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Actualités - ANALYSE

Présidentielle : un flou vaporeux qui permet toutes les supputations

Pas folle la guêpe: aucun des présidentiables ne s’est encore aventuré à proclamer sa candidature. Boutros Harb, que certains citent comme étant lui-même sur les rangs, cerne bien le problème quand il dit: «Le problème au Liban, c’est qu’on doute qu’un postulant soit capable de se prononcer sans avoir d’abord sollicité certaine autorisation». Même chose évidemment pour les partis et les blocs parlementaires dont aucun n’a déclaré quel est son candidat. On reste parallèlement dans l’incertitude en ce qui concerne un possible amendement de l’article 49 C (Constitution) permettant ou la prorogation du mandat du président Elias Hraoui ou la candidature du général Emile Lahoud. En qui son ministre de tutelle, M. Mohsen Dalloul, voit naturellement un excellent futur président, en le donnant comme favori dans la course qui se prépare. Autre ministre de poids, M. Sleiman Frangié estime, lui aussi, que le commandant en chef «est l’homme des institutions en toute circonstance». Mais il évite de proclamer plus nettement qu’il en appuie la cause électorale, si tant est qu’elle doive prendre corps. Le leader du Nord, qui est un des alliés majeurs de la Syrie sur la scène locale, dilue d’ailleurs encore plus ses intentions en indiquant qu’il n’aurait pas d’objection à soutenir la candidature de M. Jean Obeid… ni à accepter au besoin une nouvelle reconduction du mandat de M. Hraoui. De leur côté, les instances religieuses et les différents pôles politiques du pays, comme le patriarche Sfeir et le président Hariri, se contentent à ce stade d’énumérer des critères de sélection, sans évoquer de noms. M. Issam Farès, député du Nord, souhaite pour sa part une compétition tout à fait moderne, des candidats confrontant leurs programmes dans des face-à-face médiatiques, pour que l’opinion puisse juger sur pièces. A son propre avis, la phase présente requiert «un président-chevalier, courageux, avisé et expérimenté». Un ancien dirigeant relève, pour sa part, qu’il y a «une sorte de malentendu, de piège involontaire quand on fixe des critères sans citer des noms. En effet, un nombre élevé de candidats peuvent penser que ces qualifications s’appliquent parfaitement à eux, alors qu’en réalité elles ne concernent que deux ou trois postulants et le jeu s’en trouverait faussé. Quant à la divulgation des programmes souhaitée par M. Farès, ajoute cette personnalité, elle impliquerait dans le fond l’adoption d’un régime présidentiel, puisqu’on en référerait finalement à l’opinion pour choisir. Cela supposerait donc une révision en profondeur de la Constitution, de manière à ce que les candidatures soient posées officiellement, la même logique voulant alors que l’élection se fasse au suffrage universel et non plus à la Chambre des députés». «Dans le système actuel, les candidatures ne sont pas présentées officiellement et l’Assemblée élit qui bon lui semble, éventuellement au tout dernier moment, en fonction du mot d’ordre qu’elle reçoit. Le président est parachuté à Baabda et cela peut représenter une grosse surprise, pas forcément agréable, pour le peuple. Les postulants qui auront fait officieusement acte de candidature en seraient pour leurs frais, et l’heureux «élu» serait peut-être un homme tiré de chez lui ou de l’anonymat sans avoir rien demandé». Selon cet ancien dirigeant, «l’idée de M. Farès rejoint dans sa finalité la proposition faite par M. Elias Hraoui lui-même de recours au suffrage universel, ce qui induit l’installation d’un régime présidentiel et non plus semi-parlementaire. En effet, il est évident qu’un président de la République élu par le peuple tout entier doit automatiquement détenir entre ses mains ce pouvoir exécutif que Taëf lui a ôté et jouir de très larges prérogatives, puisqu’à lui seul il serait plus représentatif de la nation que toute autre institution. A notre propre avis, le système présidentiel est de loin préférable à l’actuel, car le pays, comme le dit M. Hraoui, n’aurait plus qu’une tête et non plus trois. Du reste, toutes les expériences de triumvirats dans l’Histoire, que cela soit dans la Rome antique ou dans la France du Consulat, se sont finalement achevées par la monopolisation du pouvoir aux mains d’un seul homme, car elles provoquaient trop de dispersion et/ou de conflits». On s’en doute, cette proposition de suffrage universel n’est qu’un vœu pieux, une suggestion à retenir pour les temps où les Libanais seront en mesure de choisir eux-mêmes leur président. Et leur système…
Pas folle la guêpe: aucun des présidentiables ne s’est encore aventuré à proclamer sa candidature. Boutros Harb, que certains citent comme étant lui-même sur les rangs, cerne bien le problème quand il dit: «Le problème au Liban, c’est qu’on doute qu’un postulant soit capable de se prononcer sans avoir d’abord sollicité certaine autorisation». Même chose...