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Actualités - DISCOURS

A l'occasion de la fête de St-Maron célébrée dans tout le pays Matar : le Liban a besoin de liberté autant que d'eau et d'air (photos)

La communauté maronite a célébré hier dans toutes les régions du pays la fête de St-Maron. L’archevêque de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré la messe traditionnelle dans l’église St-Maron de Gemmayzé en présence des hauts responsables de la République à l’exception du premier ministre Rafic Hariri qui se trouve actuellement en Malaisie. Ont notamment assisté à l’office divin: le président de la République et son épouse, M. et Mme Elias Hraoui, le chef du législatif, M. Nabih Berry, le vice-président du Conseil, M. Michel Murr, représentant M. Hariri; les présidents Hussein Husseini, Sélim Hoss et Rachid el-Solh; les ministres Michel Eddé, Ayoub Hmayed, Elie Hobeika, Farouk Berbir, Fawzi Hobeiche, Hagop Demerdjian, Bahige Tabbarah, Bechara Merhej, Elias Hanna et Ali Hrajli, Mme Solange Béchir Gemayel, ainsi qu’un grand nombre de députés, de diplomates et de personnalités politiques. L’homélie de Matar L’archevêque de Beyrouth a axé son homélie sur les deux thèmes de la liberté et de la solidarité, rappelant aux gouvernants la parole de saint Paul selon laquelle «leur autorité est un instrument de Dieu pour le bien des gens, c’est-à-dire pour leur paix et leur liberté». «Notre pays a besoin de liberté autant que d’eau et d’air», a-t-il ajouté. Dans une allusion au projet de loi sur le mariage civil, le prélat a déclaré: «Nous appelons à un dialogue responsable où seront étudiés les projets proposés sur le statut d’état civil (...). Ce dialogue doit aboutir à la concrétisation des exigences de la liberté dans des articles de la Constitution, compte tenu toutefois des dispositions du peuple à les accepter». Il a en outre estimé qu’une «solidarité active et totale» devrait être «imposée par la loi au moyen d’impôts équitables propres à redistribuer le trésor public au profit des pauvres». Voici de très larges extraits de l’homélie de l’archevêque de Beyrouth: «Monsieur le Président, C’est pour nous une grande joie et un grand honneur de vous voir, comme chaque année, à la tête des priants, dans cette église élevée dans la capitale, Beyrouth, depuis plus d’un siècle au nom de saint Maron, patron et fondateur de l’Eglise maronite qui célèbre aujourd’hui sa fête. Notre joie et notre honneur sont d’autant plus grands qu’à cette occasion religieuse et nationale, vous êtes entouré de monsieur le président de l’Assemblée, de monsieur le vice-premier ministre, représentant monsieur le président du Conseil, de vos hauts collaborateurs, ministres, députés, magistrats, chefs militaires, responsables administratifs, des ambassadeurs accrédités au Liban et de la foule des fidèles qui témoignent tous, par leur présence à vos côtés, de l’amour qui unit les fils de cette patrie et qui soutient leur volonté de préserver ses fondements afin qu’elle puisse accomplir sa mission dans le présent et dans l’avenir. Nous prions Dieu de vous assister dans vos lourdes responsabilités au service du Liban, et d’affermir vos pas ainsi que ceux des autres dirigeants afin de conduire le pays avec tous ses fils au havre de paix. Nous avons le plaisir de vous annoncer le démarrage, ce mois même, des travaux de restauration de la cathédrale maronite Saint-Georges à Beyrouth. Nous savons que c’est un vœu qui vous est cher, monsieur le président, ainsi qu’à tous les Libanais. La cathédrale promet de redevenir dans deux ans ce qu’elle était à sa fondation vers la fin du siècle dernier, une belle maison de Dieu parmi bien d’autres qui rehaussent le centre historique de la capitale, et qui jouit d’une place aimable dans les cœurs, eu égard à ses liens avec les grands jours de la patrie où se révélait dans tout son éclat notre réalité spirituelle, humaine et sociale. De même que cette cathédrale a été le témoin infortuné des tristes événements qui ont secoué le pays durant ces dernières années de son histoire, de même, nous la voulons désormais témoin des jours radieux, seuls jours auxquels nous aspirons. Frères bien-aimés, les maronites se remémorent aujourd’hui la naissance de leur Eglise et la marche de leur histoire, riche d’une expérience de seize siècles, afin d’approfondir davantage les constantes qui ont empreint leur identité spirituelle depuis saint Maron, l’ermite qui leur a donné son nom. Par son appel à l’adoration du Dieu unique et à l’amour fraternel entre tous les hommes, sa renommée s’était répandue dans tout l’Orient entre le milieu du quatrième siècle et le début du cinquième. Les maronites se souviennent aussi de saint Jean Maron, leur premier patriarche, vers la fin du septième siècle, où l’Eglise maronite a connu une organisation indépendante qui a permis à ses fidèles de vivre la profonde expérience de la liberté religieuse faisant mûrir en eux, avec le temps, un amour passionné de la liberté humaine dans