de moqueries des citadins du Caire — le film a été réalisé par le jeune metteur en scène Saïd Hamed. Il raconte l’histoire de Khalaf, boursier brillant mais dont les habitudes traditionnelles tranchent sur le style moderne et décontracté de ses condisciples et l’exposent à toutes sortes de mésaventures. Son acteur-vedette, Mohammed Heneidi, 36 ans et haut comme trois pommes, est en passe de détrôner le célèbre Adel Imam, 57 ans, le plus cher des acteurs arabes. Les files d’attente s’allongent au point parfois de bloquer la circulation devant les cinémas. Lundi dernier, dans une grande salle du centre-ville, il a fallu ajouter des chaises de la cafétéria dans les travées. Un homme a acheté des tickets pour tous les soirs de la semaine. Malgré ses imperfections techniques — photo floue, voix parfois inaudibles, montage approximatif — le film bénéficie d’un excellent bouche à oreille et sa popularité dépasse celle de «Titanic» cet hiver. Enfants, vieillards, hommes en galabiyah (longue robe), femmes du peuple vêtues de noir ou étudiants en jeans s’y pressent. Tous applaudissent et trépignent lors de la scène-clef: Khalaf et d’autres étudiants brûlent sur le campus un drapeau sur lequel a été dessinée une étoile de David. A l’instar de la plupart des films égyptiens récents, le film sacrifie ainsi au sentiment anti-israélien croissant en ces temps de blocage du processus de paix. Une chanson du film, qui se moque gentiment de la mode américaine, est sur toutes les lèvres. Elle s’intitule «Casualouny», un néologisme à l’égyptienne qui signifie «habillez-moi de façon casual» (décontractée), et accompagne une scène où Khalaf se rend dans un centre commercial huppé pour troquer ses costumes criards contre des habits plus conformes aux goûts des étudiants de l’Université américaine, symboles du modernisme en Egypte. Heneidi avait déjà réalisé un succès l’an dernier avec «Ismaïliya Rayeh Gaye» (Ismaïliya aller-retour) qui a rapporté seize millions de livres de recettes à ce jour (environ 4,7 millions de dollars). Le dernier film d’Adel Imam, «Message au gouverneur», n’en a fait qu’un tiers. La nouvelle vedette comique avait débuté en 1981 dans un film de Youssef Chahine, «Alexandrie pourquoi». Il avait commencé à attirer l’attention voilà quatre ans dans une pièce à succès «Hazemni Ya» où il jouait aux côtés de la danseuse du ventre Fifi Abdou. (AFP)
Les tribulations d’un jeune paysan de Haute-Egypte égaré dans le saint des saints de la bourgeoisie égyptienne, l’Université américaine du Caire, battent cet été tous les records au box-office des films égyptiens. En deux semaines d’exploitation à peine, le film, projeté dans 25 salles, a engrangé 1,9 million de livres égyptiennes de recettes (580.000 dollars), selon...