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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Dans une intervention téléphonique, le général a comparé le Liban au Titanic Sept cents participants au premier congrès estudiantin aouniste (photo)

Pour la première fois depuis le 13 octobre 1990, date de l’éviction du général Michel Aoun du palais de Baabda, la section estudiantine du Courant national libre (CNL, aouniste) a organisé le week-end écoulé un congrès, appelé le «début du changement», à l’école de la Sagesse de Jdeidé. Sept cents jeunes cadres venus de toutes les régions du pays et des différentes universités et facultés ont participé à cette manifestation, la première de cette envergure à se tenir publiquement au Liban et qui est censée devenir annuelle. La journée de samedi a été marquée par une intervention téléphonique du général Michel Aoun, qui s’est adressé à ses partisans à partir de son lieu d’exil de la Haute-Maison près de Paris. A cette occasion, l’ancien chef du gouvernement militaire a souligné la nécessité de procéder à un changement radical dans le pays à tous les niveaux, réaffirmant que «l’occupation est responsable de tous les maux dont souffre le Liban». Le général Aoun a appelé les jeunes cadres de son mouvement à combattre toute dérive communautaire et sectaire et a comparé la situation au Liban à celle qui prévalait sur le célèbre «Titanic» qui a coulé au début du siècle, entraînant au fond de l’océan des centaines de passagers. Le responsable estudiantin du courant aouniste, Kamal Yazigi, et plusieurs autres cadres et invités se sont succédé à la tribune pour développer des thèmes divers. Dimanche, les séances se sont tenues à huis clos en présence des principaux délégués (entre 70 et 80) qui ont examiné des questions d’ordre interne portant sur le programme d’action pour l’année 98-99. Le coup d’envoi des travaux du congrès a eu lieu en présence du brigadier Nadim Lteif, coordinateur du CNL au Liban, de Me Chakib Cortbaoui, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Liban, de M. Alain Bifani, ancien candidat aux élections municipales à Beyrouth, et de plusieurs autres personnalités politiques. Premier à monter à la tribune, M. Tony Harb, membre du comité estudiantin du CNL, a expliqué que «la tenue du congrès est motivée par la nécessité d’organiser nos rangs syndicaux avec pour ultime objectif le changement radical». «Nous avons prouvé que toutes les tentatives visant à nous éliminer de la scène nationale ont échoué, a-t-il dit. Nous avons prouvé aussi que nous sommes présents comme un pieu planté au cœur de l’équation politique». «L’occupation est responsable de tous les maux qui frappent notre société parce qu’elle nous empêche de régler nos problèmes, a ajouté M. Harb. Il est dans l’intérêt de l’occupation d’augmenter nos problèmes et de favoriser leur expansion». Préparer les canots de sauvetage La voix grésillante du général Aoun a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements. L’ancien chef du gouvernement militaire a comparé le Liban au Titanic «à bord duquel tout le monde dansait en croyant que le navire était insubmersible. Pour notre part, nous devons préparer les canots de sauvetage parce que le pays est en train de couler». Dans un bref aperçu historique, le général Aoun a affirmé que cinq facteurs, dont quatre étrangers, dominaient la scène libanaise. Les facteurs palestinien, syrien, islamique, israélien et traditionnel libanais. «Le facteur israélien, qui a atteint l’apogée de son pouvoir avec l’accord du 17 mai, a cédé la place au facteur syrien après la conclusion de l’accord de Taëf, a-t-il dit. Aujourd’hui, nous sommes au bord du ravin et nous vivons dans une situation de décadence totale. Il n’y a plus de constantes nationales: plus d’unité, plus de respect de la constitution, plus d’entente. Plus grave encore, le discours (politique) tend à devenir de plus en plus confessionnalisé. La décadence n’a pas épargné aussi la troïka et la gestion du Parlement ». Personne n’a échappé aux critiques du général Aoun. «Ceux qui prétendent être des opposants sont pires que les loyalistes, car ils font tout pour accéder au pouvoir, a-t-il dit. Un pouvoir responsable de l’instabilité à tous les niveaux pour fournir un prétexte à la tutelle étrangère». Selon lui, la presse aussi évolue sous un plafond dont les limites sont fixées à