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Actualités - ANALYSE

Budget : une solution radicale pour un problème de fond

Jamais un budget n’a suscité autant d’intérêt que celui de cette année. Jamais non plus, de mémoire d’observateur, on n’aura autant insisté sur la détérioration de la situation économique et financière. La réponse du gouvernement aux récriminations parlementaires devait être de ce fait convaincante et fondée sur des preuves concrètes. En effet, une réponse traditionnelle n’était plus de mise d’autant que le gouvernement a lui-même reconnu la difficulté de la situation. S’il est vrai qu’on peut y remédier, les gens doivent être informés des solutions envisagées. Les députés opposants se sont déchaînés contre l’Exécutif à l’occasion du débat parlementaire et l’opinion publique aurait tendance à les croire. La majorité des Libanais ne comprend pas la polémique autour du déficit budgétaire, du volume de la dette interne et externe... En revanche, tout le monde veut en savoir plus sur les escroqueries et le gaspillage surtout quand des noms et des projets bien déterminés sont cités. La plupart des gens s’intéressent aussi aux taxes et impôts que le gouvernement envisage de prélever dans la mesure où ils sont directement concernés. Commission d’enquête Le défi pour les députés opposants n’est pas dans un éventuel vote de défiance dont on connaît d’avance les résultats qui seront à l’avantage du gouvernement, mais dans la formation d’une commission d’enquête parlementaire chargée d’éclaircir tous les scandales financiers évoqués lors du débat. En effet, un démenti gouvernemental de toutes les allégations des députés n’est plus de mise. Le dossier des scandales accumulés doit être pris à bras-le-corps, soit par la justice, soit par la commission susmentionnée, les ministres éventuellement coupables de malversations devant être poursuivis, ainsi que les députés qui auraient offensé les responsables. La politique de la sourde oreille que pratique le pouvoir au Liban, l’absence de sanctions en cas de faute, donnent du pays l’image d’un paradis pour les voleurs et les escrocs. Lors de son intervention à l’Assemblée, M. Najah Wakim a prêté au gouvernement des intentions dangeureuses que certains pourraient accréditer. Selon lui, «la dette en devises permettrait aux créanciers de mettre la main sur les avoirs du Liban à l’étranger et sur l’or en particulier, de sorte que le Liban deviendrait une région autonome gouvernée par un Etat étranger...». De tels propos ne peuvent en aucun cas passer inaperçus car, repris dans les salons et en privé, ils sont susceptibles de mobiliser rapidement la rue. Quant aux transactions suspectes et aux détournements de fonds dont sont accusés certains ministres, ils doivent faire l’objet d’une enquête réclamée par le gouvernement lui-même dans la mesure où des personnes déterminées ont été directement mises en cause. D’autre part, pour ce qui est du budget, il est temps pour le Cabinet de dire la vérité à l’opinion publique, à savoir qu’un déficit ne peut être comblé qu’à condition de lever de nouveaux impôts et taxes. Sans cela, le service de la dette augmenterait et la livre libanaise serait alors soumise à des pressions que la Banque du Liban ne serait pas en mesure de juguler à terme. Les Libanais devraient évidemment s’y conformer mais à condition que le pouvoir s’impose, lui aussi, une politique d’austérité et de transparence financière. Dans ce cas, il incomberait également au gouvernement de n’exclure personne de la collecte des impôts et taxes car il n’est plus possible pour une moitié de la population de payer pour l’autre moitié. E. K.
Jamais un budget n’a suscité autant d’intérêt que celui de cette année. Jamais non plus, de mémoire d’observateur, on n’aura autant insisté sur la détérioration de la situation économique et financière. La réponse du gouvernement aux récriminations parlementaires devait être de ce fait convaincante et fondée sur des preuves concrètes. En effet, une réponse...