Arafat sous la pression des Etats-Unis Le président précise que les articles de la charte de l'OLP ont été annulés en 96

Le président Bill Clinton a entamé jeudi une entrevue avec le leader palestinien Yasser Arafat en insistant sur «l’importance pour les deux parties (Israéliens et Palestiniens) d’honorer leurs obligations. «Mais en privé, le chef de l’Exécutif américain a demandé à son interlocuteur de se satisfaire d’un retrait militaire israélien limité en Cisjordanie et d’accroître encore «ses efforts antiterroristes», au risque de s’aliéner ses partisans. La veille déjà, le secrétaire d’Etat Madeleine Albright, qui recevait à dîner M. Arafat, lui avait fait savoir qu’il était appelé à se montrer «réaliste». Dans des déclarations à la presse, M. Clinton qui devait recevoir une nouvelle fois en soirée le président palestinien, a tenu à «souligner les principes (à la base) du processus de paix: obligations mutuelles et le concept «paix contre terre», afin que les Israéliens puissent vivre en paix (...) et que les Palestiniens puissent réaliser leurs aspirations à vivre comme un peuple libre». M. Arafat s’est dit «tout à fait confiant dans le succès du processus de paix», bloqué depuis dix mois, mais en précisant qu’il fallait que Washington continue «ses pressions et ses efforts» sur les Israéliens pour qu’ils respectent les accords d’Oslo. Le dirigeant palestinien a fait une importante concession à l’Etat hébreu en précisant, «pour la première fois», quels articles de la charte nationale palestinienne avaient été annulés par le Conseil national palestinien (CNP), en 1996. Cette indication a été fournie par le département d’Etat dont le porte-parole James Rubin a estimé qu’«il s’agissait d’un pas important pour compléter le processus de révision de la charte», qui date de 1968. Maintenir le contact Certains des douze articles annulés de la charte appelaient à la destruction de l’Etat d’Israël. Seize autres articles, sur les 33 que compte la charte, sont aussi amputés de «certains passages» pour refléter la volonté des Palestiniens de «vivre en paix» avec Israël. Ces précisions figurent dans une lettre remise par M. Arafat jeudi au président Clinton, et qui a été lue par M. Rubin aux journalistes. M. Rubin a précisé qu’il revenait au gouvernement israélien de dire si la lettre suffisait ou si des «mesures supplémentaires» étaient nécessaires et d’en discuter alors directement avec les Palestiniens. Dans sa lettre, M. Arafat identifie les articles en question et précise que chaque fois que la charte fera l’objet d’une «publication officielle», elle le sera sans les articles incriminés. Les articles annulés sont les articles 6 à 10, 15, 19 à 23 et 30. Sont aussi supprimés «des passages» des articles 1 à 5, 11 à 14, 16 à 18, 25 à 27 et 29, précise la lettre. Cependant, M. Arafat ne s’engage pas dans sa lettre à faire écrire une nouvelle charte, comme le CNP l’avait décidé et comme le réclame M. Netanyahu. En sortant de sa rencontre avec Bill Clinton, M. Arafat a estimé «qu’en ce qui concerne (les Palestiniens), ce problème est maintenant réglé». Il s’est dit «encouragé» par ses entretiens avec le président américain mais n’a pas fourni de détails. Avant de retrouver en soirée le président Clinton, M. Arafat a rencontré dans l’après-midi, à l’hôtel où il réside, le secrétaire d’Etat Madeleine Albright. A terme, les Etats-Unis cherchent surtout à maintenir le contact. Bill Clinton a souhaité que Netanyahu et Arafat se rencontrent directement, ce qu’ils n’ont pas fait depuis près de quatre mois. Des discussions continuaient aussi jeudi sur une éventuelle rencontre du secrétaire d’Etat Madeleine Albright avec les deux hommes, ensemble ou séparément, dans deux ou trois semaines, selon un diplomate israélien. «Nous ne voulons pas que les choses traînent, nous avons un sentiment d’urgence», a affirmé jeudi M. Clinton. «Après cette rencontre, nous allons voir si nous avons réussi à rapprocher les deux parties, et si oui, comment boucler la boucle et définir les étapes suivantes».