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Actualités - ANALYSE

Le projet de mariage civil : une source évidente de conflits

Il est clair que la précarité de la situation actuelle ne permet guère d’entreprendre une action susceptible de provoquer des dissensions dans le pays, indiquent certains milieux politiques. Pour cette raison, les questions essentielles et décisives doivent nécessairement faire l’unanimité au sein du gouvernement. Parmi ces questions: l’amendement de la Constitution, le budget de l’Etat, les accords et traités internationaux, les projets de développement à long terme, la nomination des fonctionnaires de première catégorie, la dissolution de l’Assemblée nationale, la loi électorale, les naturalisations, le statut personnel, et la démission des ministres. L’exemple du vote de la loi électorale en 1992 et 96 est la preuve qu’une telle démarche effectuée en l’absence d’un consensus peut avoir des conséquences très graves. En effet, une partie non négligeable de la population s’était abstenue de participer à l’époque aux deux opérations électorales, créant de ce fait un climat de frustration. De même, lorsque le président Nabih Berry a proposé au Parlement de former une Commission nationale pour la déconfessionnalisation politique, conformément à la Constitution, il fut contraint de faire machine arrière en raison de l’opposition de nombreux milieux à son idée. Dans le même ordre d’idées, à l’instar de M. Berry, il convient que le président Elias Hraoui cesse momentanément d’insister sur l’adoption de son projet de loi sur le mariage civil facultatif. De fait, même si cette idée jouit sans doute d’un appui populaire incontestable, il est peu probable qu’elle obtienne le soutien de la majorité gouvernementale et parlementaire. Or, si le projet en question est rejeté, il le sera pour longtemps. Mieux vaut donc suspendre le débat à ce sujet, il sera toujours temps de le reprendre. L’attitude du patriarche maronite à cet égard est sage et claire: le cardinal Sfeir a affirmé qu’il ne consentirait au mariage civil que si les musulmans l’approuvent et ce, dans le but de sauvegarder l’entente nationale et la coexistence dans le pays. Défenseur acharné du mariage civil, M. Raymond Eddé lui-même a dû se rétracter en 1966, lorsqu’à l’Assemblée nationale, le président Rachid Karamé s’est adressé à lui en ces termes: «Amid! Le mariage civil est une atteinte au Coran, pourquoi vous fatiguez-vous donc ?» Et M. Eddé de répondre: «Je ne me permettrai pas de porter atteinte au Coran; je retire donc mon projet». Mais un an et demi plus tard, le Amid du Bloc national revenait à la charge auprès des patriarches maronite et grec-catholique, de l’imam chiite et du cheikh Akl druze qui finirent tous par admettre l’idée du mariage civil. Restait le mufti cheikh Hassan Khaled qui n’avait pas cessé de s’y opposer. On comprend donc le soutien de M. Raymond Eddé au chef de l’Etat car, pour lui, le mariage civil contribue à la réalisation de l’intégration nationale et à la déconfessionnalisation des esprits. De son côté, le président Berry affirme approuver le projet. Toutefois, il nécessite, selon lui, une campagne d’explications exigeant beaucoup de patience et de doigté. Le chef du Législatif ajoute qu’il prendra position à l’égard de ce projet lorsqu’il lui sera soumis. Or, M. Berry sait fort bien que le projet a peu de chances de lui parvenir dans la mesure où il doit être approuvé au préalable en Conseil des ministres. Difficile pour cette initiative de passer le cap de l’Exécutif d’autant plus que les présidents de la République et du Conseil doivent s’entendre là-dessus avant de passer au vote au sein du gouvernement lequel doit adopter le projet à la majorité des deux tiers... Ce qui semble bien difficile à l’ombre des circonstances précaires que vient attiser la crise irakienne... E. K.
Il est clair que la précarité de la situation actuelle ne permet guère d’entreprendre une action susceptible de provoquer des dissensions dans le pays, indiquent certains milieux politiques. Pour cette raison, les questions essentielles et décisives doivent nécessairement faire l’unanimité au sein du gouvernement. Parmi ces questions: l’amendement de la Constitution, le...