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Actualités - ANALYSE

Municipales : l'intérieur poursuit tranquillement ses préparatifs...

D’aucuns se plaignaient voici quelque temps de l’apathie voire de l’inexistence de la vie politique au Liban. Ce n’est apparemment plus le cas: les incidences se bousculent tant, chaque jour, qu’il n’y a plus place pour les municipales alors que, normalement, on devrait être déjà en pleine campagne électorale. Pour le moment, c’est l’audiovisuel qui tient la vedette et ensuite il y aura le budget… Toujours est-il que (pour vivre heureux vivons cachés) le manque d’intérêt pour les municipales fait le bonheur du ministère de l’Intérieur qui continue ses préparatifs techniques sans être harcelé par les politiciens, les édiles virtuels et autres «makhatirs» en puissance. Ce département planche ainsi sur les listes d’électeurs pour les corriger (encore une fois…) et y rajouter les jeunes qui ont atteint la majorité électorale fixée à 21 ans. Les fonctionnaires suent sang et eau, par ailleurs, sur la cartographie électorale qui a évidemment changé du tout au tout depuis les dernières élections qui remontent à 1963. Si pour les localités c’est assez facile, par contre c’est un véritable casse-tête pour les quartiers (car c’est à ce niveau qu’on élit les «makhatirs») surtout dans les banlieues des villes principales qui sont devenues elles-mêmes de grandes cités, pour ne pas dire des mégapoles. En revanche, les services qualifiés soufflent un peu du côté de la carte électorale individuelle: du moment que la loi réautorise le vote au moyen de la carte d’identité ou d’un extrait d’état civil, il n’y a plus lieu de se presser pour distribuer à tout le monde ce nouvel instrument… Pour ce qui est du financement, l’Intérieur va demander une rallonge de sept milliards de L.L. qui viendra s’ajouter aux trois milliards reportés du budget de l’an dernier. Côté délai, le rendez-vous est toujours prévu pour mai prochain. En principe, le scrutin devrait s’étaler sur quatre dimanches; mais le ministre Murr accepte d’en discuter avec diverses parties concernées, pour abréger les étapes si possible, afin de ne pas empiéter sur la saison touristique d’été, donc de ne pas trop déborder sur le mois de juin. Les hôteliers et autres intéressés font valoir qu’on peut ramener le nombre des étapes à trois, en faisant voter le Sud (dont la partie occupée n’est pas concernée par l’élection) en même temps que Beyrouth. Ils ajoutent qu’au cas où on devrait s’en tenir à quatre étapes, il faudrait commencer par le Mont-Liban, qui est la région où se concentrent le plus d’hôtels et laisser le Sud, où il y en a le moins, pour la fin. Pour le moment, et toujours en principe, la tendance est qu’il y aurait effectivement trois tours seulement, les 24 et 31 mai puis le 7 juin. Sur le plan global, on attache une valeur de test démocratique, tant dans les chancelleries que dans les cercles politiques locaux, à ces municipales. Il faut en effet voir d’abord si la présente République est en mesure d’organiser des élections vraiment libres et propres, ce qu’elle n’a pas su faire jusqu’à présent… Quant aux résultats politiques potentiels, le côté «match opposition v/s pouvoir» paraît assez secondaire, encore que dans certaines localités le climat en reste empreint. Les municipales sont en effet, essentiellement, un affrontement à huis clos entre clans ou familles dominant une agglomération, donc entre intérêts très localisés. On risque ainsi de voir les «zaïms» qui ont leur mot à dire au niveau de toute une région encourager dans un village une liste de sensibilité opposante et dans le village voisin une liste de tendance loyaliste. Cependant, ce scrutin, plus administratif que politique pour le fond, n’en demeure pas moins à l’échelon national une occasion de mettre en valeur la coexistence intercommunautaire par un choix global équilibré des édiles. Un facteur assez important pour que le chef de l’Etat ait songé à préserver des quotas par le biais de désignations… Comme on sait, on y a finalement renoncé, par respect pour la démocratie et parce que finalement, comme le souligne le patriarche Sfeir, les Libanais savent très bien que cette coexistence est vitale, tout en préférant garder pour eux la liberté — et le droit — de choisir. On peut toutefois regretter avec le prélat que les circonscriptions ne soient pas morcelées le plus possible, pour permettre une représentation plus pointue des collectivités. Tout comme on peut regretter (notamment pour les déplacés de la montagne) que, faute de temps, la carte électorale magnétique, qui permettrait de voter là où on se trouve, ne soit pas toujours pas disponible… E.K.
D’aucuns se plaignaient voici quelque temps de l’apathie voire de l’inexistence de la vie politique au Liban. Ce n’est apparemment plus le cas: les incidences se bousculent tant, chaque jour, qu’il n’y a plus place pour les municipales alors que, normalement, on devrait être déjà en pleine campagne électorale. Pour le moment, c’est l’audiovisuel qui tient la vedette...