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Actualités - CHRONOLOGIE

Elle a reçu l'injection mortelle en présence de sa soeur et de son mari Karla Tucker exécutée au Texas

«Ils l’ont tuée», un cri qui fuse de la foule réprobatrice massée devant la petite prison de Huntsville dans le Texas, cri de douleur annonciateur de la mise à mort, qui venait de s’achever, de Karla Faye Tucker, condamnée à la peine capitale pour le meurtre, à coups de piolet, d’un couple en 1983. Quelques minutes plus tôt à 0h17 GMT (2h17 du matin, heure de Beyrouth), le gouverneur du Texas, George Bush Junior, (fils du président du même nom qui avait été l’initiateur de l’opération «Tempête du désert» contre l’Irak), avait confirmé le rejet par la Cour suprême des Etats-Unis de deux recours de dernière minute présentés par les avocats de la suppliciée. «Que Dieu bénisse Karla Tucker, que Dieu bénisse ses victimes et leurs parents», a-t-il conclu, se lavant ainsi les mains de cette exécution, par injection mortelle, qui avait suscité une vive émotion dans les principales capitales occidentales, y compris au Vatican où le pape avait demandé, en vain, la grâce pour Karla Tucker. Transférée lundi par avion à la prison de Huntsville, où ont lieu toutes les exécutions au Texas, Karla Faye Tucker y a pris hier vers 15h00 son dernier repas—salade, banane et pêche — après une ultime visite de son époux Dana Brown. Le débat sur la peine de mort Elle avait demandé que cinq personnes assistent pour elle à son exécution: son mari, sa sœur Kari Weeks, l’un de ses avocats George Secrest, Ronald Carlson, le frère de sa victime qui lui a pardonné publiquement, et une amie. Avec cinq journalistes, trois proches de la femme qu’elle avait assassinée à coups de piolet en 1983 devaient également être là: le mari, Richard Thornton, sa fille et le fils de la victime William Davis. L’exécution de Karla Tucker, qui vaut à Huntsville la présence de journalistes du monde entier, a exacerbé le débat sur la peine de mort aux Etats-Unis, tant en raison de sa personnalité que de son sexe. Une seule femme a été exécutée aux Etats-Unis depuis que la Cour suprême a rétabli la peine de mort en 1976, contre plus de 400 hommes, et seulement une quarantaine de femmes sont actuellement condamnées à mort, contre quelque 3.300 hommes. Karla Faye Tucker refusait d’en faire un enjeu, soulignant d’une part que l’argument de son sexe pouvait se retourner contre elle, et d’autre part que nombre de condamnés à mort mâles changeaient, comme elle, profondément, dans le couloir de la mort, et mériteraient aussi que leur cas soit reconsidéré. Jusqu’au bout, usant de tous les recours légaux, ses avocats ont tenté de lui éviter l’injection létale, mettant en avant sa transformation, d’une jeune meurtrière droguée amorale en une femme profondément chrétienne, détenue modèle ne représentant plus aucun danger pour la société. Ils ont contesté la constitutionnalité de la grâce au Texas, qui de fait n’existe que sur le papier. Les Nations Unies, le pape Jean Paul II, le Parlement européen, les abolitionnistes dont Amnesty International, le télévangéliste ultraconservateur Pat Robertson, pourtant pour la peine de mortet même le frère de sa victime, ont tous plaidé la clémence. «Cette femme ne mérite pas de mourir», commentait encore hier Joane Gavin, une des responsables de la coalition texane contre la peine de mort, qui avait prévu mardi d’organiser une manifestation devant la prison à l’heure de l’exécution. Dans les rues de Huntsville, des passants affirmaient à l’inverse qu’elle devait «payer sa faute», les jurés ayant tranché il y a 14 ans. «L’attention dont elle a fait l’objet, sa personnalité ne peuvent qu’aider les abolitionnistes, montrant à quel point la peine de mort est arbitraire», ajoutait Joane Gavin. 74 hommes ont été exécutés l’an dernier aux Etats-Unis, un record absolu en près d’un demi-siècle, et plusieurs femmes pourraient l’être cette année, ayant épuisé tous leurs recours légaux.
«Ils l’ont tuée», un cri qui fuse de la foule réprobatrice massée devant la petite prison de Huntsville dans le Texas, cri de douleur annonciateur de la mise à mort, qui venait de s’achever, de Karla Faye Tucker, condamnée à la peine capitale pour le meurtre, à coups de piolet, d’un couple en 1983. Quelques minutes plus tôt à 0h17 GMT (2h17 du matin, heure de...