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Actualités - REPORTAGE

La carrière illégale dans la région poursuit ses travaux en toute impunité Greenpeace : les déchets toxiques risquent d'être déterrés par mégarde à Chnanaïr (photos)

Les déchets toxiques italiens refont surface..., Greenpeace dénonçant le danger dans le site de Chnanaïr, un village du Kesrouan, où les déchets risquent d’être déterrés à cause des travaux qui ont cours dans une carrière illégale. Rappelons que quatre autres sites sont contaminés à Zelahmaya, Halate, Ouyoun el-Siman et Tripoli. M. Fouad Hamdane, porte-parole de Greenpeace au Liban, a prévenu les propriétaires du site de Chnanaïr du péril que représentent ces ordures pour les ouvriers, qui travaillent sur place. Il a appelé de nouveau le ministère de l’Environnement à retirer ces déchets de sous terre, et à les stocker de façon hermétique dans un hangar. Comme le ministère n’a pas encore tenu ses promesses à ce sujet, M. Hamdane pense que cette négligence a des raisons politiques. «Une carrière! quelle carrière?», nous dit un ouvrier au site de Chnanaïr, le regard étonné. Pourtant l’énorme trou béant dans la montagne et le va-et-vient des camions transportant des blocs entiers de rochers ne laissent pas de doutes sur la nature du site où ils se trouvent. «Qu’est-ce donc, sinon une carrière?», rétorquent les journalistes. «Il s’agit juste d’un lieu d’où l’on extrait des blocs de pierre pour construire l’autoroute de Nahr el-Kalb», leur répond-il, «mais une carrière, non!» Clair, n’est-ce-pas? Et pourtant, cette attitude a longtemps été celle des propriétaires des lieux qui ont fermement nié pendant plus d’un an que leur projet était celui d’une carrière illégale, qui a grandement contribué à nuire au village de Chnanaïr. Depuis quelques années déjà, ce village connaît deux problèmes majeurs: en 1987, des déchets toxiques importés d’Italie ont été enterrés dans une ancienne carrière dont les travaux avaient été interrompus. De plus, cette carrière a repris son activité-illégalement- depuis plus d’un an. Aujourd’hui, les travaux étant très avancés, les ouvriers s’approchent dangereusement de l’endroit où les déchets ont été brûlés et enterrés il y a dix ans. Greenpeace, qui milite depuis 1994 pour une solution définitive du problème des déchets toxiques enfouis dans le sol, met en garde, dans un communiqué contre un «danger imminent». M. Hamdane déclare avoir contacté deux des propriétaires de la carrière, MM Haykal el-Khazen et Zakhia Nasr. «Ils ont promis de prévenir leurs ouvriers du danger et de leur demander de s’éloigner des endroits contaminés», a-t-il précisé. Mais des ouvriers de la carrière interrogés sur le terrain ont répondu par la négative quand nous les avons interrogés sur leur connaissance du sujet. De deux choses l’une: soit ils n’ont tout simplement pas été prévenus par leurs employeurs, soit ils dissimulent des informations pour une raison ou pour une autre. Dans les deux cas la situation est grave puisqu’ils semblent aussi peu conscients que les propriétaires de la carrière du danger qui les menace. Responsabilité du ministère «Le ministre de l’Environnement, M. Akram Chehayeb, promet à l’opinion publique et à Greenpeace de décontaminer les sites où sont enterrés des déchets toxiques depuis novembre 1996», rappelle M. Hamdane. «Mais l’affaire traîne et aucune solution n’est en vue», ajoute-t-il. M. Hamdane déclare «incompréhensible» cet attentisme, surtout que M. Chehayeb s’est toujours montré coopératif en matière de traitement de déchets, et qu’il connaît la gravité de la situation. «Il n’y a qu’une seule explication à ce retard volontaire: des raisons politiques poussent l’Etat à ménager l’Italie et à ne pas rouvrir ce dossier», explique-t-il. Et d’ajouter: «Nous ne demandons pas au ministre de se créer des problèmes en imposant le retour de ces déchets à leur pays d’origine, si cela n’est pas possible pour l’instant. Mais il faut tout au moins déterrer ces déchets de façon scientifique et les enfouir dans des tonneaux étanches qui seraient placés au-dessus du sol. Ce n’est peut-être pas une entreprise facile mais nous avons proposé notre aide gratuite. Nous le répétons: si ces mesures ne sont pas prises bientôt, les déchets risquent de contaminer les eaux souterraines ou d’être transportés ailleurs par mégarde contaminant ainsi d’autres endroits». Greenpeace a-t-elle essayé de contacter l’ambassade d’Italie? «Ni l’ambassade italienne à Beyrouth ni des responsables en Italie n’ont accepté de répondre aux questions de Greenpeace». Qu’en est-il des quatre autres sites contaminés au Liban? «Nous ne connaissons malheureusement pas l’emplacement exact des déchets dans ces sites» poursuit M. Hamdane. «Nous avons seulement découvert quelques barils à Tripoli, et nous sommes sûrs de l’existence des ordures dans les autres lieux grâce au rapport de la compagnie anglaise spécialisée, Eurotech. Quoi qu’il en soit, il faut qu’une étude soit entreprise et qu’une solution globale au problème soit trouvée». Les déchets toxiques italiens, rappelle-t-on, ont été importés au Liban en 1987. Une partie seulement a été rapatriée en Italie en 1988-89, et le reste a été jeté à la mer ou enfoui dans des endroits éloignés. Greenpeace a prélevé des échantillons du site de Chnanaïr en 1995: l’analyse a prouvé que les ordures contenaient un mélange de métaux durs, d’hydrocarbures et de pesticides périmés. Ces ordures sont semblables aux tonnes de déchets toxiques importées au Liban par la compagnie italienne «Jelly Wax» en 1987, ce qui n’a pas laissé de doute sur leur provenance. Greenpeace milite depuis quatre ans déjà pour mettre un terme à ce fléau qui pourrait être cause, notamment, de l’empoisonnement des eaux. Quant à la carrière illégale de Chnanaïr qui est le théâtre principal de cette catastrophe écologique, elle opère de nouveau depuis plus d’un an, et constitue un danger majeur pour le village situé à proximité. Outre la question des ordures, les explosions fréquentes sur le site ont endommagé plusieurs demeures et la route a été rendue quasiment impraticable par les nombreux poids-lourds qui y circulent à grande vitesse. Les habitants se sont plaints à plusieurs reprises de la situation, mais sans résultat. Le député Rachid el-Khazen (dont le frère est l’un des propriétaires de la carrière) avait pourtant déclaré à «L’Orient-Le Jour» dans un article daté du 18 septembre, que «le fonctionnement de la carrière est lié à la construction de l’autoroute de Nahr el-Kalb, et elle sera probablement fermée quand l’autoroute sera terminée». Mais selon certaines informations la construction du pont d’Antélias, pourrait prolonger l’activité de la carrière... Suzanne BAAKLINI
Les déchets toxiques italiens refont surface..., Greenpeace dénonçant le danger dans le site de Chnanaïr, un village du Kesrouan, où les déchets risquent d’être déterrés à cause des travaux qui ont cours dans une carrière illégale. Rappelons que quatre autres sites sont contaminés à Zelahmaya, Halate, Ouyoun el-Siman et Tripoli. M. Fouad Hamdane, porte-parole de...