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Actualités - ANALYSE

Les décideurs mènent le bal sur un tempo lent

Un député de la Békaa anciennement ministre, dont le nom est fréquemment cité parmi les présidentiables sérieux, estime que, «cette fois, c’est différent. La présidentielle intervient dans des conditions régionales et locales difficiles. Au point qu’il paraît dérisoire de parler si tôt d’une échéance électorale dont tous les contours peuvent soudainement être bouleversés d’un jour à l’autre. La configuration du prochain régime est en effet étroitement conditionnée par la situation qui prévaudra dans les mois à venir…» Selon ce parlementaire, «si l’on évoque aussi prématurément des noms, c’est sans doute pour les «brûler» comme on dit. Pour le moment, tout ce qu’il y a à faire, en réalité, c’est de définir les différents tableaux de critères en base desquels on aurait à élire le futur chef de l’Etat. C’est-à-dire, étant donné qu’il y a plusieurs perspectives régionales distinctes à prendre en compte, il faut pour chaque cas de figure prévoir une volée déterminée de candidats. Grosso modo, il peut y avoir trois catégories: les hommes à poigne, les politiciens de poids, les neutres. Tous devront avoir en commun d’être de très bonne composition en ce qui concerne les relations avec les tuteurs, d’être plutôt propres. Et d’être admis par la rue chrétienne. En effet, c’est un point sur lequel Damas est d’accord avec Paris qui insiste discrètement pour qu’on tienne compte notamment de l’avis de Bkerké». A ce même propos, une source informée soutient que, lors de ses entretiens avec le président Assad à Paris, le chef de l’Etat français, M. Jacques Chirac, a clairement indiqué que le futur président libanais devrait être approuvé par la majorité des leadership chrétiens, Bkerké en tête, pour qu’il puisse vraiment être représentatif. Toujours selon cette source, M. Chirac aurait ajouté que la France est disposée, si les parties sont d’accord, à contribuer à un rapprochement entre l’Est et Damas. «D’ailleurs, reprend le député précédemment cité, un chef de l’Etat qui aurait de l’audience à l’Est pourrait mieux qu’un autre entraîner ce bloc à rejoindre tout entier le giron de la légalité, à rompre avec la bouderie et à participer à la vie publique en se ralliant à Taëf comme au système parrainé par les décideurs. Une nouvelle page de relations entre ce camp et Damas pourrait ainsi s’ouvrir». Cette personnalité, qui semble lever un peu le voile sur son propre programme éventuel, affirme dans le même ordre d’idées que «le nouveau président devra faire tomber les barrières, notamment psychologiques qui séparent encore nombre de franges chrétiennes, notamment maronites, de la Syrie. Il aura à cœur d’entretenir des rapports équilibrés avec toutes les parties, pour combler tous les fossés, confessionnels ou autres, creusés jusque-là par des pratiques irrégulières voire irresponsables». Ceci étant, un diplomate occidental relève, qu’à son avis, «les Syriens ne sont pas pressés et pensent qu’il est trop tôt encore pour examiner sérieusement les candidatures. Ils veulent voir comment les choses vont évoluer sur le plan régional. Et ils ont d’autant plus le temps que, cette fois, tout semble indiquer qu’ils sont seuls à jouer le rôle de grand électeur. Certes, ils ne se montrent pas rigides dans ce domaine et écoutent volontiers les Français par exemple, tout comme ils sont prêts en principe à tenir compte des souhaits de Bkerké. Mais c’est bien d’eux et d’eux seuls, comme en 95, que viendra le mot d’ordre final. Les Américains peuvent au mieux espérer être consultés: leur attitude laxiste à l’égard de Netanyahu les prive en principe du rôle de co-électeur disposant, par exemple, d’un droit de veto. mais cela peut changer, si le processus de paix était finalement réanimé par leurs soins. Ils seraient sans doute alors invités à table…» Tout cela n’est évidemment qu’analyse de flair et supputations basées sur l’impression que les rapports syro-américains traversent actuellement une phase délicate. Sur place, ce que l’on constate pour le moment, c’est que les décideurs déconseillent qu’on se livre au petit jeu des paris sur les noms et tentent de calmer un peu le jeu. Et des passions qui, cependant, sont déjà déchaînées, comme le montrent les bras de fer interprésidentiels. D’autant plus divertissants que leur utilité pratique paraît pour le moins contestable, vu que, dans l’élection, ils n’ont pas vraiment leur mot à dire.
Un député de la Békaa anciennement ministre, dont le nom est fréquemment cité parmi les présidentiables sérieux, estime que, «cette fois, c’est différent. La présidentielle intervient dans des conditions régionales et locales difficiles. Au point qu’il paraît dérisoire de parler si tôt d’une échéance électorale dont tous les contours peuvent soudainement être...