"L'Amérique totalitaire" de Michel Bugnon-Mordant (Ed. Favre)

«L’Amérique totalitaire» est un ouvrage dont le but, de l’aveu même de son auteur, est «de susciter une prise de conscience radicale et de dénoncer l’autoritarisme américain qui pèse sur notre continent et le monde entier». Docteur ès Lettres et professeur de philosophie à l’Université de Fribourg, Michel Bugnon-Mordant affiche le souci de préserver la diversité culturelle du monde. Pierre Salinger, signataire de la préface l’aura bien compris qui note que «un Américain ne peut qu’être bousculé par la thèse de ce livre, qui vient pourtant à son heure et que l’on se doit de lire et de méditer». A ceux qui s’étonnent de voir la dérive totalitaire dans laquelle s’engagent de plus en plus les Etats-Unis, il répond, dans l’avant-propos: «Les ingrédients des outrances américaines actuelles, outrecuidantes pour certains, insupportables pour beaucoup, irritantes en tout cas pour le grand nombre, existent en germe déjà, dans le credo des pionniers venus d’Angleterre et d’Ecosse dans les premières décennies du XVIIème siècle. Credo calviniste, établissant que si Dieu a permis que se rassemblât en terre américaine un peuple d’hommes et de femmes prédestinés, c’était qu’il lui conférait la mission de gouverner un jour le monde». De l’origine de la création de la Nation américaine, à l’élimination des Indiens qui peuplaient le continent, à l’invasion du centre et du sud du continent; de l’isolationnisme affiché au début du XXe siècle à l’interventionnisme pendant les deux guerres mondiales; du Plan Marshall de sauvetage de l’Europe en 1948, à la création de l’OTAN, aux interventions, directes ou indirectes, dans les affaires intérieures d’Etats aux quatre coins de la planète… Michel Bugnon-Mordant étaye son analyse de faits historiques -et ils sont pléthores. Ce qui le révolte par dessus tout, c’est l’uniformisation culturelle à laquelle tend le monde. «La lecture des contes de Perrault ou de Grimm» écrit-il, «mise en parallèle avec l’interprétation que Walt Disney en a fait, ou celle d’un roman aussi riche et complexe que «Notre-Dame de Paris» comparé au récent «Bossu de Notre-Dame» permettent de comprendre toute la perversité du processus d’assimilation et de recréation qui a été exécuté. D’oeuvres délicates raffinées, aux personnages dotés d’une psychologie complexe, les studio Disney ont fait des histoires au schéma simplificateur, infantilisant. (...) Les superproductions hollywoodiennes ont une part non négligeable dans l’entreprise d’acculturation engagée…». Hégémonie économique et financière; américanisation de la planète… quelle est la solution pour sortir de cette dépendance que plus rien ne semble devoir limiter? «Résistons» clame l’auteur. «Aidons les Américains — et aidons-nous nous-mêmes par la même occasion- à refuser le pétrification du monde».