Husseini : les spéculations sur ma succession sont farfelues (photo)

Le roi Hussein de Jordanie, soigné actuellement aux Etats-Unis pour un cancer, a déclaré mardi aller «beaucoup mieux» et qualifié de «farfelues» les spéculations sur sa succession. «Je vais beaucoup mieux et j’ai bon espoir de surmonter cette épreuve prochainement», a déclaré le roi Hussein, âgé de 62 ans, au cours d’une interview accordée à l’AFP et Radio Monte Carlo Moyen-Orient à l’occasion du 46e anniversaire de son accession au trône. Le souverain jordanien, qui prenait quelques jours de repos dans la capitale fédérale américaine avant d’entamer à la clinique Mayo de Rochester (Minnesota) la deuxième phase de son traitement chimiothérapique pour un cancer des ganglions lymphatiques, parlait d’une voix nette et assurée pour cette première interview depuis son hospitalisation le 14 juillet. Depuis son départ de Jordanie, le roi Hussein s’est adressé une seule fois au peuple jordanien via la télévision, pour leur annoncer qu’il était atteint d’un lymphome de type B, qui est curable. «Ma santé aujourd’hui n’est pas comparable à l’état dans lequel je me trouvais lorsque je suis arrivé aux Etats-Unis. Je vais beaucoup mieux, les médecins sont très optimistes et mon moral est haut», a-t-il indiqué. Doyen en exercice des souverains du monde arabe, le roi Hussein a qualifié de «farfelues» et «étonnantes» les spéculations sur sa succession, rapportées par la presse arabe et internationale depuis l’annonce de son cancer. Il a rappelé avoir désigné il y a 33 ans comme prince héritier son frère Hassan ibn Talal, 51 ans, dont il a fait l’éloge pour avoir «assumé son devoir et ses responsabilités de manière exemplaire». «La succession est entre les mains de mon frère le prince héritier, que j’ai choisi parmi d’autres il y a de nombreuses années», a souligné le roi, qui a cinq fils. Pour le souverain, les «spéculations» sur sa succession «sont destinées à porter atteinte» à son pays. «La Jordanie est un pays fort et stable, dont le peuple est uni en toutes circonstances. L’avenir le prouvera, comme le passé l’a déjà fait», a-t-il affirmé. Le roi Hussein a mis en garde contre le blocage du processus de paix, contre «le temps qui passe», et les «développements néfastes pour toute la région», dans la phase actuelle qu’il a qualifiée de «délicate». «La réponse n’est pas entre les mains des Arabes, mais d’Israël et son gouvernement», a-t-il souligné, notant que «ceux qui parlent de guerre ne savent pas ce que cela signifie ni l’effet dévastateur (qu’une guerre) pourrait avoir sur les peuples de cette région». Le souverain qui a dîné vendredi soir à la Maison-Blanche, a assuré que le président américain Bill Clinton, qu’il a qualifié d’«ami très cher», faisait «l’impossible pour faire avancer le processus de paix». Il a dénoncé la mauvaise gestion du pays par certains membres du gouvernement de M. Abdel Salam Majali et relevé plusieurs incidents récents «qui démontrent une négligence et un manque de responsabilité qui déboucheront sur une situation dangereuse si les choses continuent ainsi». Le roi a dit «ne pas comprendre pourquoi des précautions n’ont pas été prises pour épurer l’eau stagnante du lac de Tibériade», acheminée d’Israël en Jordanie dans le cadre du traité de paix signé par les deux pays en 1994. Il a dénoncé les responsables qui ont «tenté de camoufler leurs fautes» et indiqué qu’ils devaient «être punis, afin de garantir que les erreurs ne soient pas répétées», dans une allusion au ministre de l’Eau Mouzer Haddadine, qui a été sommé de démissionner dimanche.(AFP)