Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Le débat budgétaire risque de se prolonger jusqu'à la semaine prochaine Wakim : ils veulent faire du Liban une nouvelle Cisjordanie gouvernée par les capitaux étrangers Le député de Beyrouth accuse le gouvernement de ruiner le pays (photos)

Le gouvernement était toujours malmené à la troisième séance du débat budgétaire qui s’est poursuivie hier soir, Place de l’Etoile, et son plan d’action était toujours dénigré. Mais sans les deux interventions de MM. Mohamed Fneich et Najah Wakim, le débat qui s’est prolongé jusqu’à 23h10 aurait été plutôt morne. Les deux hommes ont exprimé leur scepticisme quant au programme annoncé par le gouvernement pour réduire le déficit budgétaire et relancer l’économie. Autre point commun entre leurs interventions respectives: leur étonnement devant l’échec permanent des prévisions budgétaires du gouvernement depuis 1992. Si M. Fneich s’est contenté de poser la question à ce sujet, le député de Beyrouth a développé son argumentation pour «démontrer que l’objectif du Cabinet Hariri est de transformer le Liban en une deuxième Cisjordanie, une zone administrative gouvernée par les capitaux étrangers». Muni d’une série de documents et d’une immense carte foncière, il a donné une série d’exemples concernant «l’abus de pouvoir et le gaspillage» dont il accuse l’Exécutif. A son habitude, M. Wakim s’en est pris particulièrement au chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, estimant que le Liban «paie aujourd’hui le prix fort pour maintenir la stabilité du prix de change de la livre et le président Hariri (au pouvoir). Combien devra-t-il encore payer l’an prochain?». A entendre les députés critiquer le projet de budget, on s’imagine mal qu’ils puissent voter le texte au terme des réunions qui risquent de se prolonger jusqu’à la semaine prochaine (une trentaine de députés doivent encore prendre la parole). Mais personne ne se fait d’illusions sur l’issue du débat. Neuf députés ont pris la parole durant la séance nocturne. Comme la veille, à l’ouverture de la séance, une minute de silence est observée à la mémoire de l’ancien député Abdel Karim Zein. Premier à prendre la parole, M. Jihad el-Samad juge plus opportun d’entamer son discours par une mise en garde contre les visées israéliennes. Pour ce qui est du projet de budget, il se contente de souligner que les chiffres qu’il contient ne concernent que les dépenses courantes et les salaires des fonctionnaires. Sur ces entrefaites, le député Najah Wakim fait une entrée très remarquée. Il a troqué son blouson contre un costume noir et gris et a l’air très élégant. Des «Oh» admiratifs l’accueillent et c’est avec un sourire embarrassé qu’il se dirige vers le siège qu’il occupe d’habitude. L’intervention du député de Denniyé est essentiellement axée sur l’état d’abandon dans lequel le Liban-Nord se trouve et sur les entraves mises à la clôture du dossier des déplacés. En d’autres circonstances, ses propos auraient pu capter l’attention de ses collègues. Pas hier. Les députés semblaient distraits. Aucun parmi eux ne réagit lorsqu’il appelle les habitants du Liban-Nord à ne plus payer les factures d’électricité, après avoir indiqué que les principales recettes de l’EDL proviennent de ce mohafazat «oublié de l’Etat». Il est sur le point d’achever son discours lorsque le chef du gouvernement entre dans l’hémicycle. M. Hariri arrive juste à temps pour écouter un des membres de son bloc parlementaire, M. Hassan Yatim, reprocher vivement à l’opposition de ternir l’image du Liban à l’étranger et considérer que «c’est l’absence de toute harmonie entre les ministres, les membres des blocs parlementaires et les pôles du Pouvoir qui a fait de ce gouvernement prometteur une cible aux critiques». M. Nassib Lahoud ne peut pas s’empêcher de sourire. Du budget, le député ne commente que le chapitre relatif aux fonds alloués au secteur de l’éducation. Il les juge insuffisants. Il souligne l’importance de ce secteur et ne manque pas, pour étayer ses propos, de rappeler «l’expérience du président Hariri qui a ouvert des établissements pédagogiques privés et financé l’enseignement de plusieurs milliers de jeunes». Pendant près de trois quarts d’heure, il