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Actualités - CHRONOLOGIE

Au terme de huit jours de débats acharnés Le budget de vote à une majorité étriquée (photo)

C’est une amère victoire que le gouvernement a remporté, hier, en faisant approuver son projet de budget par la Chambre, à une majorité étriquée de 48 voix le compte rendu de la séance). La troïka était passée par là, et le gouvernement n’a réussi à arracher ce vote que grâce à «l’entente cordiale» qu’il avait établie, au préalable, avec le bloc parlementaire du président de l’Assemblée, M. Nabih Berry. Du reste, pour ne pas désobéir à son bloc parlementaire, ni toutefois se parjurer, à l’heure du vote, un député d’Amal comme Mohammed Abdel Hamid Beydoun a préféré quitter l’Hémicycle, comme l’ont fait deux députés du PSNS, MM. Ghassan Matar et Ghassan Achkar. Des abstentions qui ressemblent fort à des désaveux. Autres abstentionnistes de marque, les députés du bloc parlementaire de M. Walid Joumblatt, qui siège pourtant au gouvernement. Par ailleurs, au cours de 8 jours de débats acharnés, l’opposition a réussi, de façon limitée, à éviter l’adoption du projet de budget dans l’état où il était présenté. M. Hariri tirera-t-il les leçons de ce que beaucoup considèrent comme une semi-défaite? C’est peu probable. Dès hier soir, sa machine médiatique s’est mise en branle pour le défendre. Ainsi, Télé-Liban et la «Future» se plaisaient à affirmer que de nombreux députés avaient escompté que le vote aurait lieu au cours d’une séance nocturne, et s’étaient absentés le matin. De fait, il faut reconnaître que plusieurs députés appartenant au bloc du chef du gouvernement étaient absents lors du vote. C’est le cas par exemple de MM. Hussein Yatim, Adnan Arakji et Sélim Diab. D’autres députés gravitant dans l’orbite de M. Hariri, comme MM. Abdel Rahim Mrad, Mahmoud Aouad et Mansour el-Bone, étaient également absents. Les milieux du chef du gouvernement ont cherché hier soir à faire croire que les députés du PSNS, qui n’ont pas tous voté, sont à compter au nombre des loyalistes. Ce qui n’est pas tout à fait exact. Un rapide pointage des voix qui se seraient prononcées en faveur du budget donnerait à M. Hariri 70 à 73 voix. On est loin de la majorité de 103 voix que le budget de 1997 avait recueillies. Cet écart reflète une réelle érosion du capital de confiance du chef du gouvernement, estime-t-on dans les milieux politiques. Le budget adopté est de 7.320 milliards de L.L., soit environ 4,9 milliards de dollars, avec un déficit prévu de 37%. Le budget de 1998 est supérieur à celui de l’année précédente, qui s’élevait à 6.433 milliards de L.L. Le déficit prévu en 1998 est presque identique à celui qui avait été fixé pour 1997 (36,6%). Ce dernier avait été largement dépassé et avait atteint fin octobre 60%, en raison notamment d’une mauvaise collecte des quittances et impôts. Le service de la dette L’un des points les plus controversés du budget approuvé est l’autorisation accordée au gouvernement d’emprunter 2 milliards de dollars, sous la forme de «zéro-coupons», pour restructurer la dette publique (15 milliards de dollars environ), et substituer à des emprunts en livres libanaises, sur lesquels des taux d’intérêt élevés sont servis, des emprunts en dollars, dont le service est plus léger. L’opposition s’est acharnée à dénoncer les risques de cette acrobatie financière, mais son opinion n’a pu prévaloir. Le service de la dette, note-t-on, représente 40% du budget, et 85% du Produit intérieur brut, selon des estimations officielles. L’emprunt devrait permettre de ramener la dette interne à 9,6 milliards de dollars, mais doublerait le montant de la dette externe, qui passerait à environ 4,3 milliards de dollars. L’opposition est fermement décidée à présenter un recours en invalidation de toute la loi de finances, et estime que, tant le projet d’emprunt que d’autres points du budget qui ont été approuvés sont anticonstitutionnels dans la mesure où le gouvernement, outrepassant ses droits, confisque au Parlement le droit de légiférer. Dans le cas précis de l’emprunt de 2 milliards de dollars, l’opposition parlementaire pense que tout projet d’emprunt doit faire l’objet d’une loi bien précise, avec un exposé des motifs, ce qui n’a pas été le cas. Le second point très débattu du budget est l’annexe 9 portant sur ses sources de financement. Cette annexe est passée comme une lettre à la poste, bien que de sérieuses réserves aient été émises sur la politique fiscale qu’elle reflète. Même la très controversée taxe sur la mécanique n’a pas eu de difficulté à passer, M. Hariri ayant accepté de réduire ses ambitions et de ne l’augmenter que trois fois (en moyenne), se rendant ainsi aux arguments de M. Berry. Dans le projet initial, cette taxe devait augmenter quelque sept à huit fois, l’un des objectifs déclarés du chef du gouvernement étant d’alléger la pression sur un réseau routier saturé, en réduisant le nombre des voitures en circulation, et en forcant les Libanais à emprunter les transports en commun. Ce que l’opposition et une partie de l’opinion publique reprochent à M. Hariri, c’est une politique fiscale ultralibérale qui taxe de préférence les classes moyennes ou défavorisées, tandis que le grand capital est traité comme l’enfant chéri de l’Etat, et bénéficie d’alléchantes exemptions et d’un régime fiscal minimal. Dans un pays qui se relève d’une guerre catastrophique, cette philosophie sommaire n’a encore ni convaincu, ni porté ses fruits.
C’est une amère victoire que le gouvernement a remporté, hier, en faisant approuver son projet de budget par la Chambre, à une majorité étriquée de 48 voix le compte rendu de la séance). La troïka était passée par là, et le gouvernement n’a réussi à arracher ce vote que grâce à «l’entente cordiale» qu’il avait établie, au préalable, avec le bloc...