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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Le 5e congrès du parti a renforcé les pouvoirs de Nasrallah sans modifier sensiblement les rapports de force internes Le Hezbollah imperméable au vent du changement qui souffle en Iran (photo)

Du cinquième congrès du Hezbollah qui a clôturé ses travaux dans le plus grand secret le 28 juillet dernier, on peut tirer deux conclusions essentielles: l’imperméabilité du parti aux idées «Khatamistes» qui transforment en profondeur les mentalités en Iran avec l’ambition affichée de modifier aussi le paysage politique de ce pays, et le renforcement du pouvoir du secrétaire général, sayyed Hassan Nasrallah, chef incontesté et leader charismatique, dont l’aura dépasse le Hezbollah pour déborder sur l’ensemble de la communauté chiite et, sans doute, sur d’autres franges de la société libanaise. Si l’objectif du président iranien, Mohammed Khatami, est de démocratiser le système iranien, de réduire l’influence considérable du clergé et d’élargir la participation des femmes et des jeunes, le Hezbollah a d’autres soucis au Liban. Sa priorité est de conserver les acquis des dernières années sur le plan politique interne et de panser les plaies provoquées par l’affaire Toufayli, à travers une série de mesures organisationnelles et une redéfinition du rôle et des prérogatives de chaque instance dirigeante. C’est à cette tâche que se sont attelés les 185 délégués au congrès réunis dans un lieu secret dans la banlieue sud de Beyrouth. Les participants ne sont pas élus par la base, mais pratiquement choisis par la direction. Il s’agit des dirigeants actuels, des personnes ayant occupé des postes de responsabilité et des chefs des différentes institutions, entreprises et unités. Il y a donc au départ beaucoup de points d’interrogations sur le caractère représentatif de ce corps électoral. La base du Hezbollah, aujourd’hui le plus grand parti au Liban, n’a pas été consultée et ses préférences n’ont pas nécessairement été respectées dans le choix des délégués. Les résultats d’un questionnaire confidentiel distribué à tous les membres du parti en juin et juillet 1997 ont vraisemblablement convaincu la direction de ne pas envisager, au stade actuel, une démocratisation accélérée par le bas. L’une des questions était formulée comme suit: «Qui est, selon vous, l’autorité religieuse suprême (al-marjaa el-dini el-a’la)». Entre 65 et 70% des membres du parti ont répondu qu’ils considéraient sayyed Mohammed Hussein Fadlallah comme leur autorité suprême et que cette prérogative devrait lui être reconnue par l’ensemble des ulémas chiites. Cette réponse n’a pas guère plu à la direction du Hezbollah qui estime que le titre d’autorité suprême revient au guide de la République islamique d’Iran, sayyed Ali Khaménei. De plus, Fadlallah est opposé au concept de la «Wilayat el-Faqih» qui consiste à accorder les pouvoirs absolus au «Wali el-Faqih»-un chef infaillible investi des pouvoirs religieux et politique et dont les décisions ne peuvent jamais être remises en cause. Le Hezbollah estime que Khaménei est le «Wali el-Faqih». Son représentant au Liban est sayyed Nasrallah. Ce problème de double allégeance au niveau de la base a poussé la direction du parti à ne pas opérer de changements majeurs dans le mécanisme du choix des délégués. La composition du cinquième congrès n’était donc pas très différente des précédentes, si l’on exclut l’absence des partisans de l’ancien secrétaire général et chef de la Révolte des affamés, cheikh Sobhi Toufayli. Le règlement interne amendé Après avoir récité des prières et des invocations, les participants ont voté à la majorité des deux tiers l’abolition d’un article du règlement interne interdisant la réélection du secrétaire général pour un troisième mandat successif. Sayyed Nasrallah est donc assuré de rester en poste, du moment qu’il est réélu. A l’expiration du délai d’inscription des candidatures pour l’élection des membres du Conseil consultatif (majlis el-Choura), la plus haute instance dirigeante du parti, 15 personnes s’étaient présentées. Il faut souligner que pour diverses considérations, environ 20% des délégués n’ont pas le droit de postuler à ces postes. Pourtant, fait nouveau dans l’histoire du Hezbollah, les 15 candidats briguaient cette fois les sept postes du conseil consultatif. Dans le passé, la direction suprême était élue à l’unanimité, dans un souci évident de montrer l’absence de divergences et de nier l’existence de multiples courants. Cette année, quatre