parlera d’éducation. M. Hariri s’installe pendant quelque temps aux côtés du député Mohamed Fneich, échange quelques mots avec lui, puis sort de l’hémicycle. Le silence règne de nouveau dans la salle lorsque M. Fneich prend la parole. Et pour cause: il s’attaque directement à l’objet du débat, considérant, à l’instar des députés de l’opposition, que le projet de budget et notamment l’exposé des motifs sont semblables aux textes présentés par le gouvernement au cours des années précédentes. Il analyse les dépenses du gouvernement et estime qu’un assainissement des finances publiques sera «difficile tant que le gaspillage persiste», d’autant, ajoute-t-il, que le plan de développement et de reconstruction du Cabinet et le programme d’endettement ne sont qu’à leur début. Il souligne la nécessité d’une fusion des ministères et des administrations ayant les mêmes activités ainsi que le développement des secteurs productifs. M. Fneich s’interroge aussi sur le sort «des nombreuses études sur la réforme administrative et qui ont coûté des millions de dollars». Il demande à savoir s’il est vrai que le ministère du Pétrole a refusé de coopérer avec une société étrangère d’auditing, refusant de lui montrer ses cahiers de compte. Par sa précision et sa technicité, l’intervention de M. Fneich est captivante. Pendant qu’il parle, le ministre d’Etat aux Finances, M. Fouad Siniora, n’arrête pas de prendre des notes, un chewing-gum à la bouche. Il faut bien qu’il réponde au terme du débat. Etant donné les critiques formulées par les députés, on est bien impatient de connaître la réponse du gouvernement. «Celui-ci justifie toujours l’échec de ses prévisions concernant les taux de croissance et du déficit budgétaire en rappelant toujours les effets de la guerre sur l’économie libanaise. Gouverner c’est prévoir. Pourquoi l’Exécutif n’a-t-il pas pris en considération dès 1992 ces données qu’il évoque régulièrement dans l’élaboration de sa politique économique et financière?» s’interroge M. Fneich. Ce dernier analyse longuement le projet de budget et rejette l’idée selon laquelle la dette publique aurait de toute façon décuplé en raison du cumul des intérêts. Selon lui, en avançant ce genre d’explications, le gouvernement oublie que «depuis 1992, il n’a pas arrêté de relever les taxes et les impôts et d’améliorer la perception». Et d’ajouter: «Les taxes et les impôts indirects se sont élevés de 39,9% en 1992 à 62,1% en 1997 sans compter que les dépenses à caractère social ont chuté de 14,2% en 1992 à 10,6%». Prenant à son tour la parole, M. Kabalan Issa el-Khoury accorde du crédit au chef du gouvernement pour «les réalisations» de son Cabinet mais relève quand même que son plan de développement a pris un mauvais départ. Il critique le système fiscal et appelle le gouvernement et le Parlement à coopérer ensemble pour établir un plan de redressement, avant de souligner que la priorité doit être toutefois accordée à la réalisation de l’entente nationale et au retour des déplacés. M. Issa el-Khoury n’oublie pas de souligner la nécessité d’une mise en application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité et de se prononcer pour une consolidation des libertés, de la liberté d’information et d’expression notamment. Des «Ah» fusent lorsque le chef du Législatif annonce que c’est au tour de M. Najah Wakim de commenter le projet de budget. Celui-ci s’avance vers la tribune, un grand carton encoulé sous les bras. M. Berry ne manque pas de plaisanter: «Alors, on s’est converti au génie»? Il semblait savoir ce que ce mystérieux carton représentait. Le lumbago de Hariri Le député frondeur commence par critiquer l’absence du chef du gouvernement, qui conformément à une vieille habitude, est parti quelque temps avant que M. Wakim ne prenne la parole. Berry: «Il souffre d’un lumbago». Wakim proteste: «Mais ce n’est pas la première fois...». Berry: «Je t’ai dit qu’il a mal au dos». Devant une salle pratiquement comble et attentive, le député frondeur indique que «c’est parce que le Liban est sur le point de faire faillite et se trouve au bord du gouffre, qu’il est nécessaire que le débat ne se limite pas à une analyse des chiffres du budget mais englobe leur signification