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Actualités - CHRONOLOGIE

Monicagate : la Maison-Blanche dans la tourmente (photo)

La Maison-Blanche est depuis trente-six heures dans la tempête, les révélations se succédant dans la presse sur le nouveau scandale qui éclabousse Bill Clinton, lui donnant peu à peu une ampleur considérable, au point que l’on parle ouvertement désormais d’une possible procédure de destitution. Le président américain, lui, a répété hier encore que les allégations portées à son encontre étaient «fausses» et qu’il s’exprimerait «le moment venu» sur ce que l’on appelle déjà aux Etats-Unis le «Monicagate» Les autorités tentent pour leur part de calmer quelque peu le jeu qui a pris un rythme endiablé depuis son début, mercredi matin. S’exprimant devant une cohue indescriptible de journalistes et de caméras du monde entier, le procureur indépendant Kenneth Starr, chargé de l’enquête, a promis de faire preuve de diligence: «Nous avançons aussi vite que possible. Notre tâche est de rassembler des faits, d’évaluer ces faits et de faire apparaître la vérité». Monica Lewinsky aurait eu à partir de 1995 une liaison avec le président américain, alors qu’elle travaillait comme stagiaire à la Maison-Blanche. Plus grave: Bill Clinton l’aurait incitée à donner un faux témoignage à la justice dans l’affaire Paul Jones, cette ancienne employée de l’Arkansas, qui accuse l’actuel président de harcèlement sexuel alors qu’il était gouverneur de l’Etat. Monica Lewinsky, 24 ans, doit témoigner aujourd’hui vendredi dans le cadre de cette affaire; elle a déjà assuré sous serment, ces jours derniers, ne pas avoir eu de liaison avec le président. Des révélations Mais jeudi, l’hebdomadaire «Newsweek» a révélé, dans un article exclusif, le contenu d’une partie des enregistrements compromettants à l’origine de ce nouveau scandale. Ces cassettes contiennent des propos tenus par la jeune fille. «Newsweek» a pu écouter environ 90 minutes de la vingtaine d’heures de conversations de la jeune femme, enregistrées à son insu par une de ses collègues du Pentagone et ancienne employée de la Maison-Blanche, Linda Tripp, 49 ans. «Sur l’enregistrement, Monica Lewinsky semblait désespérée (...). Elle parle spontanément de ce qu’elle suggère être une relation sexuelle avec le président, exprime son angoisse d’être impliquée dans le dossier Paula Jones», écrit «Newsweek». Dans ces enregistrements, Monica Lewinsky affirme, en pleurs, qu’elle va nier toute liaison de nature sexuelle avec le président. «Je vais le démentir afin qu’il ne se fasse pas avoir dans le dossier (Paula Jones) mais il est possible que, moi, je me fasse avoir», dit-elle. Selon «Newsweek», Monica Lewinsky ne désigne à aucun moment Bill Clinton par son nom mais y fait référence en utilisant les termes «The Big He» (le grand il, «The Creep» (le salaud) ou encore «El Schmucko» (le pauvre type). Elle suggère aussi à son interlocutrice de dire au président qu’elle l’a trahi en révélant l’existence de leur liaison à d’autres personnes. «Peut-être que nous devrions dire au pauvre type... Peut-être que nous devrions juste dire, ne me parlez plus, je vous ai b...», en parlant de cette affaire à d’autres personnes, lance-t-elle à Linda Tripp. La jeune stagiaire, âgée de 21 ans en 1995 au moment où cette liaison aurait débuté, évoque aussi l’existence de cadeaux et de lettres échangées avec Bill Clinton, craignant qu’ils ne tombent dans les mains de la justice. Selon le «Washington Post», M. Clinton a reconnu samedi lors de sa déposition sous serment qu’il avait fait des cadeaux à Mlle Lewinsky. «Newsweek» affirme avoir obtenu auprès d’une compagnie postale les reçus de neuf paquets envoyés par Monica Lewinsky à Bill Clinton entre octobre et décembre 1997. Selon Linda Tripp, la jeune femme lui aurait dit qu’il s’agissait de lettres et, dans un cas, d’une cassette audio contenant des propos à caractère sexuel. Une liaison Le «Washington Post» confirme ces révélations et indique en outre que durant sa déposition de six heures, le président avait reconnu pour la première fois avoir