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Actualités - CHRONOLOGIE

Une autocritique haririenne subtile et lourde de sens..

C’est clair: le mot d’ordre des décideurs est que, dans la perspective des présidentielles, il faut se rapprocher de ce que l’on appelle le camp chrétien. Ainsi, vendredi dernier, les délégués des associations chrétiennes qui rendaient visite au président Hariri en sa résidence de Koraytem ont eu la bonne surprise de l’entendre approuver la plupart de leurs remarques, pour critiques ou amères qu’elles fussent. Pour un peu, il allait même surenchérir… En toute simplicité, M. Hariri a avoué que les rôles ne sont pas ce qu’ils semblent être. Prenant assez étrangement la pose d’un opposant, il a tout bonnement déclaré en substance à ses interlocuteurs un peu ébahis que «l’équipe en place n’est pas un gouvernement au sens où certains l’imaginent. J’ai personnellement plus d’une observation à faire concernant le comportement ou l’action de certains de ses membres qui n’hésitent pas à adopter en solo telle ou telle position, au mépris de la cohésion ministérielle…». Et d’ajouter que «M. Hariri a un peu l’air de chercher des alliances nouvelles pour compenser la perte de celle de M. Walid Joumblatt. Il semble également vouloir entrer en compétition avec ce dernier pour ce qui est de gagner la sympathie de l’Est. Il a ainsi soutenu que le président Amine Gemayel et le général Michel Aoun peuvent rentrer quand ils veulent, sans problème. Comme si cela dépendait de lui… Quand il voit les réactions de l’Est à son égard, M. Hariri n’est pas très content…». Ce qui fait que le président du Conseil a presque reproché aux instances chrétiennes, sur un ton douloureux, de ne pas se tenir à ses côtés, de ne pas partager ses soucis nationaux, en d’autres termes, de ne pas participer à la vie publique, de ne pas assumer leur part de responsabilité dans le redressement, etc. Oubliant que l’on a cessé depuis Taëf d’inviter le convive chrétien au banquet, le maître de céans a été jusqu’à imputer à l’Est la dégradation de la vie politique dans le pays! Par courtoisie, aucun de ses visiteurs ne l’a contredit sur-le-champ, mais, à partir de ce moment, le dialogue a été parfois assez âpre… Taëf et ses suites Ses interlocuteurs ont quand même rappelé au chef du gouvernement que, dès le départ, on s’est éloigné des accords de Taëf et qu’on les a tronqués à satiété, avant son avènement comme sous sa propre direction. Ils ont énuméré différents grands exemples comme les deux opérations législatives de 92 puis de 96 ainsi que la formation des Cabinets qui se sont succédé depuis 1989 ou encore les nominations de fonctionnaires de première catégorie et autres signes de déséquilibre politique comme de discrimination délibérée. Ils ont redit tout ce qui n’avait pas été appliqué dans Taëf, tout ce qui, par contre, a été inventé pour aggraver la césure au profit des décideurs et ainsi de suite. Ils ont enfin dénoncé les atteintes flagrantes aux constantes nationales comme l’entente... Toujours est-il que les délégués des associations «ont eu l’impression, indique l’un d’eux, que le président Rafic Hariri n’est plus en politique le néophyte qui navigue à l’aveuglette. Il a aujourd’hui l’air d’avoir un plan déterminé, de savoir ce qu’il veut et où il va. Pour le moment, sa direction c’est l’Est, car il y a les présidentielles en vue; mais si on devait s’en passer au profit d’une prorogation, il est tout à fait possible qu’il change de cap, pour suivre les orientations de la boussole qu’on connaît bien…». Cette source méfiante ou plutôt expérimentée indique qu’en ce qui concerne la loi électorale, «le chef du gouvernement plaide pour le Liban circonscription unique. Il soutient que cela faciliterait le brassage national. Sous prétexte qu’elle favoriserait le confessionnalisme, il rejette catégoriquement l’idée de circonscriptions réduites, formule de proximité que nous défendons nous-mêmes car elle assure une meilleure représentativité locale des élus. D’une manière qui nous a semblé assez utopique, M. Hariri affirme qu’il faut promouvoir la mise en place au Liban d’un système bipartite ou tripartite et nous lui avons remontré qu’on ne voit pas par quel artifice on pourrait y parvenir». Et de conclure en estimant que «M. Hariri, sous couvert de concertations élargies, veut peut-être trouver une faille, provoquer un débat, une controverse, une polémique sur un sujet politique quelconque. Pour pouvoir le cas échéant partir en claquant la porte et non sous la pression de la grogne populaire provoquée par sa gestion socio-économique». Une conclusion qui se veut «fine», mais qui paraît assez absurde dans la mesure où le président du Conseil est tout simplement inamovible. Tant que les décideurs ainsi en décident… Ph.A-A.
C’est clair: le mot d’ordre des décideurs est que, dans la perspective des présidentielles, il faut se rapprocher de ce que l’on appelle le camp chrétien. Ainsi, vendredi dernier, les délégués des associations chrétiennes qui rendaient visite au président Hariri en sa résidence de Koraytem ont eu la bonne surprise de l’entendre approuver la plupart de leurs remarques,...