politique». Le ton est ainsi donné. Il explique qu’il compte apporter des réponses à trois questions: «Avons-nous fait faillite? Est-ce que la situation dans laquelle nous nous trouvons est la conséquence d’une erreur ou d’une anomalie dans la politique financière et économique suivie? Est-ce que quelques arrangements financiers, fiscaux et administratifs peuvent encore nous sauver ou faudra-t-il changer les auteurs du projet politique?». C’est que M. Wakim est convaincu que le chef du gouvernement est l’auteur d’un projet politique qui consiste à «ruiner le Liban dans le but d’en faire une nouvelle Cisjordanie, une zone administrative gouvernée par des capitaux étrangers». Telle est la conclusion à laquelle il est arrivé au terme d’un exposé d’une heure. Rappelant que les députés n’ont pas arrêté depuis 1992 de mettre en garde contre une catastrophe financière, de réclamer à l’unanimité un arrêt du gaspillage, une réduction du déficit budgétaire et une révision de la politique d’emprunt, il constate avec étonnement que l’Exécutif s’engage aujourd’hui dans son exposé des motifs du projet de budget, à atteindre ces objectifs. «Ce gouvernement travaille contre l’entente et contrairement à toute science économique». Le député reprend ce que ses collègues avaient indiqué la veille au sujet des chiffres réels du déficit budgétaire qui aurait dépassé les 59% reconnus par l’Etat. Il ajoute: «En 1996 le déficit budgétaire était de 62,5% et ils prétendent qu’il était de 59% l’an dernier. Mais je ne vais pas discuter. A la fin de cette année, la dette publique sera de 20 milliards 260 millions de dollars et de 33 milliads 400 millions de dollars à la fin de 1999, sans oublier que le chef du gouvernement est là jusqu’en l’an 2000». Il poursuit en estimant que «la croissance de la dette publique est de 45% chaque année, face à un PNB de 4%, selon leurs chiffres». Selon le député, le taux de croissance réel était l’année dernière de 1% seulement: «Voyez la différence. Voyez la catastrophe. Dans le meilleur des cas, le taux de croissance ne pourra pas atteindre le seuil des 10%». M. Wakim dément les explications selon lesquelles le service de la dette publique pour 1998 représente 90,94% des recettes du Trésor, indiquant que la proportion réelle est 150% et sera de 300% à la fin de l’année prochaine. «Il faut vraiment être plus que naïf pour croire à l’exposé des motifs du budget», ajoute-t-il en faisant remarquer que la série d’échéances électorales prévues pour cette année commandera des dépenses, «à moins qu’on ne veuille annuler les municipales», lance-t-il sur un ton malicieux. Il enchaîne tout de suite: «Jusqu’à quand le peuple pourra-t-il supporter de payer le prix fort pour maintenir la stabilité de la monnaie nationale. Combien devrons-nous payer l’an prochain? Combien devrons-nous payer pour maintenir le chef du gouvernement au Pouvoir? Je ne dirai pas plus». Selon lui, le gouvernement n’a pas l’intention de freiner le gaspillage. Il donne une série d’exemples dont celui des trois hôpitaux publics de Nabatiyé, Saïda et de Zahlé. La construction du premier a coûté 7 millions 900 mille dollars alors que celles des deux autres «avaient été adjugées à 10 millions de dollars respectivement à MM. Chafic Hariri et Jean Hadathi, sachant que les trois hôpitaux sont identiques». Il poursuit en indiquant que le gouvernement avait accordé à la municipalité de Beyrouth 400 millions de livres (260 mille dollars) pour l’entretien de la forêt des pins de Beyrouth, projet dont le coût avait été estimé par les Français à 70 mille dollars. M. Berry ouvre grand les yeux. M. Wakim n’est pas à court d’exemples. Il note en passant, le sourire aux lèvres, qu’on a tenté de rouvrir le dossier de la tentative d’attentat dont il avait été victime et au cours de laquelle il avait abattu son agresseur. Puis, il insiste sur le coût «démesuré» des travaux d’aménagement d’un système d’éclairage des routes, rappelant que la Cour des comptes s’était opposée à ce projet. Il se lance dans une longue explication sur le prix auquel le matériel avait été acheté et son coût réel. M. Berry ne peut pas s’empêcher de dire: «C’est Einstein qu’il nous faut pour comprendre». Siniora s’adresse, ironique, à Wakim: «Pourquoi ne vous assurez-vous pas d’abord de ce que vous avancez?». Wakim: «Je dois encore m’assurer de beaucoup de choses». Il s’en prend ensuite au chef du gouvernement l’accusant d’avoir fait en sorte que la nouvelle autoroute du littoral sud ne traverse pas ses terrains à Rmeilé, pour profiter en même temps de la plus-value du terrain. Il s’assure auprès de M. Moustapha Saad de la superficie du terrain et le chef du Législatif lance en riant à l’adresse du député de Saïda: «C’est donc toi qui lui fournit toutes ces informations». M. Wakim déroule le carton qui s’avère être une carte foncière. Berry s’adresse à l’un des gardes en soupirant: «Aide-le, que Dieu nous aide». Pendant que le député poursuit ses explications en s’appuyant sur la carte, le vice-président de la Chambre, M. Elie Ferzli, demande au chef du Législatif s’il veut bien qu’il le remplace à la tribune pour qu’il puisse voir la carte. Berry: «Non. Ça va. Je la connais par cœur». Il part d’un grand éclat de rire, le visage subitement écarlate. M. Wakim poursuit: «Comment peuvent-ils prétendre vouloir rectifier le tir. Si nous étions dans un pays démocratique, le texte que nous commentons ne serait pas un exposé des motifs du budget mais une déclaration de démission». Un député lance: «C’est peut-être le premier pas» vers la démission. Et M. Berry de répliquer: «N’espérez pas trop». Il juge anticonstitutionnelle la tendance du gouvernement à adjuger à des firmes étrangères, des projets de développement suivant le système BOT (Build, Operate and Transfer) et estime que le seul objectif du plan de redressement est de faire passer les nouvelles taxes et le projet d’emprunt de 2 milliards de dollars. «C’est parce qu’à chaque fois qu’on veut nous faire avaler la pilule, ils l’enjolivent et cette fois, ils l’ont embellie en lui donnant le nom de zéro coupons». M. Nassib Lahoud tente sans succès de ne pas rire. Le président Sélim Hoss en fait autant. Il s’oppose vigoureusement à cet emprunt, estimant qu’une conversion de la dette interne en dette externe laissera le Liban à la merci des capitaux étrangers. «Ils veulent notre faillite», dit-il en faisant allusion au gouvernement qu’il accuse donc de vouloir faire du Liban une nouvelle Cisjordanie. Il ironise sur le thème du paradis fiscal, jugeant que les investissements étrangers au Liban ne représentent que 1% de l’ensemble des investissements étrangers dans le monde arabe. Comme Mme Moawad, il souligne la nécessité d’un changement de gouvernement. Un budget ennuyeux... Intervenant à son tour, M. Anouar el-Khalil, après avoir brossé le tableau de la situation économique des cinq dernières années, estime que l’image qui se présente «inquiète les investisseurs locaux et étrangers». Le député de la Békaa-Ouest souligne que la dette publique a grimpé de 16.266 milliards de livres en 1996 à 23.034 milliards l’année suivante, ce qui constitue «96% du produit national nominal». «Le plus grave est le service de la dette qui a atteint, fin 1996, 3.185 milliards de livres, alors que trois ans plus tôt il était de 780 milliards de livres», ajoute l’ancien ministre. Rappelant que la croissance est tombée de 7% en 1993 à 3% l’année dernière, M. el-Khalil souligne la précarité de l’économie nationale qui n’arrive pas à décoller. Parmi les obstacles qui se dressent devant l’afflux des investissements, le député évoque les intérêts élevés sur les bons du Trésor et sur la livre libanaise. «Le Liban occupe la 97e place dans la liste concernant le développement économique, loin derrière Chypre, à la 23e place et la Jordanie à la 70e», dit-il. Abordant le plan de redressement économique élaboré par les présidents Elias Hraoui, Nabih Berry et Rafic Hariri, M. el-Khalil estime que ce programme «constitue un tournant dans la politique au Liban». Il indique cependant que le projet de budget de 1998, qu’il qualifie de «traditionnel», n’est pas à la hauteur des aspirations du pays. «Ce projet de loi de finances ne s’inscrit pas dans le cadre d’un plan complet visant à réaliser un degré élevé de développement», ajoute-t-il. Il dénonce par ailleurs l’absence d’un programme de développement global de la région occupée par Israël au Liban-Sud et la perception chaotique des impôts