l’avance. «Personne ne parle du véritable problème découlant du fait que les décisions sont prises à Damas et exécutées à Beyrouth», a-t-il indiqué. Le général Aoun a ensuite répondu pendant plus d’une demi-heure aux questions de ses partisans. M. Christophe Cantaloup, militant du Rassemblement pour la République (RPR), le parti du président Jacques Chirac, est ensuite monté à la tribune pour prononcer une allocution placée sous le thème: «Les jeunes en politique, un nouvel élan». Faisant le rapprochement entre le général Charles de Gaulle et le général Aoun, M. Cantaloup a déclaré: «Un homme, aussi charismatique soit-il, s’il n’a pas de vision et de valeurs à défendre, ne pourra en aucun cas obtenir un soutien populaire. Au vu de ce que vous a exposé le général Aoun, c’est à vous maintenant de vous investir pour défendre ces valeurs». «Les jeunes doivent être le fer de lance du combat politique, a-t-il ajouté. C’est sur eux que repose la politique de demain. Le Liban aujourd’hui en pleine reconstruction a besoin, plus que jamais, de propositions émanant des jeunes, car vous êtes en train de bâtir le Liban dans lequel vous et vos enfants vivrez demain. C’est donc à vous qu’il revient de porter la bonne parole, de faire, même si le mot ne me plaît pas, de la propagande, de militer. Ce militantisme est fait de convictions, d’argumentations et de formation. Le congrès que vous tenez ce week-end doit servir à cela. Armez-vous d’une équipe solide et bien structurée. Abordez tous les sujets de fond. Il ne doit y avoir aucun sujet tabou. Vous devez définir votre politique dans chaque domaine: Economie, Santé, Enseignement, Culture, Social, Environnement. Vous avez sur chacun de ces sujets une idée, un message à faire passer». Un congrès général en octobre Mohammed Matar, ancien militant du mouvement estudiantin dans les années 70, a axé son intervention sur le rôle des étudiants à la lumière de l’expérience d’avant-guerre. «Avant les événements, a-t-il dit, le mouvement estudiantin était divisé en trois catégories: la gauche, dont l’action était revendicative et syndicale, les nationalistes arabes, qui avaient placé en tête de leur priorité les grandes causes arabes et la lutte contre l’ennemi israélien, et le courant libaniste, dont le programme tournait autour de la souveraineté du Liban». Selon lui, cette division n’a pas beaucoup changé aujourd’hui, même si des nuances importantes sont apparues. «Le mouvement estudiantin doit contenir dans un même temps les trois dimensions, a déclaré M. Matar. Le CNL, qui place en tête de ses priorités la libération et la souveraineté, doit savoir que la souveraineté repose sur une équation interne et sur des alliances locales. Il doit donc englober dans son programme les trois dimensions que nous avons évoquées». M. Yazigi s’est longuement étendu sur le potentiel révolutionnaire des jeunes et des intellectuels: qui sont-ils? est-il vrai qu’il tendent à être des opposants et très critiques à l’égard de la situation ambiante? Après avoir défini le portrait sociologique de l’intellectuel, M. Yazigi a souligné que les jeunes au Liban font preuve aujourd’hui d’une vitalité exceptionnelle qui nous rappelle «l’âge d’or des années 70». «Les jeunes et les intellectuels doivent être le fer de lance des forces du changement», a-t-il dit. M. Georges Haddad est ensuite monté à la tribune avant de céder la place à M. Cantaloup à nouveau qui a présenté la structure estudiantine et la structure jeune du RPR. En fin d’après-midi, les cadres du mouvement ont eu un dialogue téléphonique avec le général Aoun. Dimanche, les délégués des différentes facultés ont examiné et approuvé à huis clos trois principaux dossiers: le programme d’action de l’année 98-99, le budget de l’année 98-99 et la nouvelle structure du CNL qui projette de se transformer en organisation politique dans les semaines à venir. Un autre congrès général doit se tenir le 13 octobre prochain avec la participation de délégués des étudiants et des autres secteurs socioprofessionnels.
Pour la première fois depuis le 13 octobre 1990, date de l’éviction du général Michel Aoun du palais de Baabda, la section estudiantine du Courant national libre (CNL, aouniste) a organisé le week-end écoulé un congrès, appelé le «début du changement», à l’école de la Sagesse de Jdeidé. Sept cents jeunes cadres venus de toutes les régions du pays et des...