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Actualités - CHRONOLOGIE

Irak-ONU : Washington satisfait des clarifications sur l'accord Les appels se multiplient pour une levée des sanctions

La tension a continué à baisser hier sur le «front» irakien: le département d’Etat s’est déclaré satisfait des clarifications obtenues sur l’accord conclu entre Bagdad et le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. Dans le même temps, les appels à un dialogue direct et à la levée des sanctions se multiplient, alors que le réglement intervenu sur l’inspection des sites dits «présidentiels» semble loin de faire l’unanimité aux Etats-Unis . Le président Bill Clinton s’était entretenu mardi soir par téléphone avec le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, au sujet de l’accord signé lundi à Bagdad, a indiqué, mercredi un porte-parole de la Maison-Blanche. Washington a aussi reçu l’assurance que l’accord serait «mis à l’épreuve très rapidement», c’est-à-dire que des inspections de sites présidentiels auront lieu «dès que possible», a ajouté le porte-parole du département d’Etat James Rubin. Il a reconnu qu’il «restait des détails à régler» et a cité la «délimitation des sites» à inspecter, c’est-à-dire la question de savoir si les inspecteurs auront accès à la fois aux bâtiments et au périmètre les entourant. L’accord garantit un «accès total» pour les inspecteurs mais les modalités ne sont pas encore tout à fait claires, a-t-il ajouté. Il a précisé que les Etats-Unis avaient obtenu «des clarifications (qui) vont dans la bonne direction» sur les points suivants: l Le président exécutif de l’UNSCOM (commission spéciale de l’ONU chargé du désarmement de l’Irak) Richard Bulter «aura le contrôle opérationnel» des inspections. l Des diplomates accompagneront les inspecteurs de l’UNSCOM, mais les «chefs d’équipes pour le groupe spécial (chargé d’inspecter les sites présidentiels) seront des inspecteurs de l’UNSCOM qui rapporteront» leurs conclusions à M. Bulter. l Le commissaire qui dirigera le groupe spécial sera choisi parmi les 21 commissaires de l’UNSCOM et aura avec M. Bulter la même relation «qu’un membre d’un conseil d’administration» (d’entreprise) avec le président de ce conseil». M. Rubin a aussi estimé que les Etats-Unis avaient «reçu des assurances» de la part des autres membres permanents du Conseil de Sécurité que si l’Irak viole l’accord, ils «soutiendront plus fermement une action militaire». L’accord ONU-Irak place les Etats-Unis «dans une situation où ils sont gagnants à tous les coups», a affirmé M. Rubin. Si l’Irak change réellement d’attitude, a-t-il souligné, la menace que font peser ses armes de destruction massive sera écartée, et s’il viole l’accord, «nous aurons alors un soutien plus important pour prendre des mesures beaucoup plus énergiques». Confirmant les «clarifications» obtenues, le secrétaire d’Etat Madeleine Albright, qui déposait devant une commission spécialisée du Congrès, s’est montrée pessimiste sur les chances de fomenter avec succès une révolte par l’intermédiaire de l’opposition irakienne, celle-ci étant «divisée», a-t-elle dit. Inspections Mercredi, douze équipes de l’UNSCOM ont effectué des inspections surprises dans plusieurs sites, a rapporté l’agence officielle irakienne INA. Le général Houssam Amine Mohamed, directeur du département de surveillance nationale, contrepartie irakienne de l’UNSCOM, cité par INA, a indiqué qu’une équipe spécialisée dans la maitenance des caméras de surveillance de l’ONU avait repris son travail sur deux sites en dehors de Bagdad. Les équipes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont par ailleurs poursuivi leurs entretiens avec les responsables irakiens, selon INA. A New York entre-temps, les membres du Conseil de Sécurité ont commencé à préparer un projet de résolution lançant une sévère mise en garde à Bagdad contre toute violation de l’accord de mardi. Selon une source diplomatique à Washington, les Britanniques et les Américains souhaitent aller vite et obtenir un texte du Conseil d’ici à la fin de la semaine afin de pouvoir «tester» rapidement, sur le terrain, le respect des engagements irakiens. Hier, plusieurs voix se sont élevées pour réclamer un dialogue direct avec Bagdad et une levée