qui fait perdre aux caisses de l’Etat des sommes importantes. C’est sur un ton sévère et amer que M. Ismaïl Sukkariyé, député de Baalbeck-Hermel, entame son intervention. «Il n’y a pas d’austérité et pas assez de transparence dans le projet de budget», dit-il d’emblée. Mais dans l’hémicycle, personne ne l’écoute. Par petits groupes, députés et ministres échangent à voix basse des propos et des plaisanteries. «Donnez-moi quelques minutes. Vous vous ennuyez, mais tout le projet de budget est ennuyeux», dit-il à l’adresse des rares ministres encore présents. M. Sukkariyé estime que «les quelques centaines de millions de dollars économisés par la commission parlementaire des finances ne sont pas suffisants et ne permettent pas de ramener la confiance dans l’économie du pays». Selon lui, la plupart des clauses du plan de redressement des trois présidents ne seront pas mis en œuvre, notamment ceux qui concernent la réforme administrative «parce que la modernisation du secteur public fait toujours partie des tabous». M. Sukkariyé estime que les échéances électorales de cette année, notamment le scrutin municipal et la présidentielle, ainsi que les répercussions du processus de paix régional, rendent difficiles la mise en œuvre du projet de budget. «La justice sociale est la meilleure garantie pour le projet de reconstruction du président Hariri, dit-il. Mais ce projet ne peut pas être réalisé en l’absence d’un développement équilibré entre les différentes régions». M. Sukkariyé réclame enfin l’intégration des agriculteurs à la sécurité sociale. Pour M. Mohammed Raad, l’introduction du budget «est une fuite en avant, un refus de reconnaître que le gouvernement a échoué dans sa gestion de l’économie et des finances». S’étendant longuement sur les projets en cours, le député du Hezbollah dénonce «le caractère gigantesque des chantiers en l’absence de toute planification». Selon lui, les calculs du gouvernement, qui misaient sur l’afflux des aides et des investissements, se sont avérés faux, ce qui l’a poussé à augmenter considérablement les impôts et s’endetter davantage. «Cinq ans après le lancement de la reconstruction, les réalisations accomplies demeurent très partielles, dit-il. Les projets et les services sont concentrés sur Beyrouth et une partie de la montagne, la main-d’œuvre employée est non libanaise et ce sont des sociétés étrangères qui profitent des projets». M. Raad brosse un tableau très sombre de la situation des secteurs industriel et agricole. «Le gouvernement a gardé les bras croisés devant la crise qui a frappé l’agriculture dans les régions rurales, entraînant une baisse des emplois et une quasi-disparition de la classe moyenne, alors que d’un autre côté, les factures de téléphone, d’eau et d’électricité, ainsi que les différentes taxes ont augmenté dans des proportions importantes», souligne-t-il. «Le gouvernement a reconnu l’existence d’une véritable crise, mais il ne fait rien pour y faire face et tenter au moins d’en limiter les dégâts», ajoute-t-il. Le député du Hezbollah critique vivement l’article 6 du projet de budget qui autorise le gouvernement à contracter de nouvelles dettes sans obtenir l’accord du Parlement. M. Bahaeddine Itani est le dernier à prendre la parole avant la levée de la séance. Le député de Beyrouth et membre du bloc du premier ministre prend — évidemment — la défense de la politique du gouvernement. «Dans l’examen du projet de budget, il n y a de place ni pour l’opposition, ni pour le loyalisme», dit-il. Selon M. Itani, «il y a une contradiction insoluble entre le fait de demander au gouvernement d’améliorer les recettes et celui de refuser toute augmentation des impôts et des taxes». Le député de Beyrouth se lance ensuite dans une longue explication sur les «réalisations du gouvernement», affirmant que la situation n’est pas aussi mauvaise qu’on veut le dire.
Le gouvernement était toujours malmené à la troisième séance du débat budgétaire qui s’est poursuivie hier soir, Place de l’Etoile, et son plan d’action était toujours dénigré. Mais sans les deux interventions de MM. Mohamed Fneich et Najah Wakim, le débat qui s’est prolongé jusqu’à 23h10 aurait été plutôt morne. Les deux hommes ont exprimé leur scepticisme...