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Actualités - ANALYSE

Dossier régional : le laxisme US inquiète Beyrouth

Faisant écho à la presse syrienne, une source ministérielle libanaise s’inquiète du laxisme américain dans le traitement du dossier régional. «Il est à craindre, dit ce responsable, que les extrémistes arabes et les radicaux sionistes, objectivement alliés contre la paix, ne fassent sauter pour de bon le processus, les uns en exigeant la restitution de l’ancienne Palestine et les autres en refusant tout retrait consistant». Et de noter que «le Likoud au pouvoir en Israël parvient apparemment sans grand-peine à paralyser Washington qui s’efforce en vain de relancer la dynamique de paix dans la région. Jadis Yitzhak Shamir, prédécesseur et mentor de Netanyahu, n’avait pas la partie aussi facile. Car il avait en face de lui un régime U.S. musclé, dirigé par un George Bush qui ne s’en laissait pas conter et qui était secondé par un secrétaire d’Etat également très ferme, James Baker, père du processus. Ils ont conduit Shamir de force à Madrid en lui coupant une ligne de crédits de dix milliards de dollars pour l’achat d’armes». A malin malin et demi, Shamir une fois à la retraite devait révéler qu’il n’avait signé qu’avec des arrière-pensées bien arrêtées d’atermoyer et de faire traîner les choses pendant au moins cinq ans. Pari largement gagné. Mais passant sous silence cette parenthèse, le ministre libanais cité ne veut se rappeler que «des progrès réalisés à travers les négociations menées par le parti travailliste revenu alors au pouvoir en Israël en vertu de l’accord de rotation avec le Likoud. Il y avait eu entente sur nombre de points se rapportant aux dispositions de sécurité ainsi qu’à la normalisation relationnelle qu’impliquerait la conclusion de la paix. Il y a eu les accords d’Oslo avec les Palestiniens et les accords de Wadi Arba avec les Jordaniens. Mais les antipacifistes des deux bords ont réagi avec une violence effroyable, multipliant les uns des attentats sanglants aux voitures piégées, les autres des massacres de fidèles en prière, sans compter l’assassinat par un juif fanatique du premier ministre de son propre pays, Yitzhak Rabin. Cette guerre contre la paix a atteint un premier objectif très important par l’avènement de Netanyahu, porte-flambeau du radicalisme sioniste obsédé par l’Eretz Israël, le Grand Israël prétendument établi dans les Ecritures. Une théorie pour laquelle la restitution des territoires s’apparente à de la haute trahison». La faute «Il faut dire, souligne le ministre libanais, que la victoire du Likoud avait été facilitée par une faute majeure commise par les travaillistes. Ces derniers, confrontés à des attentats à l’intérieur et à une escalade au Sud-Liban, se trouvaient électoralement placés devant un dilemme: s’ils ne ripostaient pas, ils perdaient des voix israéliennes; et s’ils le faisaient, ils perdaient celles des Arabes d’Israël. Ils ont choisi la plus mauvaise solution: lancer contre le Liban l’opération «les raisins de la colère» marquée par l’abominable massacre de Cana. Non seulement ils ont eu contre eux les Arabes israéliens et l’opinion mondiale, mais aussi une bonne partie de leur propre base, révulsée par tant d’excès sanglants». Le ministre libanais rappelle comment ensuite «Netanyahu a freiné des quatre fers, bloquant l’application des accords d’Oslo, gelant pour de bon les négociations avec les Syriens, multipliant entraves et provocations à travers un appui ostentatoire à la prolifération de l’implantation en secteur arabe de colons juifs. Habile diplomate de carrière, Netanyahu a pris soin cependant de se couvrir avec des ballons d’essai et de la poudre aux yeux comme la pseudo-reconnaissance de la 425, assortie de conditions rédhibitoires par elles-mêmes, aussitôt rejetées par le Liban, soutenu par la Syrie. Une réaction qui entre du reste dans les calculs de Netanyahu, puisqu’il n’est pas du tout pressé de redonner un élan à la marche vers la paix». «Du côté des Américains, poursuit la personnalité libanaise, sachant que Clinton aurait les mains plus libres pendant son deuxième mandat, Netanyahu a contré toute velléité de pression U.S. efficiente, en mobilisant comme jamais auparavant le lobby sioniste américain. Ce dernier a réussi l’extraordinaire tour de force de faire signer à quelque 80 membres du Législatif américain une admonestation adressée à l’Administration Clinton la sommant de laisser Tel-Aviv tranquille. Parallèlement, les innombrables médias américains contrôlés par le lobby juif ou ayant partie liée avec lui ont lancé une campagne acharnée contre le «despotisme» clintonien à l’égard d’Israël, présentant les choses comme si Washington voulait forcer l’Etat hébreu à des concessions mettant son existence même en péril». Selon ce ministre libanais, «le Likoud a été encore plus loin: le Mossad a été chargé d’établir un dossier fourni sur Clinton, pour le faire chanter au cas où il se montrerait trop insistant dans sa volonté de relancer le processus de paix!» Allant lui-même encore plus loin dans les supputations romancées, le responsable local se demande «si on peut vraiment croire que Monica Lewinsky ait pu conserver pendant trois ans une robe qu’elle portait du temps de sa liaison avec Clinton, si cela ne faisait pas partie d’un scénario monté d’avance, d’un complot ourdi par le Mossad…» C’est gai. En tout cas, ce ministre libanais conclut par une note pessimiste: à l’en croire, «les jeux sont maintenant faits dans le sens souhaité par Netanyahu. Les Arabes sont trop passifs. Et que Clinton conserve son poste ou qu’il soit acculé à la démission, le résultat pour le Proche-Orient est le même: le processus de paix est bloqué». Reste cependant à savoir si c’est pour de bon.
Faisant écho à la presse syrienne, une source ministérielle libanaise s’inquiète du laxisme américain dans le traitement du dossier régional. «Il est à craindre, dit ce responsable, que les extrémistes arabes et les radicaux sionistes, objectivement alliés contre la paix, ne fassent sauter pour de bon le processus, les uns en exigeant la restitution de l’ancienne...