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Actualités - ANALYSE

Sud : peut-être un rôle pour l'ONU ...

Le relativement nouveau secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, vient, à travers son succès en Irak, de rendre à cette vieille dame une partie du prestige qu’elle avait du temps de Hammarskjöld. Il a réussi à écarter le spectre, toujours menaçant, d’une guerre qui aurait sans doute fauché des milliers de victimes innocentes. Les Etats-Unis, dont on disait pourtant qu’Annan était l’homme, en restent sur leur faim belliciste et devront maintenant attendre une faute de Saddam Hussein pour expérimenter leur nouvel arsenal de missiles sophistiqués sur le cobaye arabe. En 1991, l’ONU n’avait pas pu faire appliquer pacifiquement ses résolutions et c’est par la force, au terme de la «Tempête du Désert», que Saddam avait été extirpé du Koweït qu’il avait envahi. Il y a donc progrès et le Palais de Verre apparaît aujourd’hui comme une alternative démocratique plausible au règne impérial, pour ne pas dire colonial, des grandes puissances, Etats-Unis en tête. Le secrétariat général, après son triomphe diplomatique à la fois sur Saddam et sur Clinton, semble capable de prendre en charge bien d’autres crises qui sont de la compétence de l’ONU, pour peu que le Conseil de Sécurité veuille lui remettre mandat à cet effet. Car on ne peut oublier que sans une telle procuration, le secrétaire général n’a aucun pouvoir d’initiative et doit se contenter d’un rôle de simple exécutant. Tout cela pour dire que Beyrouth attend maintenant de Kofi Annan qu’il se penche de près sur le cas du Liban-Sud, pour y engager, avec l’éventuelle bénédiction du Conseil de Sécurité, une procédure de libération. On sait en effet qu’Israël propose des arrangements de sécurité, que Beyrouth refuse de traiter en direct mais qu’il n’aurait pas d’objection à ce que les mécanismes de retrait soient arrêtés par les Israéliens et une tierce partie, l’ONU de préférence puisqu’en tout cas elle est impliquée sur le terrain à travers la FINUL. D’ailleurs, de source informée, on indique que le palais Bustros a l’intention d’entrer sous peu en contact avec M. Annan pour explorer les possibilités d’une initiative qu’il prendrait sans tarder au Sud. Mais, a priori, les Américains, qui soutiennent grosso modo les positions israéliennes surtout en ce qui concerne le Hezbollah qui est aussi leur bête noire à eux, ne semblent pas disposés à favoriser une telle voie de règlement. D’ailleurs, selon des rapports diplomatiques parvenus à Beyrouth, Washington commencerait à voir Kofi Annan d’un mauvais œil. Non seulement parce qu’il l’a en quelque sorte doublé comme on dit dans l’affaire irakienne, mais aussi parce qu’il aurait la mauvaise manie de consulter, à chaque incidence, tous les membres du Conseil de Sécurité et pas seulement les Américains ou les cinq Grands qui occupent des sièges à titre permanent. En ce qui concerne le Liban-Sud, le secrétariat général en tant que tel a un handicap: le prédécesseur d’Annan, M. Boutros Boutros-Ghali, avait eu «l’impudence» de publier le rapport d’une commission d’enquête accablant Israël pour le massacre de Cana, et cela lui avait coûté son poste, Madeleine Albright, alors en poste à New York, ayant tout fait pour l’empêcher d’être réélu au bout de son mandat de cinq ans. A priori donc, Washington n’aimerait pas trop que les Nations Unies s’occupent de ce dossier où sa propre responsabilité, dans le sens de culpabilité, est assez lourde. Surtout que, comme on le voit de plus en plus, c’est principalement la diplomatie française, elle-même peu appréciée des Américains, qui s’active actuellement dans le monde occidental et dans le cadre de l’ONU, pour trouver une solution permettant de redonner le Sud occupé au Liban. Il y a donc en bonne logique peu de chances que Kofi Annan ou un délégué puisse traiter le dossier du Sud… …Sauf si Netanyahu, qui vient lui-même de contester le rôle américain dans la région ( ! ), à propos du volet palestinien, décide de court-circuiter Washington et de se tourner vers New York. Mais encore faudrait-il que le premier ministre israélien, qui semble brûler d’envie de se tirer du guêpier libanais, renonce aux conditions rédhibitoires qu’il pose. Et que l’ONU, pas plus que Beyrouth, ne peut admettre, sauf si on devait tirer un trait sur la 425… Ph. A.-A.
Le relativement nouveau secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, vient, à travers son succès en Irak, de rendre à cette vieille dame une partie du prestige qu’elle avait du temps de Hammarskjöld. Il a réussi à écarter le spectre, toujours menaçant, d’une guerre qui aurait sans doute fauché des milliers de victimes innocentes. Les Etats-Unis, dont on...