Le décret nommant un remplaçant au cheikh Akl druze a été annulé Hariri se réconcilie avec Bahjat Ghaith (photo)

Une nouvelle phase politique, marquée par une série d’initiatives du président du Conseil, s’est ouverte hier avec la visite effectuée par le cheikh Akl druze, Bahjat Ghaïth, à M. Rafic Hariri. Lundi, M. Hariri consacrera sa journée à des entretiens avec le président de la République et celui de l’Assemblée nationale, à la recherche d’une entente sur des sources de financement pour des projets sociaux indispensables, et notamment de la nouvelle échelle des traitements et salaires qui coûtera quelque 200 milliards de L.L. au Trésor. De même source, on estime probable une prochaine augmentation du prix de l’essence, mais dans une proportion raisonnable, qui ne devrait pas dépasser les 1.500 L.L. par bidon de 20 litres. Dans un développement inattendu, mais hautement significatif, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, a reçu hier à son domicile cheikh Bahjat Ghaïth. Cette visite s’inscrit dans le cadre du conflit politique opposant le chef du gouvernement au ministre des Déplacés, M. Walid Joumblatt, estiment les observateurs. M. Joumblatt, qui s’était opposé à la désignation de cheikh Bahjat Ghaïth, voici deux ans, s’en est violemment pris hier, dans une déclaration de presse, au «capitalisme sauvage» incarné par M. Hariri. Le rétablissement de cheikh Ghaïth dans ses fonctions intervient aussi à la suite d’une série de gestes d’ouverture de M. Joumblatt en direction des leaders maronites marginalisés à la suite de l’accord de Taëf. A l’issue de sa visite, cheikh Bahjat a déclaré qu’elle coïncide avec le deuxième anniversaire de décret pris en Conseil des ministres confiant à un haut fonctionnaire druze, M. Salman Abdel Khalek, la charge d’expédier les affaires courantes de l’instance religieuse supérieure de la communauté druze, ce qui avait été considéré comme un abus de pouvoir par cheikh Ghaïth, coopté par un conseil de cheikhs selon une tradition ancienne, au grand mécontentement de M. Joumblatt. «Nous avions demandé au président du Conseil de corriger cette anomalie, a déclaré cheikh Bahjat Ghaïth, aujourd’hui c’est fait, et un décret vient d’annuler les effets du premier». «Il s’agit d’une démarche de redressement qui se veut réunificatrice des instances islamiques et chrétiennes dans le pays, car nous avons tous besoin aujourd’hui d’unité, au service de l’intérêt supérieur du pays», a déclaré pour conclure cheikh Ghaïth, qui a exprimé l’espoir que cette mesure soit accueillie «sans crispation ou réaction négative» de la part de M. Joumblatt. Les Ligues chrétiennes Par ailleurs, M. Hariri a longuement reçu hier une délégation des «Ligues chrétiennes» présidée par M. Pierre Hélou, président de la Ligue maronite. Il a pratiquement été question de tout, au cours de cet entretien-marathon de trois heures, a souligné M. Hélou, des déplacés et de leur retour, de l’argent nécessaire pour financer le retour, de l’implantation, du décret de naturalisation (dont la Ligue réclame l’annulation), des dettes de l’Etat, de la nécessité de mettre fin au gaspillage, de l’importance d’une extension de la loi d’amnistie à certaines personnalités chrétiennes, de la représentation du leadership chrétien traditionnel et de son influence déclinante dans les administrations, etc.