Les palestiniens soupçonnent les USA de vouloir s'éloigner des accords d'Oslo

Un haut responsable palestinien a accusé dimanche les Etats-Unis d’être tentés de sortir du cadre des accords d’Oslo sur l’autonomie et a souligné que les Palestiniens s’y opposaient fermement. «Certains éléments de l’Administration américaine, responsables du processus de paix au Moyen-Orient, pensent que les propositions formulées par les Etats-Unis pour sortir de la crise ne doivent pas nécessairement être fondées sur les accords signés», a déclaré M. Marouane Kanafani. «L’Autorité palestinienne s’y oppose catégoriquement», a ajouté M. Kanafani, qui est le porte-parole du président Yasser Arafat et l’un des principaux négociateurs palestiniens. M. Kanafani n’a pas voulu nommer les responsables mis en cause. D’autres dirigeants palestiniens, parlant sous le couvert de l’anonymat, ont accusé les Etats-Unis d’être tentés de renoncer au troisième redéploiement militaire israélien en Cisjordanie prévu par les accords. Ces responsables ont aussi reproché aux Etats-Unis de ne plus insister vigoureusement sur la fin des «actions unilatérales», une allusion à la colonisation israélienne des territoires. Israël considère pour sa part que les accords d’Oslo lui donnent le droit de poursuivre la colonisation puisqu’ils ne l’interdisent pas explicitement. Officiellement, les Etats-Unis ont réclamé à Israël une «pause» dans la colonisation des territoires. Ils ont également «assuré la partie palestinienne qu’ils étaient engagés envers la troisième phase du redéploiement», a déclaré M. Kanafani, qui était aux Etats-Unis la semaine dernière pour des entretiens avec les responsables américains. M. Kanafani a souligné que ces contacts allaient se poursuivre au Proche-Orient ou ailleurs, mais qu’à ce stade, aucun sommet entre le président Arafat et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n’était envisagé. Compromis sur la Charte «L’Autorité palestinienne a assuré l’Administration américaine qu’elle était réellement désireuse d’appliquer les engagements pris et de contribuer sans réserve au succès des efforts américains, sur la base des accords signés», a-t-il dit. Cependant, «il n’y a aucune possibilité dans un proche avenir d’un sommet entre MM. Arafat et Netanyahu, avec ou sans une participation américaine, car le fossé qui les sépare est trop profond», a souligné M. Kanafani. Le processus de paix est dans l’impasse depuis un an, notamment en raison de la poursuite de la colonisation et du refus israélien de procéder aux deuxième et troisième phases de son redéploiement militaire hors des zones rurales de Cisjordanie. M. Netanyahu a posé toute une série de conditions à la mise en œuvre de la deuxième phase du retrait, notamment en la limitant à 10% maximum du territoire et en demandant aux Palestiniens de renoncer à la troisième. Les Etats-Unis ont proposé de façon informelle que le second retrait couvre 12% de la Cisjordanie et qu’il soit appliqué en trois étapes, mais les Palestiniens ont refusé. Selon M. Kanafani, cependant, un compromis serait possible sur d’autres conditions posées par Israël, notamment quant à la révision de la Charte nationale palestinienne. «Il est possible d’arriver à une entente sur (ces conditions) si le gouvernement israélien fait preuve de bonne volonté», a-t-il dit.