entretenu durant les années 70 une liaison extraconjugale avec Gennifer Flowers. Durant un des moments les plus mémorables de sa campagne pour l’élection présidentielle de 1992, Bill Clinton avait catégoriquement démenti les allégations de cette dernière selon lesquelles elle avait entretenu avec M. Clinton une liaison durant douze ans, selon le «Post», qui cite «des sources familières avec sa déposition». Selon Linda Tripp, la jeune stagiaire, paniquée en recevant à la mi-décembre une citation à témoigner dans l’affaire Paula Jones, lui a confié avoir rencontré un ami personnel du président, l’avocat Vernon Jordan, désigné dans les enregistrements sous le nom de «Vernon». Celui-ci lui aurait conseillé de garder le silence. «Ils ne peuvent rien prouver», lui aurait-il dit, en expliquant qu’il n’existait pas de poursuite possible pour faux témoignage dans un procès civil. Début janvier, Monica Lewinsky a ainsi fait, sous serment, une déposition écrite dans l’affaire Paula Jones, jurant qu’elle n’avait jamais entretenu de liaison avec Bill Clinton. «Newsweek» relève aussi que, dans l’un des enregistrements, Monica Lewinsky affirme qu’«elle a menti toute sa vie». Ces bandes «semblent convaincre d’une manière raisonnable que, du moins dans l’esprit de Monica Lewinsky, elle avait une liaison avec le président», a estimé Evan Thomas, un rédacteur en chef adjoint de «Newsweek», interrogé sur la chaîne ABC. Les enregistrements effectués par Linda Tripp — pas moins de 17 bandes magnétiques — ont été transmis au procureur Kenneth Starr qui s’occupe depuis des années du couple Clinton, avec l’affaire Whitewater — un imbroglio politico-financier dans l’Arkansas — et il s’est vu octroyer la semaine dernière des pouvoirs élargis par le département de la Justice pour enquêter sur l’affaire Levoinsky. Les enregistrements avaient été ordonnés par lui et le FBI avait été chargé de les effectuer. A son tour, il avait confié cette tâche à Linda Tripp. Citation judiciaire Hier, la Maison-Blanche a annoncé qu’elle avait reçu du procureur indépendant une citation judiciaire «de grande ampleur», lui ordonnant de lui remettre une série de documents relatifs à Monica Lewinsky. L’Attorney General (ministre de la Justice) Janet Reno, quant à elle, s’est refusée à tout commentaire. «Je ne ferai pas de commentaires (...). Je ne peux pas faire de commentaires (...). Je ne vais pas faire de commentaires sur une enquête en cours (...). Je ne peux vraiment pas faire de commentaires», a-t-elle répété calmement et sous différentes formes à une vingtaine de reprises lors de son point de presse hebdomadaire. Mme Reno a renvoyé les journalistes à Kenneth Starr, expliquant que selon la loi, c’était à lui d’éventuellement faire un commentaire. «La raison même d’un procureur indépendant est d’assurer son indépendance. Il serait inapproprié pour moi de commenter sur un sujet dont il s’occupe», a-t-elle encore dit. Le président Clinton a répété hier encore que «toutes ces allégations sont fausses», refusant toutefois de décrire sa relation avec Monica Lewinsky. «Je ne demanderais jamais à quiconque de faire quelque chose qui ne consiste pas à dire la vérité, a-t-il poursuivi. C’est faux». Tout en admettant qu’il y avait «beaucoup d’autres questions (...) très légitimes» et que les Américains avaient «le droit d’obtenir des réponses», il a toutefois refusé de fournir des détails. «Nous travaillons dur» pour apporter «autant de réponses que nous pouvons dès que possible, le moment venu, dans le respect de notre obligation de coopérer également avec l’enquête», a-t-il ajouté. «Je ne m’esquive pas», a-t-il encore déclaré pour expliquer son attitude. «Nous réglerons cela aussi vite que nous pouvons», a-t-il conclu.
La Maison-Blanche est depuis trente-six heures dans la tempête, les révélations se succédant dans la presse sur le nouveau scandale qui éclabousse Bill Clinton, lui donnant peu à peu une ampleur considérable, au point que l’on parle ouvertement désormais d’une possible procédure de destitution. Le président américain, lui, a répété hier encore que les allégations...