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Actualités - DISCOURS

Il a prononcé un réquisitoire extrêmement sévère contre le gouvernement Berry : nous empêcherons que le Liban soit transformé en un émirat (photos)

Le président de la Chambre, M. Nabih Berry, a prononcé un réquisitoire extrêmement sévère contre les orientations politiques et économiques du chef du gouvernement, M. Rafic Hariri. Sans jamais le citer nommément, M. Berry a fait assumer à M. Hariri la responsabilité de la crise économique, du blocage de l’échelle des salaires des fonctionnaires du secteur public, des difficultés auxquelles fait face l’agriculture et de la paralysie des organes de contrôle, s’engageant à lutter «par tous les moyens démocratiques pour empêcher que le Liban soit transformé en un émirat». M. Berry a rejeté les critiques de M. Hariri et de son entourage qui prétendent que l’inefficacité de l’action gouvernementale et de l’administration publique est due en grande partie à l’hégémonie des «forces de la guerre», en allusion aux anciens chefs de milices aujourd’hui au pouvoir. «Nous avons sacrifié nos âmes et versé notre sang pour défendre l’unité du Liban(...), nous sommes prêts à lutter par tous les moyens pacifiques pour préserver le pays», a-t-il dit. Sur un ton menaçant, M. Berry a déclaré: «C’est la dernière fois que nous nous contentons de cette réponse». Le président du Parlement a prononcé hier un long discours lors d’une cérémonie organisée à l’occasion de «la journée du planteur de tabac» au centre culturel Nabih Berry sur la route Nabatiyé-Mseileh. Cette cérémonie s’est transformée en véritable meeting populaire auquel ont assisté un grand nombre de personnalités politiques. Etaient notamment présents les députés Abdel Latib Zein, Anouar Khalil, Ghazi Zéaïter, Ahmed Soueid, Ali Hassan Khalil, Ali Khreiss, le colonel Labib Oueidate représentant le commandant en chef de l’armée, le président de la CGTL, M. Elias Abou Rizk et le secrétaire général de la fédération internationale des ouvriers arabes, M. Hassan Jammam. Après avoir brossé un sombre tableau de la situation des planteurs de tabac et de l’agriculture en général, M. Berry s’est demandé «qui est responsable de la liquidation de la force de travail et de production des agriculteurs». «Pouvons-nous poser d’autres questions sans risquer d’entendre des remarques appelant à la séparation de la politique et de la pomme de terre(...), s’est-il interrogé. Pour ma part, je ne garderai pas le silence face à toute tentative de liquider les capacités agricoles du Liban, parce que ce secteur constitue un des meilleurs outils pour lutter contre la crise sociale et économique. Et j’appelle le ministère concerné à intervenir en faveur des agriculteurs, ainsi que l’opinion publique et les députés à dévoiler les raisons de la crise qui frappe l’agriculture, notamment dans les régions où les cultures interdites ont été éradiquées (...). Pour la quatrième fois, le Conseil des ministres a annoncé qu’il avait débloqué les 150 milliards de livres consacrées au Nord et à la Békaa. Tous les deux mois, on apprend que ces 150 milliards ont été débloquées. On en est aujourd’hui à deux mille milliards. C’est la même somme qui est débloquée à chaque fois sans jamais être investie. Puis les projets de développement entrent soudain dans un sommeil profond et sont exécutés à la vitesse d’une tortue, alors que d’autres projets sont réalisés à la vitesse de l’éclair». Le plan de redressement M. Berry s’est ensuite interrogé sur le sort du plan de redressement économique et financier. «Je veux rappeler à tout le monde les 21 points du plan de redressement que nous avions élaboré avec les présidents Hraoui et Hariri, a-t-il dit. Il s’agissait de propositions de financement de l’échelle des salaires et d’idées pour réduire le déficit budgétaire. Ces propositions comportaient de nouvelles taxes douanières, une augmentation des taxes mécaniques et des tarifs des communications téléphoniques, un renouvellement des contrats avec les deux sociétés de téléphones cellulaires. Nous pensons que la mise en œuvre de ces points couvre les dépenses prévues par l’échelle des salaires et par son effet rétroactif et satisfait les revendications des fonctionnaires et des contractuels. L’échelle des salaires n’est pas un ballon qu’il faut se lancer réciproquement en faisant assumer au Parlement les responsabilités qui en découlent(...). Le véritable problème ne réside pas dans l’échelle des salaires, mais dans des questions cachées qui s’articulent autour de trois axes: les nominations administratives qui vont de nouveau transformer le Liban en Etat-ferme, la volonté de former un