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Actualités - ANALYSE

Les soucis financiers du gouvernement plus pressants que jamais

Le gouvernement s’est enferré, pour ce qui est de l’aide au développement des régions chiffrée à 991 milliards de LL, dans des promesses qu’il peut difficilement tenir. Pour le tirer de ce mauvais pas il compte, évidemment sans l’avouer, sur des développements régionaux qui prendraient la vedette et détourneraient l’attention des questions intérieures. Selon les experts, le gouvernement doit veiller de très près cette année à ne pas franchir la barre des 40% dans le déficit budgétaire, sans quoi la stabilité de la Livre serait en danger. En effet, les réserves en devises de la Banque centrale ne lui permettent de lutter contre une spéculation obstinée que quelques mois, quatre ou cinq au plus. En outre, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international menacent de couper les vivres au Liban, entendre de fermer le robinet des garanties pour des prêts ou des dons, si son déficit budgétaire n’est pas contenu dans les limites des 40%. Il deviendrait ainsi difficile, pour ne pas dire impossible, de décrocher l’emprunt de deux milliards de dollars que la Chambre a autorisé le gouvernement à contracter, soi-disant pour alléger le service de la dette intérieure en bons du Trésor. Les spécialistes se demandent donc où le gouvernement va pouvoir trouver les fameux 991 milliards destinés à Baalbeck-Hermel, au Akkar et aux villages «exodés» du Mont-Liban. Il n’est plus question de pressurer le contribuable par des surtaxes indirectes, car le plein est fait depuis longtemps. Sans compter que, selon des études de terrain, plus de 85% des Libanais économiquement faibles (un bon million) ont un revenu inférieur au salaire minimum intérieur garanti (Smig)! Il serait inutile de leur demander de payer plus cher ce que déjà ils ne peuvent plus se procurer. Comme on l’a vu lors de la tentative d’augmenter l’essence effectuée il y a quelques mois, toute nouvelle mesure fiscale indirecte se rajoutant aux augmentations prévues dans le cadre du barème numéro neuf risquerait de provoquer une grogne sociale pouvant aller jusqu’aux mouvements de rue. Dans ces conditions, les experts pensent que le gouvernement, bien en peine de trouver les moyens de financement nécessaires dans les quelques mois qui restent au présent régime, va geler les projets de développement promis. Il évitera ainsi de surcharger le Trésor par de nouvelles dettes creusant le déficit budgétaire. Et quant aux régions déshéritées, elles devront encore patienter, dans l’espoir que le prochain régime et le prochain gouvernement voudront s’intéresser à leur sort et d’une manière plus générale se montrer dignes de la confiance dont on voudra les créditer à l’intérieur comme au dehors… Il faut espérer, en effet, qu’on en finira avec la «république des camarades», du partage du gâteau, de la prévarication, du gaspillage, de la corruption qui restent impunis tant par la justice que par la Chambre. En pratique, tout le monde le sait, il n’y a cependant pas de vrai changement en vue car on ne voit pas qui peut bien déloger les protégés des décideurs accrochés au pouvoir. Ce ne sont pas non plus les opposants taëfistes qui peuvent vraiment faire la différence: leur «idéalisme» ne les empêche pas d’être «réalistes» au point de voter à chaque fois la confiance au gouvernement après l’avoir éreinté. Ils ne réclament même pas, par ailleurs, la mise sur pied de commissions parlementaires d’enquête, quand des scandales éclatent. Et cela sous le prétexte, qui en dit long, que les fameuses «circonstances régionales», toujours invoquées (et on sait ce que parler veut dire), ne leur permettent pas de faire trop de vagues. D’autre part, on voit mal comment le remaniement ministériel que le président du Conseil (qui ne réussit pas à obtenir le feu vert des décideurs) souhaiterait opérer pour larguer les frondeurs pourrait changer le fond des choses, si ce n’est en pire. Ceci étant, il n’est pas interdit de rêver: peut-être qu’à la faveur des prochaines présidentielles les décideurs, car tout dépend d’eux en définitive, voudront doter ce pays d’un meilleur système. A priori, cela semble cependant si peu probable qu’il n’est pas exclu qu’il y ait nouvelle prorogation pour la troïka tout entière. A cause, toujours, des «circonstances régionales»… E. K.
Le gouvernement s’est enferré, pour ce qui est de l’aide au développement des régions chiffrée à 991 milliards de LL, dans des promesses qu’il peut difficilement tenir. Pour le tirer de ce mauvais pas il compte, évidemment sans l’avouer, sur des développements régionaux qui prendraient la vedette et détourneraient l’attention des questions intérieures. Selon les...