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Actualités - REPORTAGE

Réunion historique à Chypre des chefs des Eglises d'orient L'objectif : un nouveau pas vers l'unité (photo)

NICOSIE, de notre envoyé spécial Fady NOUN. — Aréopage de docteurs venus examiner le corps recouvert de cicatrices du Christ, qu’ils portent eux-mêmes dans leur propre chair, les patriarches et chefs d’Eglises d’Orient se sont retrouvés, à Chypre, à l’appel du Conseil des Eglises du Moyen-Orient (CEMO). Réunion «historique», selon les organisateurs de cette conférence, qui espèrent un nouveau pas vers l’unité, par le biais d’un «œcuménisme de convergence» qui a fait ses preuves depuis deux décennies. Des quatre coins de l’Orient, ils sont venus retrouver l’esprit perdu de l’unité. Une unité qui a éclaté, au départ, non pas au nom d’une diversité légitime, et même souhaitable, mais dans des querelles de terminologie et de préséances, en raison des ingérences du politique dans le religieux, ou de la course au fauteuil. Une désunion dont les séquelles historiques se sont institutionnalisées, dans laquelle on s’est installé et qu’on a gérée, et qui souvent s’est fossilisée, au point de faire obstacle à l’Esprit. Vêtus parfois comme nous imaginons les Rois Mages, il y a là les représentants des quatre grandes «familles» chrétiennes d’Orient: la famille orthodoxe, la famille orthodoxe orientale (pré-chalcédonienne), la famille catholique et la famille évangélique. En tout, une quarantaine de chefs d’Eglise et d’accompagnateurs, représentant quelque 15 millions de fidèles en Orient. A l’ordre du jour, un document sur la «présence chrétienne» en Orient, et les périls qu’elle court. Pour l’homme clairvoyant qu’est le patriarche Hazim, cette présence doit être lue à travers le prisme de l’Histoire. Celle-ci indique, qu’au point de vue nombre, l’évolution des choses n’est pas en faveur des chrétiens. Des régions entières de cet Orient étaient un jour chrétiennes: l’Anatolie, l’Afrique du Nord, sont aujourd’hui vides de toute présence de l’Eglise. Si cette évolution historique n’est pas renversée, en conclut-on, l’érosion de la présence chrétienne risque de se poursuivre, à une allure tantôt lente, tantôt rapide, jusqu’à l’extinction totale. Est-ce à cette disparition que les chrétiens d’Orient sont condamnés? Non, répondent les chefs d’Eglises d’Orient réunis ici. Un «non» qui est autant une affirmation qu’une espérance. Et c’est ce non défensif qui est au cœur des débats. «Non, parce que face à l’importance du nombre, il y a l’importance de la qualité», souligne le patriarche Hazim, qui note que l’érosion démographique en Orient s’effectue en parallèle avec une «érosion spirituelle» en Occident, où les chrétiens sont en majorité. Il s’agit donc d’un problème général qui touche à une «déchristianisation» rapide, sous l’effet de courants culturels délétères. Un document en 5 parties Le document qui est examiné par les congressistes se divise en cinq parties: 1 - Présence chrétienne, témoignage vivant pour le Christ; 2 - Inquiétudes des chrétiens (et signes d’espérance); 3 - Divers modes de la présence chrétienne; 4 - Idées pour l’avenir; 5 - Propositions concrètes. C’est évidemment cette dernière partie qui doit retenir l’attention, la présence chrétienne en Orient et les «inquiétudes» qu’elle suscite ayant déjà été abondamment commentées. Et se déroulant pratiquement sous nos yeux. Parmi ces propositions concrètes, l’établissement de nouvelles structures diocésaines facilitant la coordination entre les diverses communautés. Il est question aussi de la création d’une assemblée des patriarches et chefs d’Eglises d’Orient, qui se réunirait annuellement, et de projet communs. Le tout étant de savoir quelle part revient, dans les projets, à l’Etat, et quelle part aux communautés. C’est un petit pas «vers l’unité», certes, mais il est préférable, dans son réalisme, à de grands projets qui resteraient au niveau de l’intention. Car s’il ne fait pas de doute que l’affaiblissement progressif des chrétiens en Orient a sa source dans un «islam conquérant», notent beaucoup de prélats, il doit également beaucoup aux désaccords et conflits qui déchirent les Eglises chrétiennes elles-mêmes. Il faut espérer que les chefs d’Eglise sauront écouter, dans ce domaine, l’appel du simple bon sens, pour ne rien dire de la foi, et marcher sur le chemin de l’unité où les simples fidèles les ont souvent précédés. Parallèlement au grand thème de l’unité, la conférence patriarcale examine donc celui du dialogue islamo-chrétien, composante essentielle de la vie ecclésiale en Orient. Promouvoir une «paix des religions», pour reprendre l’expression heureuse d’un théologien, pour l’avènement d’une civilisation d’amour vivable, comme alternative à l’enfer où sont plongés de nombreux pays, et aux guerres religieuses qui ont endeuillé les siècles, voici la tâche qui se présente. Au cœur de cette problématique, la question suivante se pose: les chrétiens d’Orient sont-ils persécutés? Et par qui? La réponse à cette question n’est pas simple. Oui, la foi chrétienne est pérsécutée dans certains pays d’Islam où elle ne peut même pas afficher ses symboles, relèvent certains prélats. Non, elle n’est pas pérsécutée dans certains autres, même si l’Islam y figure comme religion d’Etat, et qu’elle est en butte à diverses épreuves de la part d’individus, de groupes ou d’une mentalité héritée de l’époque ottomane. Dans sa lutte pour l’égalité civique et l’accès à tous les domaines de la vie publique, l’Eglise trouve aujourd’hui, dans un Islam modéré, son principal allié. Les représentants de ce courant assurent qu’ils sont victimes d’une campagne orchestrée par les grandes puissances, voire par le mouvement sioniste, dont le but est vieux comme le monde: diviser — ou maintenir les divisions – pour régner — ou continuer à régner. Dans ce domaine, l’on est encore dans une histoire en devenir, et l’avenir seul dira si cette convergence des modérations portera le fruit désiré. F.N.
NICOSIE, de notre envoyé spécial Fady NOUN. — Aréopage de docteurs venus examiner le corps recouvert de cicatrices du Christ, qu’ils portent eux-mêmes dans leur propre chair, les patriarches et chefs d’Eglises d’Orient se sont retrouvés, à Chypre, à l’appel du Conseil des Eglises du Moyen-Orient (CEMO). Réunion «historique», selon les organisateurs de cette...