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Actualités - ANALYSE

Statu quo durable sur le front politique

Le ciel est lourd de nuages. Ici comme au-dessus de la Syrie. Damas craint en effet beaucoup pour l’Irak. Non pas qu’on y affectionne ce Saddam qu’on a combattu les armes à la main en 1991, mais parce que le forcing américain ouvre la voie à deux périls aussi redoutables qu’opposés: la création d’un Etat kurde et pour contrer un tel projet l’annexion par la Turquie du nord de l’Irak, dont Kirkouk et Mossoul. Après quoi ce serait sans doute une réaction en chaîne dans toute la région qui se disloquerait en mille morceaux… Surtout si Israël, qui s’en frotte les mains à l’avance, entrait dans la danse directement, après avoir été publiquement autorisé par Cohen à frapper lui aussi l’Irak. Le danger se fait donc pressant et on comprendra facilement que, pour l’heure, Damas ne veuille songer à rien d’autre. C’est ce que confirment les visiteurs libanais retour de la capitale syrienne qui précisent que l’actuel Cabinet Hariri restera en place jusqu’à la fin du présent régime… Qui pourrait être elle-même reportée sine die, le cas échéant! Ce qui prouve, si besoin était qu’il ne faut jamais dire «fontaine, je ne boirai pas de ton eau» et que l’on a écarté trop vite, trop tôt, l’éventualité d’une deuxième prorogation du mandat de M. Elias Hraoui. «Même si le président devait partir fin novembre, ce qui n’est pas du tout exclu, on ne voit pas l’utilité de se mettre martel en tête pour changer de gouvernement à neuf petits mois de cette échéance et à quelques semaines des municipales» relève un loyaliste. Ce à quoi un opposant répond en rappelant qu’en général «pour des élections, et il y en aura deux cette année, on met en place une équipe gouvernementale spéciale, neutre, impartiale, surtout en ce qui concerne les municipales où l’enjeu politique qui est d’importance peut se déterminer sur place même…». Ce qui est une façon de souligner qu’en ce qui concerne les présidentielles, les parties libanaises n’ont pratiquement pas leur mot à dire, la décision revenant en définitive aux grands électeurs étrangers, les Américains et les Syriens principalement. Apaisement Toujours est-il que, selon les loyalistes, «les Syriens préfèrent certes qu’on ne touche à rien pour le moment sur la scène libanaise, qu’on ne fasse pas de vagues, qu’on mette de côté tous les sujets litigieux, tous les projets susceptibles de provoquer des remous. Mais ils n’auraient aucune objection à un changement de Cabinet, par exemple, s’il y a accord parfait à ce sujet entre les Libanais, notamment au sein de la troïka au pouvoir. L’essentiel à leurs yeux est qu’il n’y ait pas de conflits qu’ils devraient arbitrer et qui retiendraient une attention qu’ils doivent ces temps-ci consacrer tout entière au dossier régional». Et comme on voit mal se réaliser soudain une parfaite harmonie entre les pôles politiques locaux, y compris entre présidents, on en déduit que le changement de Cabinet n’est toujours pas dans l’air. Paradoxalement, à en croire l’un de ses détracteurs, «c’est le président Rafic Hariri que le maintien du statu quo déçoit le plus. Il rêvait en effet de remodeler son équipe et de larguer les ministres contestataires dont la plupart, c’est un hasard, ne sont pas des mahométans. Il avait donc présenté une mouture, en décembre dernier, aux décideurs qui s’étaient étonnés justement du fait que le président du Conseil s’en prenait plus particulièrement à des portefeuilles détenus par des chrétiens et qu’en outre il voulait confier ces maroquins à des hommes à lui. Il s’était vu alors reprocher par l’un de ses puissants interlocuteurs de vouloir exclure «des ministres qui sont censés représenter la rue chrétienne à son propre profit, ce qui est de nature à accroître ce stress de l’Est qu’il s’agit de soulager» dans la perspective des présidentielles sans doute. Partant de là , on a classé l’affaire et il n’a plus été question de remaniement ou de changement de gouvernement» conclut cet opposant. Une autre source, loyaliste pour sa part, indique que «les décideurs ont également adressé admonestations et conseils aux membres de l’équipe gouvernementale pour qu’ils fassent montre d’une meilleure cohésion, qu’ils causent moins de soucis au président Hariri et ne lui tirent plus dans les pattes, à un moment où il doit faire face aux attaques de l’opposition». Des recommandations qui semblent n’avoir pas eu un effet optimal, du moins sur M. Walid Joumblatt qui a choisi cette même phase pour virer de bord et rejoindre l’opposition, en ouvrant des lignes avec l’Est. Mais on est, à cause du mot d’ordre des décideurs de ne rien changer pour le moment, dans l’impasse. Ainsi on a pu entendre le président Hariri, selon des ministres-témoins, dénier à M. Akram Chehayeb le droit de discuter en Conseil des ministres de questions financières puisqu’il avait voté contre le budget gouvernemental. Et ajouter en prime que ce ministre aurait dû démissionner, pour être conséquent avec lui-même. «Une pique gratuite, dit un opposant, car tout le monde sait qu’il est interdit de rien faire et surtout pas de démissionner…». On tourne donc en rond et on continuera à le faire jusqu’aux présidentielles. Ou jusqu’à ce que la situation régionale se décante, sur le double front irakien et israélien… Ph.A-A.
Le ciel est lourd de nuages. Ici comme au-dessus de la Syrie. Damas craint en effet beaucoup pour l’Irak. Non pas qu’on y affectionne ce Saddam qu’on a combattu les armes à la main en 1991, mais parce que le forcing américain ouvre la voie à deux périls aussi redoutables qu’opposés: la création d’un Etat kurde et pour contrer un tel projet l’annexion par la Turquie du...