Civilités

Simple question de bon sens: a-t-on déjà vu quelqu’un prêcher pour une autre paroisse que la sienne? Attendrait-on de nos chefs spirituels qu’ils applaudissent à l’idée du mariage civil? C’est comme si, dans le même ordre d’idées, ceux-là donnaient soudain à leurs fidèles la liberté de boycotter l’église ou la mosquée tous les dimanches et vendredis de la semaine. Ce courtois ping-pong auquel nous assistons depuis quelques jours entre les dignitaires des différentes communautés est en quelque sorte encourageant. Dans le souci de ménager la susceptibilité de l’autre, les uns et les autres ne se prononcent ni pour ni contre. Puisque le ton est au savoir-vivre (après vous, je n’en ferai rien) et que, selon Nasrallah Sfeir, Mohammed Chamseddine, Bahjat Ghaïth et Hussein Fadlallah, aucun problème de fond n’empêche la concrétisation d’une telle idée, il revient aux laïcs convaincus de la bonne cause d’une union civile facultative de se mobiliser pour forcer la main aux plus réticents et de prendre au mot les plus tolérants: pétitions, spots publicitaires, démarches visant à dépoussiérer un système sclérosé; tous les moyens démocratiques sont bons. Du reste, le moment est d’autant plus opportun que l’initiative vient, à l’origine, du président de la République. Nul ne pourrait ainsi accuser les partisans d’une 18e communauté de faire le jeu de l’ennemi sioniste, ou invoquer Dieu seul sait quelles circonstances régionales. La pression de la rue a eu souvent, ces derniers temps, l’effet escompté: dans l’interview du général Aoun, dans les municipales(à propos, pourquoi ne pas adopter le slogan: «Zawaji, Zawjati»)… S’arrêtera-t-on à quelques civilités en rapport au mariage? José JAMHOURI