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Actualités - CHRONOLOGIE

Vivement critiqué par le leadership chiite, boudé par Joumblatt Hariri revient à une politique de développement plus réaliste Le chef du gouvernement diffère le projet des mille milliards au profit du plan, déjà approuvé, pour Baalbeck-Hermel (photo)

Au lendemain de l’approbation, par le Conseil des ministres, d’un ambitieux projet de développement des régions déshéritées du pays d’un montant de 991 milliards de livres, le président du Conseil semble être revenu à des sentiments plus réalistes, notamment sous l’effet du mécontentement des milieux politiques et religieux chiites. Présidant une réunion ministérielle consacrée au développement des régions déshéritées, M. Hariri a décidé de revenir au projet de 150 milliards de L.L. déjà approuvé par la Chambre et consacré notamment au développement des régions de Baalbeck-Hermel. Critiqué par les ministres proches du mouvement Amal , MM. Mahmoud Abou Hamdane, Ayoub Houmayed et Yassine Jaber, qui n’ont pas assisté à la réunion, boudé par M. Walid Joumblatt, M. Rafic Hariri était visiblement mécontent, hier soir, à l’issue de la séance de travail, refusant de commenter des propos critiques tenus en cours de journée par M. Mahmoud Abou Hamdane, à Brital. Dans les milieux politiques, des questions sur la cohésion de l’équipe ministérielle commencent à s’élever. Morigéné par les milieux chiites, le chef du gouvernement a apparemment corrigé le tir, et a décidé de commencer à mettre en œuvre le plan de développement de 150 milliards de L.L. originellement conçu en faveur des régions de Baalbeck, Hermel, Akkar et Batroun. Ce plan avait été inséré dans un programme plus large de 991 milliards de L.L., comprenant la totalité des régions sous-développées, au grand mécontentement des chefs religieux et politiques de la communauté chiite. Ces derniers craignaient qu’un tel projet demeure irréalisable, faute de moyens financiers. Ils redoutaient aussi qu’au nom de l’égalité des droits de toutes les régions au développement, ceux de la région de Baalbeck-Hermel ne soient compromis. Les 150 milliards de L.L. seront dépensés de trois façons, ont décidé les membres de la commission ministérielle réunis hier: une première tranche prendra la forme de crédits aux agriculteurs, une deuxième sera consacrée aux routes, et une troisième à des projets de développement précis, que les ministres concernés sont chargés de définir. Une prochaine réunion leur sera consacrée. Pour les ministres, il s’agit de privilégier les projets à rendement immédiat, par rapport à ceux qui représentent des investissements à long terme. Au sujet du financement de ce programme, qui n’existe encore que sur papier, M. Hariri a répondu de façon sommaire. «Les 150 milliards peuvent être trouvés, là n’est pas le problème, a-t-il dit. Le problème réside dans les sommes importantes. Nous disposons d’un projet de taxation de 1% du chiffre d’affaires des sociétés, qui pourrait nous rapporter la somme. Ce projet n’affecte que les grandes sociétés». Cette taxe ne gêne pas les grandes compagnies, et ne contredit pas la politique visant à encourager les investissements, a-t-il encore précisé. M. Hariri a conclu à ce sujet en annonçant que les projets inscrits dans le programme de 991 milliards de L.L., dont il faut déduire les 150 milliards, qui font déjà l’objet d’une loi, seront transmis au Parlement, au fur et à mesure de leur approbation. L’avenir dira si cette politique d’improvisation continuelle mènera quelque part. On rappelle que le projet de taxation du chiffre d’affaires des sociétés a été critiqué par les milieux parlementaires qui , contrairement à ce qu’affirme M. Hariri, pensent qu’il s’agit d’une taxe indirecte frappant indifféremment toutes les compagnies grandes et petites. Ces milieux y voient une nouvelle preuve de la façon dont le chef du gouvernement privilégie l’efficacité et la facilité, au détriment de la justice, dans sa politique fiscale. Ont assisté à la séance de travail, qui s’est tenue à Koraytem, les ministres Michel Murr, Fouad Siniora, Hagop Demerjian, Mohsen Dalloul, Assaad Hardane, Ali Hrajli, Elie Hobeika et Chaouki Fakhoury, ainsi que le président du CDR Nabil el-Jisr. Abou Hamdane à Brital En cours de journée, le ministre de l’Habitat et des Coopératives s’était rendu en visite de condoléances, à Brital, d’où il avait tancé le chef du gouvernement. Commentant une déclaration à la presse de M. Hariri, M. Abou Hamdane avait notamment affirmé: «Si, au cours des cinq ans passés, les régions déshéritées avaient obtenu 25% des crédits qui ont été accordés au Liban, alors, oui, on peut prétendre être le chef du gouvernement de tout le Liban. Il est inadmissible de continuer à parler sans rien appliquer». Et le ministre de renchérir en révélant qu’un tronçon d’autoroute reliant les boulevards d’Ouzaï et de l’aéroport, au niveau du lieu-dit «Cocody», avait été adjugé 20 millions de dollars, avant d’être soumis au Conseil des ministres ou transmis à la Chambre. «Quelle que soit la priorité de ce projet, il ne peut passer avant celui des affamés», a-t-il ajouté. Et de mettre le chef du gouvernement au défi de lui citer «un seul projet de développement réalisé dans la Békaa au cours des cinq dernières années», alors que les millions de dollars étaient dépensés dans d’autres régions. M. Abou Hamdane avait conclu cette partie de sa diatribe en affirmant qu’une surtaxe de 5.000 L.L. sur le prix de l’essence, pour financer des projets de développement, est «hors de question», avant de lancer, hâtivement, et en se reprenant: «Pas un projet ne sera réalisé au Liban avant l’exécution des projets dans les régions déshéritées.... par les voies démocratiques». Il faut évidemment faire la part de la surenchère électoraliste, dans les propos du ministre de l’Habitat, qui cherche manifestement à récupérer au profit d’Amal les voix de Toufayli. C’est ce qui explique, en partie, la raison pour laquelle M. Abou Hamdane a redit aussi que son mouvement avait été surpris par la décision du gouvernement de traduire le chef de la «révolte des affamés» en Cour de justice. «Nous avions l’habitude de nous concerter pour beaucoup moins que ça», a ajouté le ministre, déplorant la «précipitation» dont le chef de l’Etat et le gouvernement ont fait preuve, et affirmant: «Nous en connaissons la raison , mais nous n’en parlerons pas encore». Hariri à Damas Rappelons pour finir que le chef du gouvernement se rend aujourd’hui à Damas , accompagné des ministres de l’ Industrie, de l’ Economie et des Finances. A l’ordre du jour de la rencontre libano-syrienne, les échanges industriels entre les deux pays. «Un grand dossier», selon M. Hariri, que la réunion d’aujourd’hui ne suffira pas à trancher, compte tenu de la différence des régimes économiques libanais et syrien. Fady NOUN F.N.
Au lendemain de l’approbation, par le Conseil des ministres, d’un ambitieux projet de développement des régions déshéritées du pays d’un montant de 991 milliards de livres, le président du Conseil semble être revenu à des sentiments plus réalistes, notamment sous l’effet du mécontentement des milieux politiques et religieux chiites. Présidant une réunion...