Les médecines douces au Liban Sophrologie : la méthode relax

Dépressifs, migraineux, femmes enceintes mais aussi sportifs, étudiants avant l’épreuve devraient être de plus en plus nombreux à faire appel à la sophrologie. A en croire Lucie Koteit sa pionnière au Liban, cette méthode de relaxation du corps et de l’esprit est bourrée de bienfaits. Une sorte de technique magique qui vous procure un vaccin contre le stress. Lecteurs et lectrices, si vous somnolez en lisant cet article, c’est que l’objectif est atteint. C’est que la sophrologie a pour méthode de vous maintenir dans un demi-sommeil, entre l’engourdissement total et la veille ultrasensible, dans un «coma» délicieux. Bref, un nirvana de relaxation... Sophrologie? Le mot est trompeur. Il porte en lui la souffrance et le soufre, un peu de logique et de sophistication. Bref, un peu de tout. Alors késaco? Etymologiquement: du grec sos (harmonie) phren (esprit) et logos (étude). Elle constitue une étude de l’harmonie et de l’esprit. Dans les pays occidentaux, la sophrologie est en train de gagner du terrain dans les domaines les plus divers: pour préparer un accouchement, aborder un examen, une épreuve sportive, un débat télévisé, vite un coup de sophro! La méthode, semble-t-il, est payante, idéale pour lutter contre le trac, les migraines. Mieux, elle s’affirme chaque jour un peu plus nettement comme une alternative à la bonne vieille psychanalyse. De quoi faire grincer des dents et de voir surgir l’accusation de charlatanisme et de mode new age. Pour le moment, au Liban, on est loin de cela. Les quelques rares sophrologues pratiquent en douce, sans tapage publicitaire, préférant que les patients se passent leur adresse de bouche à oreille. Une certaine discrétion qui leur procure un moins grand nombre de patients certes, mais ils s’assurent ainsi d’éliminer les plaisantins ou les trop sceptiques. Après avoir suivi des cours et des stages de formation en Suisse, Mlle Koteit est rentrée en 1970, période où la sophrologie a rencontré beaucoup de succès chez nous. Science Mais en quoi consiste cette méthode au juste? La sophrologie est une science avec ses courants, ses tendances. Elle est née à Madrid en 1960, fille de l’hypnose comme la psychanalyse. Pas de la grande hypnose à la Charcot, appliquée à l’hystérie et qui sent toujours un peu le soufre, mais de la petite hypnose. «Nous traversons tous des foules d’états hypnotiques, tel que celui provoqué par la simple suggestion. Modifier sa vigilance, c’est se placer dans un état hypnoïde, pour ne pas dire hypnotique. La sophrologie agit de cette manière. Elle ouvre votre champ de conscience en utilisant des méthodes de relaxation du corps. Ce n’est pas une idée nouvelle, mais les années 60, avec leurs pèlerinages vers l’Inde, et la redécouverte de la phénoménologie ont remis tout cela au goût du jour.» — Comment agit le sophrologue? «Dans un premier temps, souligne Mlle Koteit, comme tout médecin, il tente de soigner, de faire cesser les douleurs. Puis, dans une approche plus analytique, il donne au patient la possibilité de se remémorer. Quitte à faire hurler les psychanalystes, le sophrologue profite de l’état sophronique pour aider le patient à faire revenir à la surface ses mémoires d’enfance, l’œdipe,etc.». — Vous faites référence au demi-sommeil? «Oui la sophrologie fait appel au niveau sophro-liminal: un état très large entre la veille et le sommeil. Nous passons tous dans ce niveau crépusculaire à l’instant du réveil et au moment de nous endormir. C’est un état dans lequel nous hésitons entre un niveau d’abandon total et une hypervigilance, où nous passons de l’un à l’autre dans un temps très court. On entre dans ce degré sophro-liminal par un entraînement simple dont nous maîtrisons le code rigoureux: la sophronisation de base». Cilentèle Qui a recours à cette méthode? Selon Mlle Koteit, toute personne ayant besoin d’apprendre à se détendre. Par exemple pour: atténuer l’anxiété, améliorer la qualité de sommeil, acquérir une meilleure concentration, développer la mémoire, récupérer en cas de fatigue ou de surmenage, soulager certaines douleurs musculaires, soutenir lors d’un état dépressif, renforcer l’harmonie d’un couple aux relations tendues. Bref, tout le monde. «Il y aussi ceux qui doivent surmonter une épreuve, sportive ou autre. Nous faisons alors appel aux techniques de visualisation. Nous aidons les patients à affronter en imagination et par avance ce qu’ils devront effectuer plus tard dans la réalité. C’est un travail sur le mental.» Egalement des patients qui souffrent. De toutes sortes de symptômes. On consulte pour soigner l’inquiétude, l’angoisse, le vague à l ‘âme, la détresse morale. «Ces gens ont, en général, eu recours à des tranquillisants qui n’ont rien résolu, qui les ont juste aidés à passer le creux de la vague. On vient me voir pour toutes les maladies qui empoisonnent la vie. Il faut alors s’occuper du réglage alimentaire, de la diététique». «Je traite de nombreux problèmes de dermatologie, les eczémas, tout ce qui gratte, s’exprime sur la façade, autrement dit la peau, puis l’hypertension, les douleurs. Les maladies psychosomatiques». C’est pour cela que le sophrologue doit ou bien avoir des notions de médecin ou travailler en collaboration avec un médecin qui commence par établir un diagnostic. Ensuite le sophrologue représente un plus par rapport à la médecine traditionnelle. La bioénergie donne des avantages considérables. Elle permet de s’adapter au stress. «Quant on dit je suis stressé, cela veut dire qu’on est fatigué, qu’on en a marre. en réalité c’est ce qui s’appelle le stress dépassé car le bon stress, c’est d’abord l’ adaptation. Avoir froid, frissonner, ce sont des stress utiles. Hélas, aujourd’hui on ne s’aperçoit du stress qu’une fois passé dans la phase d’épuisement. La sophrologie aide à développer les résistances, à éviter de recourir à l’épuisement et à la dépression qui en découle; ou aux symptômes plus graves encore: maladies cardiovasculaires, ulcère...» Comment se déroulent les séances? Après un entretien préliminaire destiné à établir une relation et à apprécier la motivation du sujet, le sophrologue propose une série de six étapes, de deux séances chacune. Au cours de la première séance, le corps se repose: le patient prend conscience de son corps et découvre les moyens nécessaires, mis à sa disposition, pour aboutir à la détente musculaire. Ensuite,l’esprit se libère: par les suggestions du sophrologue, le sujet est amené à déposer ses soucis et préoccupations. Puis la respiration s’harmonise; l’état de relaxation s’approfondit. Enfin, l’acquisition du réflexe s’installe: apprentissage qui permet la détente immédiate à n’importe quel moment de la journée, afin de maîtriser et d’assumer le stress quotidien. Coût de l’opération? 250 dollars. Et l’on se prend à rêver d’une société où tout le monde serait relax. Les embouteillages se transformeraient peut-être en un exercice géant de convivialité... Cool. Maya GHANDOUR