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Actualités - ANALYSE

Malgré certaines relances, statu quo sur le front ministériel

De temps à autre, comme prise d’une éruption d’acné juvénile, la caste politique locale s’enflamme pour l’idée d’un changement ou d’un remaniement ministériel… tentation aussitôt dissipée par un rappel à l’ordre des décideurs: pas question de toucher au statu quo avant les présidentielles. Prétexte officiel de ce blocage: la nécessité d’éviter au pays toute secousse inutile à un moment où il lui faut faire face à la fois à des difficultés intérieures et à des périls régionaux. Ces considérations n’ont pas empêché Tammam Salam de réclamer avec insistance un nouveau gouvernement qui inspire plus de confiance aux Libanais. Dès lors, ses dénégations concernant le fait qu’il n’aurait pas abordé ce sujet avec le président Hraoui lors de sa récente visite à Baabda sont accueillies avec un certain scepticisme par les milieux intéressés. D’ailleurs selon un ministre «le président de la République répète à qui veut l’entendre que les choses vont rester en l’état, malgré les efforts du président du Conseil pour changer d’équipe ou à tout le moins d’envoyer bouler une bonne dizaine de ses ministres, trop turbulents à son goût, pour les remplacer par des éléments plus disciplinés, au nom du principe de la cohésion gouvernementale. La coupe a en effet débordé pour le président Rafic Hariri, poursuit ce ministre, quand des membres du Cabinet, entraînant dans leur sillage de nombreux amis députés, ont été jusqu’à voter Place de l’Etoile contre le budget. Un camouflet cuisant, car il équivaut à un vote de défiance. Et n’était la crainte d’indisposer fortement les décideurs, la Chambre aurait peut-être rejeté le projet de loi des finances. Du jamais vu chez nous et qui constitue un des cas rares où la Constitution autorise l’Exécutif à dissoudre l’Assemblée. Les parlementaires n’ont pas osé aller aussi loin; n’empêche que le nombre de ceux qui ont voté contre, qui se sont abstenus ou qui se sont dérobés en s’absentant à dessein, dépasse la majorité relative étriquée que le texte Siniora a recueillie. Comme l’apport des ministres réfractaires dans ce mouvement de fond n’est pas négligeable, il est juste d’estimer qu’il y a une crise véritable au sein du gouvernement. M. Salam apporte donc de l’eau au moulin de M. Hariri, à cette nuance près que le député de Beyrouth souhaiterait sans doute qu’à l’occasion d’un changement on se passe également des services de l’actuel premier ministre, peut-être pour solliciter les siens propres…» Reproches Après cette double ruade allègre, cette personnalité souligne que «M. Hariri ne fait qu’énoncer une lapalissade quand il constate qu’au Liban il n’y a pas un seul corps politique mais plusieurs. Cela va de soi d’ailleurs dans tout pays composite. Mais il est rare d’observer dans un espace aussi réduit la présence simultanée de dix sept communautés différentes, qui sont autant d’entités politiques distinctes. Il faut en outre leur ajouter une myriade de partis, de mouvements, de courants ou d’associations également politiques. Dès lors, ce n’est plus une mosaïque mais un éclatement cosmique, une nova, car l’ensemble manque de composition et va dans tous les sens. M. Hariri précise que dans de telles conditions de désagrégation on ne peut tenir un gouvernement qui manque totalement d’unité pour responsable en tant que tel. Il devrait s’en sentir soulagé. Sauf qu’il y va un peu de sa faute: il est très clairement dit en effet dans les articles constitutionnels définissant les attributions de chaque pouvoir, que c’est la présidence du Conseil qui détermine la politique du gouvernement et assure l’harmonie entre les ministères, donc entre les membres du Cabinet. Dans un système consensuel, il est évident qu’on ne peut pas empêcher les ministres représentant différents bords de soutenir des points de vue distincts, voire même opposés. Mais le président du Conseil doit savoir lier la sauce, tenir les choses en main, empêcher ou prévenir les débordements. C’est son rôle et si M. Hariri par manque d’expérience ne parvient pas à bien le tenir correctement, il n’a à s’en prendre qu’à lui-même». Et à prendre son mal en patience. Car avec la crise irakienne les décideurs sont moins que jamais enclins à permettre un changement ou un remaniement ministériel au Liban, toute leur attention étant braquée sur l’évolution de la situation régionale. C’est après le dénouement, quel qu’il soit, qu’on pourra savoir dans quel sens les choses vont s’orienter, s’il va y avoir des municipales, des présidentielles et un nouveau gouvernement, anticipé ou pas. D’ici là rien n’est sûr, pas même qu’il n’y aura pas une nouvelle fois de prorogation… E. K.
De temps à autre, comme prise d’une éruption d’acné juvénile, la caste politique locale s’enflamme pour l’idée d’un changement ou d’un remaniement ministériel… tentation aussitôt dissipée par un rappel à l’ordre des décideurs: pas question de toucher au statu quo avant les présidentielles. Prétexte officiel de ce blocage: la nécessité d’éviter au pays...