L'armée jordanienne ratisse Ma'an maison par maison à la recherche d'armes (photos)

L’armée jordanienne a investi hier la ville de Ma’an et y a commencé une opération de recherche d’armes à la suite de deux jours d’affrontements entre manifestants pro-irakiens et forces de l’ordre. «Cinquante patrouilles conjointes de l’armée et de la police ont entamé des opérations de recherche d’armes cachées dans toute la ville de Ma’an», à 200 km au sud d’Amman, a indiqué le ministre de l’Intérieur Nazir Rashid. Il a précisé que les unités de l’armée dépêchées à Ma’an «sont entrées dimanche à 04h00 (02h00 GMT) dans la ville où le couvre-feu a été imposé une demi-heure plus tard». De fait, on devait apprendre de source de sécurité que la police a saisi une quantité importante d’armes prohibées. Plusieurs dizaines de suspects ont rejoint la prison voisine de Jafr où sont détenus de nombreux prisonniers politiques. La ville a connu vendredi et samedi des affrontements entre manifestants pro-irakiens et forces de l’ordre en dépit d’une interdiction des autorités de descendre dans la rue. Un jeune homme a été tué vendredi d’une «balle perdue» et 23 personnes, en majorité des policiers, ont été blessés en deux jours. Le roi Hussein s’est personnellement rendu à Ma’an où il a mis en garde contre «des complots visant la stabilité du royaume» et averti qu’une frappe militaire contre l’Irak menacerait l’existence même de la Jordanie. Le monarque hachémite a affirmé que l’armée était à la recherche d’armes et de groupes responsables des émeutes dans cette ville qui ont fait un mort et 23 blessés. Il a ajouté que l’armée et les forces de sécurité contrôlaient «totalement la situation à Ma’an où aucun incident n’a eu lieu depuis samedi soir». «Certaines parties souhaitent détruire et enterrer notre processus de démocratisation, ce qui est inacceptable», a-t-il précisé. Il a affirmé que la Jordanie ne permettrait «à quiconque de se considérer au dessus de la loi et de la sécurité», soulignant que «la voie du dialogue existait». Une source officielle a affirmé dimanche que l’opération de l’armée visait également «à empêcher l’infiltration d’éléments qui cherchent à créer le chaos et semer la discorde». «Nous soupçonnons des éléments liés à l’étranger de provoquer des affrontements à Ma’an afin de déstabiliser le pays», a ajouté la source officielle. Une figure de l’opposition jordanienne, le chef du syndicat des Ingénieurs, Leith Choubeilat, a été arrêté jeudi soir après une visite à Ma’an. Il est accusé par les autorités d’«instigation à la violence et d’atteinte à la sécurité de l’Etat». Communications coupées M. Choubeilat, islamiste connu pour ses sympathies envers l’Irak, avait prononcé un discours enflammé jeudi à Ma’an, au cours duquel il a encouragé la population «à braver l’interdit officiel et à manifester son soutien à l’Irak», ont indiqué des témoins. Le président irakien Saddam Hussein avait ordonné le 19 janvier la libération de tous les détenus jordaniens en Irak, après un entretien à Bagdad avec M. Choubeilat. «L’armée est à la recherche notamment de mitraillettes et de Kalachnikov en possession de la population et chaque maison à Ma’an sera fouillée», a affirmé le ministre de l’Intérieur. «Toute personne en possession d’armes sera arrêtée», a-t-il assuré, soulignant que «l’affaire est traitée avec la plus grande fermeté». Il a précisé toutefois que des «consignes ont été données aux militaires et à la police de traiter correctement la population lors des fouilles». Le ministre de l’Intérieur a affirmé que «l’armée n’a rencontré aucune résistance lors de son entrée dans la ville où le calme a été rétabli». Les communications téléphoniques nationales et internationales avec Ma’an étaient coupées dimanche. Selon des sources médicales, la plupart des 23 blessés qui souffraient de fractures, de contusions ou d’intoxication par gaz lacrymogène, ont quitté l’hôpital après avoir reçu des soins. Quatre policiers blessés par balles restaient hospitalisés dimanche, deux à l’hôpital de Ma’an, et les deux autres touchés respectivement à l’œil et aux deux jambes, à la Cité médicale d’Amman, où ils ont été transférés.