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Actualités - REPORTAGE

Sur l'initiative de Tabbarah et grâce à l'équipe dépêchée sur place La maison d'arrêt de Baabda entièrement réaménagée mais il reste à réformer les mentalités (photos)

Quatre mois après la tournée d’inspection du ministre Bahige Tabbarah, le Palais de justice de Baabda a fait peau neuve. Si le problème principal, celui du manque de place, n’a toujours pas été réglé, un grand effort a été accompli pour un meilleur aménagement des lieux et, surtout, pour plus d’efficacité. Même la maison d’arrêt du palais, hier pratiquement une étable, a été entièrement réaménagée. Sans être accueillante (c’est une prison), elle n’est plus une insulte aux droits de l’homme et, en tout cas, elle ne compte plus que 24 prévenus, qui attendent soit leur libération, soit leur transfert vers une prison réglementaire, après avoir été entendus par un juge d’instruction. Le changement — dû à l’impulsion du ministre lui-même, mais aussi à la détermination de l’équipe envoyée sur place à la faveur des nominations judiciaires de l’été dernier — est si radical que le directeur général du ministère de la Justice, M. Wagih Khater — qui accompagnait M. Tabbarah dans sa nouvelle tournée d’inspection effectuée samedi — s’est écrié: «Il y a une amélioration de 70%». Il est vrai que la situation était si catastrophique qu’il était urgent d’agir. Certes, de l’extérieur, rien n’a changé. Mais, une fois à l’intérieur du palais de justice, on remarque tout de suite la différence. D’abord, les dizaines de «marchands du temple», comme les avait surnommés le procureur général du Mont-Liban, M. Chucri Sader, ont disparu. Ces hommes avaient, depuis les années de guerre, envahi les couloirs du palais, offrant leurs services «payants» à tous ceux qui ont des formalités à accomplir et qui ne savent pas comment s’y prendre. Pourtant, en principe, ces formalités sont gratuites, mais, la guerre aidant, les responsables du palais avaient laissé faire et ces hommes avaient fini par installer des bureaux avec des machines à écrire, comme s’ils étaient réglementaires. A peine arrivée à Baabda, la nouvelle équipe a décidé de mettre un terme aux activités de «ces intermédiaires de facto». Et effectivement, ils ont désormais vidé les lieux. Trois problèmes à régler Le Palais de justice de Baabda — surnommé jadis, «la cour des miracles», tant il s’y passait de choses bizarres — fonctionne aujourd’hui presque normalement et les doléances communiquées au ministre Tabbarah, au cours de sa tournée de samedi, semblaient plutôt routinières: liaison par télécopieurs entre les bureaux des avocats généraux et les commissariats importants, mise à la disposition du public de bancs et de cendriers dans les halls d’attente, restauration des façades, etc. D’ailleurs, réunis autour du ministre et du premier président de la cour d’appel, M. Mouhib Maamari, les magistrats du siège et ceux du parquet du Palais de justice de Baabda, ont insisté sur l’importance de l’aspect extérieur, qui doit en imposer aux requérants. Ecoutant, prenant des notes et donnant des instructions à ses adjoints, le ministre a déclaré finalement qu’il restait trois problèmes à régler, outre celui du classement des archives où de vieux dossiers continuent à s’entasser dans des armoires branlantes: celui du central téléphonique, endommagé par l’humidité, du local réservé à l’ordre des avocats très étroit et dépourvu d’une photocopieuse et, bien sûr celui du manque de place, qui constitue le véritable fléau de ce lieu. Comme au cours de sa précédente tournée d’inspection, M. Tabbarah a précisé qu’il y a deux solutions possibles: la construction d’un étage supplémentaire ou l’utilisation de la petite cour jouxtant le palais, pour l’édification d’un bâtiment annexe. La plupart des magistrats présents, et particulièrement le premier juge d’instruction, M. Fawzi Dagher, ont préféré la première hypothèse car elle est plus rapide et peut être achevée en six mois. Le ministre, quant à lui, a estimé que la construction d’un bâtiment annexe serait une solution plus radicale, mais il a reconnu qu’elle prendrait plus de temps. Il a promis d’étudier le problème avec des ingénieurs et de fournir une réponse dans les plus brefs délais. L’entreprise n’est pourtant pas facile, avec un ministère au budget réduit de 40% et un manque de coopération des autres ministères. Ainsi, c’est avec les fonds figurant au budget du ministère de la Justice qu’a été réaménagée la maison d’arrêt du palais, le ministère de l’Intérieur, dont elle dépend, ayant refusé de débourser la moindre piastre. Les douches remises en état Il y a quatre mois, les prévenus étaient entassés à 27 par salle, certains se trouvant sur place depuis plus de 20 jours, sans se laver car les douches étaient en panne. Aujourd’hui, dans les quatre cellules, il n’y a au total que 24 prévenus, les couloirs et les grilles ont été repeints en blanc, alors que les douches ont été réparées. De même, un parloir pour les visiteurs est en train d’être aménagé, muni d’un épais grillage de séparation. En principe, tout cela devrait aller de soi. Mais, au Liban, il est rare de trouver une maison d’arrêt décente. Le ministre a promis de s’occuper maintenant de la maison d’arrêt du Palais de justice de Beyrouth, avant de se tourner vers Saïda. C’est que, dans ce domaine, il reste encore beaucoup à faire, tant la justice a été longtemps le dernier souci des responsables. Mais l’apparence, si elle est importante, n’est pas tout. Il reste à réformer les mentalités. Et c’est à cela que se heurtent les magistrats de Baabda. Greffiers négligents, agents corrompus ou incompétents, fonctionnaires peu motivés, il leur est bien difficile de secouer «le désordre établi» et de rendre justice dans un climat aussi peu propice. A tel point que les magistrats ont souvent le sentiment de nager à contre-courant. Une matinée au palais est ainsi suffisante pour comprendre, que c’est ici que se retrouvent toutes les misères du Mont-Liban. Toutes les vilenies aboutissent ici et ce n’est plus que tentatives pour obtenir la relaxation de tel interpellé, suggestions pour clore tel dossier ou, au contraire, pour régler des comptes personnels par magistrats interposés... Bref, le quotidien de la justice au Liban. Mais lorsque, malgré tout, un juge réussit à redonner ses droits à une personne lésée, tout cela s’efface comme par magie...
Quatre mois après la tournée d’inspection du ministre Bahige Tabbarah, le Palais de justice de Baabda a fait peau neuve. Si le problème principal, celui du manque de place, n’a toujours pas été réglé, un grand effort a été accompli pour un meilleur aménagement des lieux et, surtout, pour plus d’efficacité. Même la maison d’arrêt du palais, hier pratiquement une...