Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Un nouveau test réussi pour Yarzé

Une fois de plus, l’armée réussit un test plutôt piégé, grâce à sa discipline, à de sains réflexes fondés sur une stricte observance des règles qui régissent sa fonction: obéissance aux ordres du pouvoir politique mais dans la légalité, sans parti pris et sans répression aveugle indistinctement dirigée contre toute une population. L’armée maintient l’ordre, comme le Conseil des ministres le lui enjoint. Elle sert l’Etat en tant que tel non une partie politique déterminée ou une autre et veille à ne pas se laisser manipuler. Dès lors, en contrant les fauteurs de troubles, ceux qui défient la loi, elle ne peut que trouver une couverture officielle locale et l’approbation des décideurs, ne serait-ce que pour la forme. On l’a maintes fois répété: l’armée est devenue au Liban probablement la seule institution impartiale à caractère vraiment national, n’agissant et ne réagissant qu’en fonction des faits, non de considérations politiciennes ou d’intérêts matériels. C’est ainsi que là où le pouvoir politique échoue, il fait appel à la Troupe. Il l’a donc chargée voici près de trois mois de prendre en charge l’ordre dans la région rebelle de Baalbeck-Hermel en passe d’être contrôlée par le «Mouvement des affamés» de cheikh Sobhi Toufayli qui est allé jusqu’à interdire l’accès de la contrée aux ministres et aux députés. A l’arrivée des militaires, Toufayli a semblé prendre peur, proclamant son respect pour l’armée et n’organisant plus que des rassemblements pacifiques, dispersés dans le calme. Il avait de même annulé l’interdiction faite aux officiels de se rendre à Baalbeck-Hermel et l’armée de son côté avait évité de brusquer les choses, canalisant le mouvement de contestation dans des limites raisonnables sans le briser, sans effusion de sang, eu égard à la légitimité des revendications de base, d’ailleurs reconnue par le pouvoir politique qui avait décidé d’y répondre en y consacrant une bonne partie du plan de secours dit des 150 milliards de LL. De plus, la pauvreté réelle de la région aurait donné à une opération de prise en main trop rigoureuse, trop généralisée, un certain caractère d’oppression, d’atteinte aux droits de l’homme. Explications C’est ce qu’indique un officiel qui ajoute que l’armée «avait adopté une attitude d’observation vigilante et de «containment», entendre de barrage préventif à tout débordement de rue, jusqu’au Jour de Jérusalem. Ce jour-là pour la première fois, Toufayli s’est démarqué du cérémonial traditionnel organisé par le Hezbollah pour organiser son propre meeting tenu en signe de défi à proximité de celui du parti. Ce dernier a répliqué en excluant le cheikh rouge de ses rangs. En riposte, Toufayli n’a pas hésité à investir avec ses hommes armés l’école religieuse du Hezb, en menaçant de même d’occuper la mosquée Ali-Ben-Abi-Taleb de Baalbeck qui relève également du parti de Dieu. Les deux groupes étant sur le point d’en découdre, l’armée a dû intervenir pour prévenir un bain de sang qui aurait probablement noyé progressivement toutes les régions de la Békaa, ramenant dans le pays un dangereux climat de heurts armés et d’anarchie mettant en péril la paix civile. Le commandement de l’armée a veillé à ne pas retomber dans les erreurs commises jadis, à savoir laisser le feu s’étendre pour jouer ensuite un rôle de force-tampon et de médiateur entre combattants, avant de s’effacer pour de bon. Il a donc pris sur le champ les mesures qui s’imposaient pour normaliser la situation sur le terrain et y faire régner la loi, indépendamment de conflit politique ou idéologique, en sommant Toufayli de se retirer de la «Hawza ilmiya» du Hezbollah. Comme le cheikh refusait d’obtempérer, il a fallu le neutraliser… A partir de là, l’armée a prouvé à tous, notamment aux Israéliens qui mettent en doute ses capacités, qu’elle est en mesure de maintenir l’ordre partout dans le pays, y compris au Sud une fois qu’il sera libéré». Ceci étant, ce même responsable estime qu’il faut maintenant «s’occuper sérieusement et rapidement de traiter l’appauvrissement que subit la région de Baalbeck-Hermel. On ne peut régler ce problème par la force des armes. S’il est vrai que la sécurité est une priorité, le pain ne l’est pas moins et s’il vient à manquer, la déstabilisation n’est pas loin. D’ailleurs la vraie sécurité, surtout sociale, est bien mieux assurée par des décisions politiques intelligentes que par le bâton. On doit dans le même esprit songer à toutes les régions du pays, à tous les gens qui souffrent de la récession économique. Mieux vaut prévenir que guérir». Et gouverner c’est prévoir, cela personne ne l’ignore… sauf peut-être le gouvernement. E. K.
Une fois de plus, l’armée réussit un test plutôt piégé, grâce à sa discipline, à de sains réflexes fondés sur une stricte observance des règles qui régissent sa fonction: obéissance aux ordres du pouvoir politique mais dans la légalité, sans parti pris et sans répression aveugle indistinctement dirigée contre toute une population. L’armée maintient l’ordre,...