candidats ont été battus à l’issue d’une compétition démocratique (quatre autres s’étaient retirés avant l’expiration du délai de retrait des candidatures). Parmi les perdants, figure le député Mohammed Fneich. Les sept membres élus sont: sayyed Nasrallah, cheikh Naïm Kassem, cheikh Mohammed Yazbek, sayyed Hachem Safieddine, le député Mohammed Raad et MM. Hussein Khalil et Mohsen Chokor, de son vrai nom Fouad Chokor. L’élection de ce dernier constitue le seul changement par rapport au précédent conseil consultatif. L’accession de Mohsen Chokor, qui remplace le député actuel Abdallah Kassir, lequel ne s’était pas porté candidat, permet de rééquilibrer dans une certaine mesure la composition du conseil en faveur de la Békaa. Les représentants de cette région, qui constitue le vivier du Hezbollah, ont doublé. Ils sont au nombre de deux: Mohammed Yazbeck et Mohsen Chokor. Quatre sont originaires du Liban-Sud et un seul, Hussein Khalil, de Baabda. La volonté du corps électoral d’augmenter le nombre des représentants de la Békaa vise sans doute à satisfaire les revendications de la base, dont une partie assez importante avait rallié, dans cette région, le mouvement de cheikh Toufayli. L’ancien secrétaire général critiquait, entre autres choses, la mainmise des «sudistes» sur les centres de décision du parti. Le Conseil consultatif a ensuite procédé à l’élection des hauts responsables. Sayyed Nasrallah a été réélu à l’unanimité au poste de secrétaire général. Son cousin, Hachem Safieddine, a été reconduit à la tête du Conseil exécutif dont les prérogatives ont été élargies. Ce organisme comprend les responsables de toutes les institutions, entreprises et unités sectorielles du parti. Les départements de la presse et des relations extérieures lui ont été rattachés en plus des sections estudiantines, féminines, professionnelles, ouvrières... Hachem Safieddine occupe en fait un poste clé concernant le fonctionnement quotidien de ce parti de masse. Pas de débat politique Le député Mohammed Raad a été réélu à la présidence du conseil politique de 11 membres chargé du suivi quotidien des affaires politiques et des relations avec les autres forces dans le pays. Cheikh Mohammed Yazbek a été reconduit dans ses fonctions à la tête du Conseil des juges et Hussein Khalil au poste de conseiller politique de sayyed Nasrallah. Cheikh Naïm Kassem conserve aussi les fonctions de secrétaire général adjoint. Enfin, Mohsen Chokor, qui vient des rangs des combattants, a été élu président du Conseil du Jihad, l’organisme qui chapeaute la résistance anti-israélienne. Tous ces responsables sont en poste jusqu’en 2001 et ne peuvent être destitués que par le Conseil consultatif. Celui-ci, par contre, ne peut être dissous, pas même par le congrès général du parti. Contrairement aux congrès des autres partis au Liban et ailleurs, les délégués du Hezbollah n’ont débattu d’aucun document politique préparé à l’avance et constituant une sorte de bilan de la période séparant les deux congrès ou d’un programme d’action pour la période à venir. De plus, tous ceux qui ont postulé à des postes de responsabilité l’ont fait à titre individuel et sans programme politique. Peut-on en déduire que le Hezbollah est un parti stérile sur les plans idéologique et intellectuel? On serait tenté de le croire lorsque l’on sait que le manifeste publié à l’issue de son premier congrès, en février 1985, et appelé «lettre aux opprimés» constitue la seule littérature politique du parti. Mais des sources bien informées assurent que le 5e congrès a élaboré un nouveau manifeste qui sera rendu public en temps voulu. Peut-être que ce document, dont l’existence a été confirmée par M. Ali Fayad, membre du conseil politique et directeur du centre de recherche du Hezbollah, permettra de nous éclairer davantage sur la vision sociale et économique du parti. Efficace dans la résistance et dans la conquête du pouvoir (ses victoires lors des élections municipales l’ont prouvé), le Hezbollah pourra-t-il proposer des solutions pertinentes à la crise économique et sociale qui secoue le pays? Ou faudra-t-il attendre 15 autres années avant d’en savoir plus sur ses options dans ces domaines?
Du cinquième congrès du Hezbollah qui a clôturé ses travaux dans le plus grand secret le 28 juillet dernier, on peut tirer deux conclusions essentielles: l’imperméabilité du parti aux idées «Khatamistes» qui transforment en profondeur les mentalités en Iran avec l’ambition affichée de modifier aussi le paysage politique de ce pays, et le renforcement du pouvoir du...