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Actualités - ANALYSE

Un coup de thêâtre .. et peut-être une mise en scène

On se montrait hier à midi, juste après le coup d’éclat du président Nabih Berry, Place de l’Etoile, gentiment sceptique dans les cercles politiques quant à la spontanéité de cette scène de ménage autant que de théâtre… «En tout cas, notait sur l’heure un député, tout cela n’est qu’une «bombe sonore» qui fait plus de bruit ou de peur que de mal. Si d’aventure les intéressés ne devaient pas replâtrer eux-mêmes les choses, les décideurs y pourvoiraient rapidement. D’ailleurs ce n’est probablement pas par hasard que cette tragi-comédie a été représentée juste pendant le passage à Beyrouth de M. Farouk el-Chareh, façon de rappeler à Damas qu’ici même on aimerait discuter d’autre chose que du Sud… Mais une telle tempête dans un verre d’eau, une telle futilité à la libanaise, les dirigeants auraient tort de ne pas le pressentir, auraient le don de mettre les Syriens hors d’eux à leur tour si jamais on leur demandait un nouvel arbitrage… Cela fait des mois, voire des années, qu’ils s’égosillent à rappeler la troïka à l’ordre et voici qu’elle fait de nouveau des siennes, et de quelle scandaleuse manière!» Les proches de M. Berry soutenaient cependant à ce moment de la journée, à l’heure même du déjeuner officiel en l’honneur du ministre syrien, qu’il n’y avait aucun lien entre l’explosion de colère de leur chef à la Chambre et la visite de M. Chareh. Autrement dit que l’on n’avait pas voulu profiter de sa présence pour l’amener à se pencher sur les griefs que le chef du Législatif entretient à l’égard du président du Conseil et que jusque-là il gardait plus ou moins sous le boisseau. Mais le même député estimait pour sa part que «ce qui s’est passé n’a visiblement rien de fortuit. M. Berry pouvait attendre vingt-quatre heures pour faire parler la poudre, sauf qu’alors M. Chareh serait déjà reparti. Et même en principe, à cause de la présence du ministre syrien, on aurait attendu de lui qu’il attendît. C’est donc tout à fait consciemment, et en fonction de cette même présence, qu’il s’est laissé aller à son mouvement d’indignation tempêtueuse…» «En tant que parlementaires, poursuit cette source, nous ne pouvons qu’applaudir à un sursaut qui se fait au nom de la dignité d’une Chambre que le président du Conseil traite par-dessus la jambe en oubliant les promesses qu’il lui fait. Mais en tant que politiciens roués aux ficelles du métier, nous ne pouvons qu’être sensibles au fait révélateur que dans son emportement, très personnel, M. Berry ne cessait de répéter «al taahoudât, al taahoudât…», ce qui signifie «les engagements» mais aussi «les adjudications» ou même par extension «les contrats». Il y a des assurances qui ont été données, qui n’ont pas été tenues. De plus il semble que M. Hariri ait pris nombre d’initiatives ces derniers temps sans consulter M. Berry. Ce qui est assez paradoxal à un moment où le premier ministre déploie toute une campagne de concertations élargies. Mais il est difficile de croire, encore que cela soit possible, que le président Berry ait été aussi loin simplement pour des questions d’amour-propre légèrement froissé. Il y a plus sans aucun doute: d’après ce que ses proches laissent entendre, M. Berry n’a, pour commencer, que mal digéré l’affaire de la traduction en Cour de justice de cheikh Sobhi Toufayli. Les cadres d’Amal pensent par ailleurs qu’au départ on aurait pu éviter le drame de Aïn Bourday et qu’il n’était pas besoin de mettre toute une région en état d’alerte, surtout que cela s’est fait politiquement à l’avantage du Hezbollah. Au mécontentement de M. Berry, indique ce député, on peut ajouter l’irritation du chef de l’Etat qui, selon nos collègues hraouistes, voit lui aussi d’un mauvais œil les initiatives que le chef du gouvernement prend en solo, sans le consulter. Notamment au sujet du remplacement du commandant en chef de la gendarmerie, que M. Hariri bloque toujours. Sur le plan socio-économique, les hraouistes reprochent également au président du Conseil d’avoir plaidé devant les organismes économiques pour une gestion et pour des priorités devenues indéfendables, en tentant de faire porter le chapeau à d’autres et en laissant entendre, contre toute logique, qu’il n’y a aucun gaspillage au niveau des deniers publics. Les hraouistes en veulent surtout au président Hariri, conclut ce député, parce qu’il a dit aux hommes d’affaires que pour le moment il n’y a pas grand-chose à faire et qu’il faut attendre la fin du présent régime…»
On se montrait hier à midi, juste après le coup d’éclat du président Nabih Berry, Place de l’Etoile, gentiment sceptique dans les cercles politiques quant à la spontanéité de cette scène de ménage autant que de théâtre… «En tout cas, notait sur l’heure un député, tout cela n’est qu’une «bombe sonore» qui fait plus de bruit ou de peur que de mal. Si...