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Actualités - ANALYSE

L'exploitation à chaud de la situation internationale

Benjamin Netantyahu, que des photos montraient la semaine dernière barbotant en famille dans le lac de Tibériade, a interrompu ses vacances pour regagner précipitamment son bureau de Tel-Aviv, après le double bombardement U.S. au Soudan et en Afghanistan. Résultat de ce zèle soudain du sioniste numéro un: des attaques israéliennes répétées en territoire libanais, au Sud comme dans la Békaa ou sur le littoral de Naamé. Pragmatiste, réaliste ou tout simplement cynique, Netanyahu bondit ainsi dans la brèche que lui ouvre l’action américaine, en profitant tout de suite de l’écran de fumée idéal qu’elle provoque, tous les regards étant tournés ailleurs. Il a ainsi envoyé son ministre de la Sécurité intérieure Avigdor Kahalani en tournée à la frontière nord pour sa fameuse proclamation menaçant de frapper les réseaux de distribution d’eau et de courant électrique, si jamais un soldat israélien devait être encore tué au Liban. De son côté le député Uzi Landau, président de la commission parlementaire des A.E., a été plus loin en pressant le gouvernement israélien de frapper les intérêts économiques et toute l’infrastructure du Liban. Et il a aussi menacé les Syriens en disant que leurs jeeps aussi peuvent sauter sur des mines antipersonnel ou dans des embuscades… Prudent, le sénateur républicain U.S. Chuck Hagel, qui se trouvait à Beyrouth au moment où ces menaces israéliennes ont été proférées, a préféré ne pas les commenter. Il a cependant répété que son pays tient au processus de paix, seule planche de salut pour cette région. Cela pourrait paraître comme une réponse à Netanyahu, dans la mesure où les Américains lui reprochent ( bien trop timidement du reste et sans pression) d’entraver la paix. Le ministre libanais des Affaires étrangères M. Farès Boueiz, souligne pour sa part qu’Israël tente d’exploiter la situation internationale issue des attentats de Nairobi et de Dar es Salaam ainsi que des bombardements U.S. au Soudan et en Afghanistan. Dans le même sens, Tel-Aviv mettrait à profit selon M. Boueiz les incidences intérieures américaines liées aux problèmes de M. Clinton et qui réduiraient les capacités de suivi de l’Administration U.S.. En gros le ministre pense que les Israéliens pourraient se servir des raids américains pour s’en permettre de pareils, sans encourir de reproches. Par ailleurs, selon un rapport établi par des sources militaires étrangères, «sa propre situation intérieure pousse Netanyahu à se trouver une soupape de dégagement. Il doit en effet faire face à une grogne grandissante de l’opinion, suite à la mort au Liban-Sud de soldats israéliens qui cette fois ne sont pas des druzes comme cela est arrivé parfois auparavant, mais bien des juifs. L’opinion israélienne reproche au gouvernement non seulement les pertes en vies humaines mais aussi d’avoir sérieusement ébréché le prestige et le moral des forces armées auxquelles la résistance libanaise inflige de très sérieux revers. De plus en plus des officiers élèvent la voix pour réclamer un retrait du Liban ou, tout au contraire, l’extension de la zone dite de sécurité de manière à pouvoir neutraliser effectivement le Hezbollah», conclut ce rapport. Selon un spécialiste local, «Netanyahu en arrive presque au point de rupture et ne peut plus supporter la pression. Pour relever le moral de son armée et apaiser son opinion, il n’a probablement plus devant lui que la fuite en avant. C’est-à-dire qu’il va s’estimer contraint d’ordonner des opérations spectaculaires ou dévastatrices au Liban, sous prétexte de riposter aux coups portés par la résistance libanaise. D’autant que les succès du Hezbollah stimulent l’émulation et que l’on voit maintenant bien d’autres formations libanaises se jeter dans la mêlée. Du même coup il placerait la Syrie dans l’embarras…». Mais les Américains aussi, s’il devait dépasser les lignes rouges. Il n’est donc pas exclu qu’à la faveur de la tension actuelle, Washington tente de promouvoir la proposition de la Fondation James Baker d’une trêve de six mois. Cette idée a été rejetée comme on sait par le Hezbollah. Mais peut-être que Téhéran, après la visite de Védrine, voudra contribuer à l’apaisement…
Benjamin Netantyahu, que des photos montraient la semaine dernière barbotant en famille dans le lac de Tibériade, a interrompu ses vacances pour regagner précipitamment son bureau de Tel-Aviv, après le double bombardement U.S. au Soudan et en Afghanistan. Résultat de ce zèle soudain du sioniste numéro un: des attaques israéliennes répétées en territoire libanais, au Sud...