Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Dish City

Les négociations de la dernière chance pour éviter des bombardements sur l’Irak ont été un coup médiatique pour Bagdad qui n’avait plus vu autant de journalistes depuis la guerre du Golfe de 1991. Toutes les grandes télévisions américaines étaient là, installant leurs stations d’émission sur une terrasse du ministère de l’Information. Avec des dizaines d’antennes, l’endroit était devenu «dish city» (la cité des paraboles). CNN, la chaîne câblée choyée par l’Irak toujours en quête de moyens pour se faire mondialement entendre, mais aussi les grands réseaux, CBS, ABC, NBC et Fox, aux côtés de la BCC, des autres européens, des Japonais, sont présents à Bagdad. Des équipes de télévision chinoise et russe apprenaient aussi l’art de placer les caméras à temps pour ne pas rater un briefing au quartier général de l’ONU ou une conférence de presse irakienne. 254 journalistes et techniciens étaient entassés dans un centre de presse bondé quand le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan en a amené de New York une soixantaine de plus avec lui, dans deux avions. M. Annan a confié à des journalistes qu’il croyait que cette affluence avait aidé les Irakiens à sortir de leur isolement. «Je pense que votre présence et celle de vos collègues ont été importantes pour eux. Quand j’en ai parlé avec Tarek (le vice-premier ministre irakien Tarek Aziz), il était très content. Il a dit que la dernière fois qu’il avait vu autant de journalistes, c’était avant la guerre» du Golfe. Un zoo Le centre de presse du ministère de l’Information se transformait à vue d’œil pour abriter les nouveaux arrivants, dressant jour après jour de nouvelles cloisons pour créer des cabines louées de 500 à 3.000 dollars par mois selon la surface. CNN a carrément loué l’entrée du ministère pour en faire son bureau permanent. Mais ce n’était pas suffisant. «C’est un zoo ici», s’est exclamée aimablement une journaliste de New York en découvrant ses collègues et les guides irakiens entassés sur des fauteuils défoncés et crasseux autour d’un vieux téléviseur. Les installations étaient limitées et sommaires, la demande énorme, les profits substantiels pour le ministère: cent dollars par jour par reporter, 150 par équipe de télévision et 1.250 si elle possède une station d’émission par satellite. L’air chafouin, armé d’un grand livre de compte, le «Père Dollar» (Abou Dollarat) se faufilait dans la cohue pour percevoir la taxe, refusant cependant de révéler le montant de la recette quotidienne. Les plus gros médias ne rechignaient pas à la dépense et les autres ne pouvaient que suivre. Comme toujours, les chaînes américaines avaient déployé une logistique écrasante. Les Etats-Unis menaçant de détruire les stocks et les unités de production d’armes chimiques et bactériologiques, les médias américains avaient reçu des masques à gaz et des combinaisons anti-agents chimiques. CNN avait entassé des casques et des gilets pare-balles, et fait des réserves d’eau et de vivres. «Nous prenons les précautions habituelles dans toutes les situations potentiellement dangereuses, que ce soit en Somalie ou dans la guerre du Golfe», a souligné Robert Wiener, coordinateur en chef de CNN (senior executive producer).
Les négociations de la dernière chance pour éviter des bombardements sur l’Irak ont été un coup médiatique pour Bagdad qui n’avait plus vu autant de journalistes depuis la guerre du Golfe de 1991. Toutes les grandes télévisions américaines étaient là, installant leurs stations d’émission sur une terrasse du ministère de l’Information. Avec des dizaines...