gouvernement d’employés et, enfin, la tentative d’abolir le rôle du Parlement en arrachant des prérogatives exceptionnelles en faveur de ce gouvernement d’employés». Et M. Berry de poursuivre: «A chaque problème, des voix s’élèvent par ci, par là prétendant que le gouvernement n’a pas les moyens de définir librement ses orientations et parlant d’une politisation de l’administration et de pressions exercées sur les différents pouvoirs. On accuse les forces de la guerre — nous avons été promus de milices en forces de la guerre — de spoliation des pouvoirs. Nous assurons que ces forces, qui ont géré leurs conflits dans la violence pendant la guerre civile et qui ont défendu l’arabité du Liban et son existence, se sont précipitées pour participer activement au processus de pacification et de retour de la paix. Elles ont investi toutes les capacités et toutes leurs énergies pour réaliser l’unité nationale. Ces forces de la guerre ont combattu Israël même si cela peut gêner certains (...)». Faisant allusion au président Hariri et à son entourage, M. Berry a dit: «Ils ont retiré le projet de l’échelle des salaires du Parlement alors que son coût était de 362 milliards de livres. Lorsqu’ils nous l’ont retransmis, son coût était supérieur à 400 milliards. Et ils prétendent que c’est la Chambre qui augmente les dépenses. Ce sont eux qui ont mis au point les modalités de paiement de l’effet rétroactif. Ils l’ont écrit de leur propre main en proposant de payer les sommes dues des années 96 et 97 à partir du premier juillet 1998 en quatre versements égaux. Les commissions parlementaires étaient plus généreuses que le gouvernement: elle ont reporté au premier janvier 1999 le début du paiement en divisant l’effet rétroactif en cinq tranches. Après cela, ils prétendent se soucier de la stabilité monétaire et financière». Critiques contre la presse Le président de la Chambre a adressé des critiques à la presse lui reprochant de se laisser entraîner dans des campagnes médiatiques inappropriées: Il a notamment déclaré: «Une question se pose avec acuité. Les entreprises de presse représentent-elles la force de la liberté ou celle des monopoles? Je suis d’accord avec le chef de l’Etat concernant la nécessité de surveiller les sources de financement des médias, tout en étant convaincu que la surveillance exercée à travers l’Ordre de la presse reste garant de la liberté». «En dépit de l’intensité des pressions, a encore dit M. Berry, nous refusons que toute prospérité économique fictive soit exploitée afin de contrôler les rouages du pouvoir et de dilapider le secteur public. Nous refusons aussi que le Conseil de la fonction publique et les autres organes de surveillance soient neutralisés et que leur rôle soit réduit à néant dans le processus de restructuration de l’administration, dans un seul but, celui qui consiste évidemment à accaparer le pouvoir. Pourquoi les décisions ne sont-elles pas prises en Conseil des ministres. Et pourquoi lorsqu’elles sont prises, ne sont-elles pas mises en œuvre? Pourquoi les décisions adoptées par le cabinet sont modifiées à l’extérieur du cabinet»? M. Berry a ensuite pris la défense de «ce qu’ils appellent les forces de la guerre»: «Qui est-ce qui a proposé la réactivation des organes de contrôle sur les institutions accusées de gaspillages comme le Conseil du sud, le CDR et la Caisse des déplacés? Ce sont les forces de la guerre. Et c’est le gouvernement qui a refusé en menaçant de démissionner. Qui est-ce qui a créé le Conseil économique et social? Le Parlement et ce qu’ils appellent les forces de la guerre. Qui est-ce par contre qui met des obstacles devant les nominations diplomatiques et qui empêche la désignation d’un commandant de la gendarmerie? Ce ne sont pas les forces de la guerre(...). Qui est-ce qui vend les biens de l’Etat et des municipalités, les forces de la guerre ou son altesse princière? Ils doivent craindre Dieu. Et c’est la dernière fois que nous nous contentons de ces réponses. Nous ne sommes pas en train de menacer. Mais nous voulons leur rappeler que nous avons sacrifié nos âmes et versé notre sang pour défendre le Liban et son unité. Et nous sommes déterminés à user de tous les moyens pacifiques et démocratiques pour préserver le pays et empêcher qu’il ne soit transformé en un émirat».
Le président de la Chambre, M. Nabih Berry, a prononcé un réquisitoire extrêmement sévère contre les orientations politiques et économiques du chef du gouvernement, M. Rafic Hariri. Sans jamais le citer nommément, M. Berry a fait assumer à M. Hariri la responsabilité de la crise économique, du blocage de l’échelle des salaires des fonctionnaires du secteur public, des...