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Actualités - CHRONOLOGIE

Moscou craint les retombées de la guerre en Afghanistan

Les chasseurs-bombardiers de la milice islamique des Taliban ont lancé jeudi, à deux reprises, des raids massifs sur la ville de Bamyan, centre de la province du même nom qui abrite l’opposition chiite afghane pro-iranienne. «Toute la ville est en flammes», a indiqué l’agence officielle iranienne IRNA, qui a précisé en outre que les organisations humanitaires ont déjà évacué les lieux. Cette intense activité militaire survient alors que l’avancée des «étudiants en théologie» aux portes de l’ex-URSS oblige Moscou à renforcer les frontières de la Communauté des Etats indépendants — une mesure qui sera toutefois de peu d’effet contre les risques de déstabilisation politique et idéologique auxquels la Russie va devoir faire face, estiment les analystes (VOIR PAGE 9). La progression de la milice fondamentaliste sunnite constitue «réellement une menace» pour la Communauté des Etats indépendants (CEI, née de l’éclatement de l’URSS) et pour la Russie, relève le politologue Andreï Piontkovski. Les Taliban ont pris le contrôle d’une grande partie du nord de l’Afghanistan, qui était la semaine dernière aux mains de l’opposition, et se trouvent aux portes de l’Asie centrale. L’Afghanistan a plus de 2.000 kilomètres de frontières avec le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan, dont la population est musulmane. «Il faut absolument renforcer la surveillance des rivières Piandj et Vakhch», les affluents de l’Amou-Daria qui délimitent la frontière avec l’Afghanistan, relève Evgueni Kovaliov, expert du centre d’études stratégiques (indépendant). Actuellement, 10.000 hommes de la 201e division de la CEI campent au Tadjikistan (1.500 kilomètres de frontières) et 25.000 gardes-frontières ont l’œil rivé sur les terres afghanes. «La création d’un cordon beaucoup plus solide est indispensable pour le cas où les Taliban tenteraient d’entrer sur le territoire», ajoute M. Kovaliov. Cette version est la moins probable, mais «les actes des Taliban sont imprévisibles», note la diplomatie russe, qui redoute en outre que le pays ne devienne un «foyer du terrorisme international». La Russie, qui a hérité de l’Armée rouge et de l’essentiel de ses équipements, est le garant de fait de la stabilité régionale. Sans elle, les Etats régionaux n’ont pas les moyens de se défendre. Moscou, qui préside la CEI, est d’ailleurs liée à ces pays par des accords de sécurité selon lesquels une attaque contre l’un des membres est considérée comme une agression contre toutes les parties. La Russie va être confrontée à deux maux beaucoup plus graves. D’abord, le risque de voir le Tadjikistan renouer avec les troubles politiques. Le Tadjikistan a plongé en 1991 dans une sanglante guerre civile opposant les islamistes (basés en Afghanistan) au régime néo-communiste d’Emomali Rakhmonov. Le processus de réconciliation, signé en juin 1997, est engagé mais fragile. «Aujourd’hui, le pouvoir tadjik est très nerveux», a relevé Anatoli Adamichine, ancien ministre russe chargé de la CEI, interrogé par la radio Echos de Moscou. La défaite de l’opposition au régime de Kaboul «va raviver les conflits» intertadjiks, précise M. Piontkovski. Les groupes armés vont «apparaître aux frontières»: le commandant Ahmed Shah Massoud — homme fort du président déchu Rabbani — va certainement «passer au Tadjikistan où il a de nombreux partisans». «A terme, ce ne sont pas les Taliban qui poseront problème, mais les forces de Massoud», selon cet analyste. Les trois pays riverains craignent en outre un afflux de réfugiés, en particulier Douchanbé, car une minorité tadjike importante vit en Afghanistan et le pays est l’un des plus pauvres de l’ex-URSS. Le risque majeur est toutefois celui d’une propagande fondamentaliste, susceptible de déstabiliser rapidement l’Asie centrale et à terme de nombreuses régions musulmanes de Russie, jusqu’à l’instable Caucase du Nord. «Le renforcement des frontières n’a aucun sens. Je ne vois pas quelles pourraient être les missions (des militaires). La vraie menace est celle de l’extrémisme», note M. Piontkovski. Au Tadjikistan déjà, «les plus radicaux des islamistes se sentent encouragés par l’approche des Taliban», note M. Adamichine. Pour MM. Adamichine et Piontkovski, «il est indispensable de dialoguer avec les Taliban» et Moscou ferait bien rapidement d’«assouplir sa position». En tout état de cause, il est clair que le Kremlin évitera toute «ingérence» dans les affaires afghanes. «Chacun sait comment cela s’est terminé pour l’URSS», a noté le représentant de la présidence russe en CEI, M. Ivan Rybkine. Entrées en 1979 en Afghanistan, les troupes soviétiques ont mis dix ans pour se sortir du bourbier. (AFP)
Les chasseurs-bombardiers de la milice islamique des Taliban ont lancé jeudi, à deux reprises, des raids massifs sur la ville de Bamyan, centre de la province du même nom qui abrite l’opposition chiite afghane pro-iranienne. «Toute la ville est en flammes», a indiqué l’agence officielle iranienne IRNA, qui a précisé en outre que les organisations humanitaires ont déjà...