toutes ses dimensions. Dans ce parcours s’est esquissée l’identité maronite fondée simultanément sur l’ouverture et sur la liberté. C’est ce qui explique que les maronites ont cohabité jadis, et ne cessent de le faire, avec toutes les familles spirituelles du Liban et des pays environnants, et qu’ils cohabitent aujourd’hui avec tous les peuples des cinq continents, avec le même esprit et la même ouverture. Avec cela, ils se sont attachés à la pleine liberté, aussi bien pour eux que pour leurs frères, hier comme aujourd’hui, au Liban comme dans toutes les contrées où ils se sont installés et où ils ont trouvé une nouvelle patrie. Ainsi, toute lecture judicieuse de la spiritualité maronite nous engage à ne point dissocier dans celle-ci liberté et ouverture. L’isolationnisme n’a jamais été et ne sera jamais un attribut inhérent à la maronité, ni le désaveu de la liberté une attitude compatible avec sa conscience historique ou collective. Ce qui accroît notre foi dans cette chère patrie, le Liban, c’est que toutes ces familles religieuses se sont formées dans le même sens de la liberté et de l’ouverture, ce qui confirme l’unité profonde et authentique du pays, selon le dicton bien connu: «Qui se ressemble s’assemble». Cependant, le panorama historique et l’exploration de ses profondeurs ne détournent pas notre regard de notre vécu quotidien avec toutes ses difficultés et ses problèmes. Il se trouve qu’aujourd’hui nous faisons face à deux questions capitales d’ordre public, à savoir la question de la liberté et celle de l’engagement et de la solidarité sociale. Cela nous invite à les traiter avec l’esprit qui nous unit, peut-être trouverons-nous le chemin qui mène à prendre à leur égard la bonne position. S’agissant de la liberté, il convient d’abord de porter sur elle un regard global et de comprendre son histoire universelle et son développement depuis les anciennes époques jusqu’à nos jours. Nous saurons alors où nous en sommes de sa marche générale et quel avenir nous nous devons de construire pour la consolider. Les penseurs qui se sont intéressés à l’histoire de la liberté affirment que celle-ci a d’abord été connue dans les anciens temps, c’est-à-dire avant le Christ, par son visage collectif et non par son visage individuel et personnel. Elle était dans ces époques reculées une revendication au bénéfice du groupe, non à celui de l’individu. Après le christianisme et dans les temps moyens, la liberté s’est engagée dans une nouvelle expérience qui s’est concrétisée par la réclamation de la liberté en faveur des personnes avant la liberté pour les collectivités. Cela eut pour effet de faire évoluer les droits de l’homme et de consacrer les libertés personnelles sous toutes leurs formes, de la liberté d’expression à celle de l’action, de la politique à l’éducation et à l’économie. L’humanité en tira une grande richesse à laquelle il est impossible de renoncer en aucun cas. Cependant, ces deux visages de la liberté se sont trouvés, avec les grandes révolutions, en position de conflit. Ce qui a conduit les temps modernes à chercher une solution capable de concilier la liberté des personnes et celle des groupes, et inversement. Nous sommes persuadés avec les chercheurs que l’avenir de l’humanité poursuivra la recherche de cette conciliation en dépit des écueils plus ou moins grands qu’elle pourra rencontrer. Davantage encore, l’évolution de la liberté ne pourra jamais, dans l’avenir, aller que dans cette direction. A partir de là, il est demandé à tous les Etats du monde, dont naturellement le Liban, de ne pas permettre que régressent les acquis de la liberté, en redevenant des entités déifiées qui feraient elles-mêmes la vérité, alors que la vérité ne peut être que l’œuvre des peuples et de l’histoire. Quant à nous, nous nous attachons à ces acquis qui préservent à la fois la liberté du citoyen et celle de la cité. Nous rappelons ici aux gouvernants la parole de saint Paul selon laquelle leur autorité est un instrument de Dieu pour le bien des gens (Rm.13,4), c’est-à-dire pour leur paix et leur liberté. Cependant, notre attachement à la liberté personnelle dans toutes ses dimensions ne nous empêche pas d’avoir à son égard une attitude rationnelle. En fait, la liberté ne contredit ni la raison ni la morale, elle ne s’oppose à aucune des grandes valeurs reconnues, car l’homme pleinement libre n’est autre que l’homme pleinement accompli. La liberté dans sa forme négative n’est qu’une liberté primitive, semblable à celle des enfants qui disent non à toute chose. Tandis que la liberté dans son aspect positif est celle des hommes, elle arrive dans sa maturité à élaborer un projet de vie ou un projet de patrie où elle se retrouve et se mobilise pour le réaliser. C’est pour cela que les partisans de la liberté doivent s’attacher à leur patrie comme la patrie doit s’attacher à la liberté. Aussi bien appelons-nous à un dialogue responsable où seront étudiés les problèmes à l’ordre du jour et les projets proposés sur le statut