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Actualités - ANALYSE

La campagne de la Ligue pour l'entente : un rêve ancien

La Ligue maronite s’efforce, à travers des rencontres de concertation avec les députés et les ministres de la communauté, d’établir une plate-forme basée sur les constantes nationales comme la souveraineté, l’indépendance et l’entente. Ce document de travail serait ensuite soumis pour approbation aux pôles de l’ensemble du camp chrétien, avant d’être discuté avec les mahométans, en vue d’un nouveau pacte moral fondé sur un dialogue permanent. Un projet très ancien, un vieux rêve que beaucoup de parties ont caressé avant, pendant et après la guerre, et qui a souvent donné lieu à des «initiatives» marquées par des «tournées des grands ducs», des colloques et autres congrès «nationaux». Naturellement sans grand effet, si l’on excepte certaine tentative du genre qui avait pour nom Taëf… Il est donc très évident que la démarche de la Ligue peut paraître un brin utopique. Les intéressés le savent, mais savent aussi qu’il est nécessaire de faire quelque chose. Pour sortir les chrétiens du ghetto politique où on les tient parqués. Mais aussi, mais surtout, pour obtenir d’abord qu’ils s’entendent entre eux avant de parler avec les musulmans. Une première tâche qui n’est déjà pas facile, pour commencer, au niveau de la seule communauté maronite dont les rangs sont diversement divisés. Il faut donc rechercher des dénominateurs communs permettant d’unifier les rangs chrétiens et de déboucher ultérieurement, après dialogue avec les mahométans, sur une vraie union nationale. En paroles ce n’est pas difficile, mais en pratique il en va autrement. Car chacun interprète à sa manière les principes généraux, à partir de priorités tout à fait différentes: il va sans dire que si l’Est place avant toute chose la souveraineté telle qu’il l’entend, pour l’Ouest la «fraternité» disons arabe compte le plus, comme c’était d’ailleurs déjà le cas au début des années soixante-dix quand l’OLP était encore là… Mais avant d’en venir là, il existe également des sujets, des options sur lesquels les chrétiens sont loin de s’entendre, des points de litige voire de friction entre eux. On sait ainsi que Taëf est loin de faire l’unanimité à l’Est où ses partisans tombent du reste, aux dires du «front de refus» radical, dans une contradiction flagrante: ils réclament en effet tout à la fois «l’application complète» et la «révision totale» de ces accords. En pratique cependant toutes les composantes de ce camp se retrouvent à quelques nuances près, autour de certaines revendications de base: — Retrait israélien du Sud qui serait pris en charge par l’armée libanaise. — Départ, ou au moins redéploiement sur la Békaa, des forces syriennes. — Récupération de la souveraineté libanaise sur l’ensemble du territoire par le truchement des seules forces régulières nationales. — Consécration de relations bilatérales basées sur la confiance et la réciprocité avec la Syrie. — Retour des déplacés de la montagne. — Abolition des déséquilibres politico-confessionnels au niveau du partage du pouvoir; élaboration, dans le même ordre d’idées, d’une loi électorale non discriminatoire… Le gros écueil, et en même temps le plus délicat, c’est bien entendu les relations avec Damas. Certains leadership maronites estiment qu’il faut lui tendre la main, pour traiter les problèmes en suspens dont le rééquilibrage sur la scène locale, sans poser de conditions préalables. Ils affirment que le seul fait de manifester une volonté de rapprochement sincère inciterait certainement Damas à faire de même. Usant d’une image bucolique, l’un des partisans de cette ouverture affirme qu’il faut «se rendre à Damas avec un panier vide pour en revenir avec un panier plein de fruits». Ce qui est une façon de répéter qu’il ne faut pas poser de conditions aux Syriens «ni demander à savoir d’avance ce qu’on pourrait en obtenir, comme le font certains qui ont peur de perdre leur popularité s’ils engagent le dialogue sans savoir à quoi il va aboutir», ajoute la même personnalité dont le point de vue est qualifié de «tout à fait illogique» par un opposant qui rappelle que «s’il n’y avait pas de conditions à poser, cela signifierait que tout va déjà pour le mieux dans le meilleur des mondes et qu’il n’y a pas de contentieux entre les deux parties, ce qui n’est pas du tout le cas. On ne peut pas non plus reculer des siècles en arrière et attendre que «le souverain octroie» ses grâces, d’autant qu’en l’occurrence il s’agit de droits spoliés par d’autres parties libanaises qui se réclament, à tort ou à raison, de l’appui de Damas». Comme on voit, les divergences de vues sur la question des relations avec la Syrie restent très vives à l’Est. Il n’en reste pas moins que, selon des sources informées, et pour en revenir à la Ligue, cette dernière pourrait elle-même envisager des contacts avec Damas, une fois terminée sa mission de concertations actuelles. E.K.
La Ligue maronite s’efforce, à travers des rencontres de concertation avec les députés et les ministres de la communauté, d’établir une plate-forme basée sur les constantes nationales comme la souveraineté, l’indépendance et l’entente. Ce document de travail serait ensuite soumis pour approbation aux pôles de l’ensemble du camp chrétien, avant d’être discuté...