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Actualités - ANALYSE

Les accords économiques syro-libanais : une formule de principe qui attend finalisation

C’est très étonnant: malgré la crise irakienne qui conduit le monde et la région à retenir leur souffle, les loyalistes affirment que les Syriens sont disposés à tenir bientôt un Conseil supérieur avec les Libanais. Histoire peut-être d’insinuer que les deux parties ont des nerfs d’acier, que ce ne sont pas les menaces américaines qui peuvent détourner leur attention de questions bilatérales comme la ratification des récents protocoles économiques conclus récemment et qui ont suscité à Beyrouth de sévères critiques, voire une levée de boucliers de la part de l’Est mais aussi d’opposants modérés de l’Ouest. Etant entendu que ces derniers ne s’en prennent pas au principe de tels accords mais à leurs effets potentiels, négatifs à leurs yeux pour les deux pays. Devant ces protestations, les haririens mettent de l’eau dans leur vin et croient devoir préciser que le président du Conseil n’a signé avec son homologue syrien M. Mahmoud Zohbi qu’une formule de principe, une plate-forme qui reste à finaliser et que le Conseil supérieur mixte doit approuver, en la retouchant au besoin, pour qu’elle devienne exécutoire. Il ne s’agirait donc, en pratique, que d’un projet d’accord, les loyalistes ayant eu la maladresse insigne de tenter d’exploiter l’événement comme un acquis à leur actif, doublé d’une marque de confiance tutélaire à porter à leur crédit. Faisant piteusement machine arrière, après les remarques des spécialistes dont Sélim Hoss, ils précisent qu’en réalité ce que les deux chefs de gouvernement ont paraphé n’était que le compte-rendu de la réunion qui les avait groupés et non un protocole en règle. Mais les points rendus publics n’ont pas que des détracteurs. Les industriels sont pour la plupart ravis et contre-protestent en s’indignant que l’on cherche à «politiser» un sujet aussi technique. Ils soutiennent que la formule retenue est tout à fait à l’avantage du Liban et que M. Hariri a bien raison d’y voir une réalisation historique. L’opposition pour sa part se demande en quoi, d’autant, relève-t-elle, que «le président du Conseil n’a pas pris la peine d’expliquer à l’opinion la teneur des accords ni d’en démontrer les bienfaits sur le plan économique». Ce à quoi les haririens répondent que leur chef a voulu laisser ce soin d’explications aux cercles économiques concernés et notamment aux industriels. Un tact qui laisse les observateurs dubitatifs car ils se demandent pourquoi, si les accords sont si avantageux et si les responsables en ont bien compris le sens, le pouvoir dit maintenant qu’ils ne sont pas définitifs… Toujours dans le cadre de cette controverse, les loyalistes affirment que la Syrie a fini par souscrire à des demandes que les Libanais répétaient inlassablement, sans résultat, depuis des années. Ils ajoutent que le gouvernement n’a fait que défendre le point de vue du secteur privé local. Ce qui n’empêche pas les opposants, notamment de l’Est, de voir dans cette démarche un pas de plus en direction d’une union entre les deux pays qui commencerait par le volet économique pour finir par le volet politique. Pour réfuter de telles appréhensions, une réponse-massue toute prête: presque rien des accords antérieurement conclus, notamment dans le cadre du fameux traité de fraternité et de coordination n’a été concrétisé à ce jour, même pas les différentes commissions mixtes censées se réunir cycliquement. Mais bien évidemment, les loyalistes ne peuvent pas user d’un tel argument pour se défendre et ne trouvent à dire que si la Syrie avait voulu avaler le Liban, elle l’aurait fait depuis longtemps et n’aurait pas, dans ce même traité de fraternité, reconnu pour la première fois officiellement les frontières de ce pays. Sur le plan pratique, les haririens notent qu’à l’avantage du Liban on va supprimer la taxe consulaire qui existe depuis les années quarante et qui n’a pas lieu d’être, puisqu’il n’y a pas de relations consulaires entre les deux pays. Ils ajoutent qu’on va progressivement réduire, à raison de 25% par an, les taxes douanières sur les produits libanais. Une mesure qui devrait favoriser la création d’une zone de commerce franche et d’un libre-échange. Toujours est-il que devant les demandes d’explications des opposants, le ministre de l’Industrie M. Nadim Salem va se dévouer demain vendredi et tenir au siège de la Chambre de commerce une conférence de presse pour décortiquer les accords à l’adresse de l’opinion publique. Ph.A-A.
C’est très étonnant: malgré la crise irakienne qui conduit le monde et la région à retenir leur souffle, les loyalistes affirment que les Syriens sont disposés à tenir bientôt un Conseil supérieur avec les Libanais. Histoire peut-être d’insinuer que les deux parties ont des nerfs d’acier, que ce ne sont pas les menaces américaines qui peuvent détourner leur attention...