d’état civil des personnes, et d’autres. Ce dialogue doit aboutir à concrétiser chez nous les exigences de la liberté dans des articles de la Constitution, compte tenu toutefois des dispositions du peuple à les accepter. Cela fera de notre Constitution, à l’image de la vie, une réalité solide et en constant renouvellement». Solidarité Et Mgr Matar de poursuivre: «Quant à l’autre engagement, celui de notre solidarité, il est un accomplissement de notre entité et une garantie d’unité pour notre pays dans sa marche vers le meilleur. Le citoyen ne peut être libre et heureux au moment où d’autres citoyens vivent la misère et le malheur. Nous remercions Dieu de ce que la solidarité entre tous les Libanais a fait du chemin au niveau de la pensée et du sentiment. Nous ne trouvons aucun Libanais aujourd’hui qui ne souffre de l’occupation de la patrie dans le Sud ou qui n’éprouve l’amertume de l’exode qui tourmente les déplacés. Certains d’entre eux sont délogés de leurs refuges par des verdicts de tribunaux alors qu’ils ne peuvent recourir eux-mêmes à la justice pour réintégrer les maisons et les propriétés dont ils ont été éloignés. Qui ne sent pas aussi le malheur des citoyens nécessiteux qui souffrent de la privation jusqu’à l’annihilation de leur humanité et de leur dignité personnelle? Nous sommes tenus de reconnaître, hélas, que cette solidarité affective n’a pas encore atteint le niveau de la solidarité active et totale pratiquée par la société dans un exercice rationnel et conscient, et imposée par la loi au moyen d’impôts justes propres à redistribuer le trésor public au profit des pauvres et à réduire peut-être le besoin de recourir aux emprunts. L’Exhortation apostolique de Sa Sainteté le pape Jean-Paul II a attiré notre attention sur tous ces points. Elle nous a recommandé d’opérer un passage qualitatif en partant d’une réconciliation complète entre tous les Libanais, du rétablissement des ponts qui se seraient rompus, de sorte qu’il ne reste plus dans le pays des îlots assiégés par la négligence ou l’indifférence, et que le pays avance dans l’édification d’une société moderne où se solidariseraient d’un même cœur et avec un engagement total ses riches et ses pauvres, ses commerçants et ses artisans, ses lettrés et ses paysans. Notre pays a connu, au cours des derniers événements, la désintégration et la déroute. Et vous avez œuvré, monsieur le président, avec tous les hommes sincères à rassembler les débris de la patrie et à unifier ses institutions. Vous avez rendu par là aux gens le sentiment de quiétude quant à leur sécurité, et vous avez entrepris un chantier de construction à tous les niveaux. Ces réalisations, les Libanais vous les doivent avec gratitude et remerciements, car ce qui a été réalisé n’aurait pu l’être sans votre sagesse et votre détermination à la reconstruction et à l’ouverture des portes de l’avenir à nos jeunes générations. La Constitution a de nouveau consacré, il est vrai, l’unité du territoire, du peuple et des institutions. Cette consécration juridique ne prendra corps néanmoins dans la réalité, avec toutes ses dimensions et ses significations, qu’avec la naissance d’une unité réelle entre les citoyens, propre à assurer et à garantir leurs intérêts. Nous ne redoutons pas la multiplicité des communautés religieuses dans notre pays. Celles-ci sont toutes de nobles familles spirituelles qui cherchent Dieu en l’adorant quoique par des voies différentes (...) L’unité de la terre libanaise suppose une unité et une similitude des niveaux de vie entre toutes ses régions. Et le peuple réalise son unité par l’égalité des chances offerte à tous ses fils...» «Chers frères, Notre pays a besoin de liberté autant que d’eau et d’air. Mais il a aussi besoin d’une solidarité aimante entre tous ses fils que favoriseraient les responsables de leur destinée et cela à travers leur propre solidarité dans l’exercice de leurs grandes responsabilités. Et si dans les veines de notre pays venait à circuler un seul sang en vue de dissiper les injustices, de faire valoir les droits et de faire triompher la raison contre les passions, notre comportement se modifierait à l’intérieur du pays, et notre collaboration avec nos frères des pays arabes serait plus active et plus efficace en vue de la réalisation de notre avenir commun tant souhaité», a conclu le prélat. Après la messe, Mgr Matar, les présidents Hraoui et Berry et le vice-président du Conseil, M. Murr, ont reçu les félicitations des fidèles dans le salon de l’église. Puis, l’archevêque de Beyrouth a offert un déjeuner en l’honneur du nonce apostolique, Mgr Antonio Maria Veglio.
La communauté maronite a célébré hier dans toutes les régions du pays la fête de St-Maron. L’archevêque de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré la messe traditionnelle dans l’église St-Maron de Gemmayzé en présence des hauts responsables de la République à l’exception du premier ministre Rafic Hariri qui se trouve actuellement en Malaisie. Ont notamment assisté...