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Actualités - ANALYSE

Opposition : le pouvoir contre-attaque avec vigueur

Sortis de la même école de Saïda, inséparables compagnons de route, MM. Rafic Hariri et Fouad Siniora obéissent à une même logique. Le ministre délégué aux Finances soutient toujours qu’à toute dépense doit correspondre une rentrée. Et le président du Conseil qu’à toute attaque il doit y avoir une riposte… Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même et que la meilleure des défenses c’est encore la contre-attaque, le chef du gouvernement se dépense beaucoup ces jours-ci à l’occasion des Iftars où il se lance dans de virulentes philippiques contre ses adversaires. Une pugnacité remarquable sinon redoutable et dont on se demande avec curiosité si elle va resurgir lors des débats à la Chambre sur le budget, ce qui promettrait un cirque animé car les Wakim et autres Khatib ne sont jamais en reste question vitupérations… En attendant ces réjouissances, M. Hariri ne se contente donc plus comme naguère de plaider sa cause, de réfuter les accusations dont il fait l’objet et il assène à son tour des coups variés à ses contempteurs en les accablant de reproches de toutes sortes… Ce qui lui vaut de leur part — tout fair-play mis de côté — une nouvelle bordée d’appréciations peu amènes! En effet, même un Boutros Harb, qui tient pourtant à sa réputation d’homme réfléchi, estime que les contre-feux allumés par M. Hariri ne sont pas de bonne guerre. Le député du Nord affirme en effet en substance que les envolées quotidiennes du président du Conseil «sont étonnantes», façon de dire qu’elles ne sont pas à leur place. Et d’ajouter que l’opposition «étudie actuellement la notable campagne lancée contre elle par M. Hariri, pour en cerner la portée, les objectifs et les intentions qu’elle recèle» afin d’y riposter au mieux. M. Harb qui fait partie comme on sait d’un groupe opposant baptisé «Rencontre nationale» ajoute que ce bloc «choisit pour le moment de ne pas répliquer au chef du gouvernement et de continuer à observer ses mouvements. Mais il est certain que nous ne saurions rester indéfiniment les bras croisés à nous faire matraquer…». Il précise que la «Rencontre» va consacrer l’une de ses réunions à préparer un plan de bataille, à répartir les rôles entre ses membres «afin de réduire au silence» le chef du gouvernement qui à son avis «veut porter atteinte à l’image publique de l’opposition pour lui faire assumer la responsabilité de la récession et de la situation peu enviable du pays». On voit en tout cas que l’opposition parlementaire a une conception très spéciale, très expressive, de cette retenue qu’elle affirme exercer «pour le moment»… Une hypothèse hautement improbable Une autre personnalité relève de son côté qu’à l’issue de la double affaire des médias, celle de Aoun puis celle de Wakim, «les haririens avaient laissé entendre que leur chef souhaitait une détente sur le plan interne et voici qu’au contraire il prend l’initiative de relancer lui-même les polémiques. Il est d’ailleurs le seul responsable gouvernemental qui se montre agressif ces jours-ci: les ministres qui dépendent de lui mettent pour leur part de l’eau dans leur vin et ne s’en prennent pas aux opposants. Il y a là quelque chose d’assez étrange et on se demande si ces ministres commencent à se démarquer de leur chef ou si leur attitude réservée obéit à une tactique subtile qu’il aurait lui-même mise au point… Il s’agirait dans ce dernier cas de préparer une implosion du Cabinet au bout de laquelle M. Hariri partirait en claquant la porte et en imputant à l’opposition la responsabilité de la crise dans laquelle le pays se débat». Une hypothèse qui paraît en réalité hautement improbable à la quasi-totalité des analystes locaux, étant donné que le départ du gouvernement est le genre exact de décision qu’il est interdit aux Libanais de prendre, les décideurs ordonnant le maintien du statu quo jusqu’aux présidentielles, comme le soulignait d’ailleurs M. Hariri en personne l’été dernier… Il reste cependant qu’il n’est pas invraisemblable que faute de trouver les deux milliards de dollars qu’il veut emprunter, le président du Conseil choisit d’attiser les feux d’une discorde toute politicienne, en asticotant l’opposition, pour détourner un peu l’attention de la vraie crise libanaise qui est bien plus socio-économique que politique… Ph. A-A.
Sortis de la même école de Saïda, inséparables compagnons de route, MM. Rafic Hariri et Fouad Siniora obéissent à une même logique. Le ministre délégué aux Finances soutient toujours qu’à toute dépense doit correspondre une rentrée. Et le président du Conseil qu’à toute attaque il doit y avoir une riposte… Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même et...