des sanctions. Le roi Hussein de Jordanie a estimé que seul un tel dialogue pourrait régler durablement la crise. «Je suis quelque peu optimiste» sur la possibilité d’un dialogue direct entre responsables américains et irakiens, a déclaré le roi Hussein, dont les propos à une télévision arabe étaient publiés mercredi par la presse jordanienne. Ce dialogue «est nécessaire, sinon le processus» de règlement de la crise irakienne «va trébucher», en dépit de l’accord conclu par le secrétaire général de l’ONU, a estimé le souverain jordanien. Si les Etats-Unis ont «des exigences précises, qu’ils les présentent directement et qu’ils reçoivent directement la réponse de la partie concernée», sans quoi «les équipes d’inspection ne pourront pas accomplir leur mission», a ajouté le roi. Il a affirmé que cette proposition n’émanait pas de ses «vœux», mais qu’elle venait «de discussions avec les dirigeants américains». «Le dialogue avec Saddam Hussein est nécessaire tant qu’il est au pouvoir, quant à l’avenir, il revient au seul peuple irakien d’en décider», a poursuivi le roi. «Il existe un message clair, adressé par l’Irak aux Etats-Unis, en faveur d’un dialogue direct, depuis le début de la crise (du Golfe) en 1990. C’est ce que nous avons transmis et cherché ardement à metter en œuvre», a encore dit. Le chef de la diplomatie allemande Klaus Kinkel a estimé de son côté que les sanctions pouvaient être levées «si l’Irak remplit sans réverve ses obligations en matière de désarmement». Région explosive En France, le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine à jugé que déstabiliser l’Irak serait «irresponsable» en raison de l’instabilité de la région. Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire «Paris Match» à paraître aujourd’hui jeudi, M. Védrine affirme: «Cette région, (le Moyen-Orient) demeure potentiellement explosive: problème kurde, enjeux pétroliers, changements encore incertains en Iran, asphyxie du processus de paix. Déstabiliser en plus l’Irak serait irresponsable». «C’est pourquoi tous les dirigeants arabes souhaitent l’application des résolutions de l’ONU, mais étaient aussi hostiles à des frappes militaires contre l’Irak», ajoute-t-il. «Limiter la capacité agressive de l’Irak, voilà la vraie préoccupation des pays arabes», souligne-t-il. Quant au président Jacques Chirac, il a réaffirmé, en recevant à l’Elysée le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG) Jamil Hejaïlan, l’attachement de la France à l’application de l’accord de Bagdad. A sa sortie du palais présidentiel, M. Hejaïlan a rappelé que le CCG avait déjà «fait part de sa satisfaction» après la signature de l’accord sur le désarmement. «Nous espérons que cette crise sera la dernière», a-t-il déclaré. A Moscou, le ministre des Affaires étrangères Evgueni Primakov a estimé qu’un recours à la force contre l’Irak serait «injustifié» après les réactions «très positives» au Conseil de Sécurité de l’ONU à l’accord Irak-ONU. «Je suis enthousiasmé par les déclarations faites lors de la réunion du Conseil de Sécurité, où il y a eu des réactions très positives à l’accord signé entre la direction irakienne et le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan», a déclaré M. Primakov lors d’une conférence de presse à l’occasion de la visite à Moscou de son homologue iranien Kamal Kharrazi. Aux Etats-Unis même, l’accord est loin toutefois de faire l’unanimité. Ainsi, le chef de file de la majorité républicaine au Sénat, Trent Lott, a accusé M. Annan d’avoir porté un coup à la crédibilité de l’ONU en acceptant un compromis avec l’Irak. Il a jugé que les USA devaient rejeter l’accord conclu. Enfin, pour l’ancien secrétaire adjoint à la Défense Richard Perle, l’accord comporte des concessions majeures de la part des Etats-Unis et la seule solutioin au problème est de faire tomber le régime de Saddam Hussein en soutenant son opposition.
La tension a continué à baisser hier sur le «front» irakien: le département d’Etat s’est déclaré satisfait des clarifications obtenues sur l’accord conclu entre Bagdad et le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. Dans le même temps, les appels à un dialogue direct et à la levée des sanctions se multiplient, alors que le réglement intervenu sur l’inspection des...